Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain. |
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| Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes [ft Rita Upset] [Partie 2] | |
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Narcisse Williams
Dragon on the wire Messages : 207 Date d'inscription : 03/08/2013
| Sujet: Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes [ft Rita Upset] [Partie 2] Lun 8 Juin - 23:09 | |
| « On ne nage pas dans cette mer, on y vole. »
Narcisse n'avait eu le temps de rien dire, pas même de demander si Rita serait le parachute de ses ailes fatiguées, que celle-ci entraînait déjà leurs corps liés dans l'étendue nocturne de la ville Lumières. Les halos tamisés des lampadaires avaient guidé leur course folle, veillant sur leurs silhouettes trop dénudées pour cette fin de Printemps et les irradiant d'une douce lueur. Rapidement, les petites jambes de la cantatrice avaient cessé de se presser devant son pas. Et ils en étaient là.
C'était une place modeste où la rare végétation dessinait d'inquiétantes ombres qui contrastaient avec la pâleur brillante que projetait la Lune sur les immeubles haussmanniens. L'endroit était beau, animé par une poésie viscérale et naturelle qui résonnait dans ses entrailles comme l'une des mélodies de Rita. Alors, lorsqu'elle le lui demanda, il laissa l'agitation dans ses membres se muer en doux mouvements et s'accorda lentement à la musique qu'il s'imaginait. Il fit glisser le gilet de ses épaules, offrant son torse nu aux rayons argentés du diamant qui brillait sur eux, haut dans le ciel. Ses bras se mirent à onduler lentement, propageant rapidement ce sursaut de vie au reste de son corps transi de fatigue. Il devint bientôt clair que Narcisse n'avait pas besoin d'ailes pour voler. Il bondissait, virevoltait, vrillait, insensible à toute gravité, emporté par le vent contre sa peau comme par un torrent furieux. Son être semblait se dissoudre dans l'air et ne faire qu'un avec la brise. Ses longs cheveux flottaient, accompagnaient chaque mouvement à la manière d'une vague. Il se laissa emporter par cette essence merveilleuse qui palpitait dans ses veines, toujours, encore, systématiquement, quand il pratiquait sa passion. L'acrobatie était son souffle, sa seule constance, une seconde respiration qui gonflait son cœur et son corps. Il rentrait dans un état second, une sorte de transe, une bulle mystique, seul au seuil du Nirvana pendant quelques instants. Une flamme qu'il croyait éteinte se rallumait au creux de ses entrailles, alors, et il se sentait mieux. Il se sentait vivre.
Quand il croisa de nouveau le regard de Rita, le sien pétillait. L'agitation tranquille l'avait tiré de sa fatigue catatonique. Il était bien, il était heureux là, perdu dans ce Paris de fin du siècle en compagnie d'une créature vaporeuse et de leur solitude commune. Il sourit à la cantatrice pour la remercier, et il la suivit. Il lui avait demandé de le guider, après tout, et il était confiant. Elle formait sans aucun doute une bien meilleure aventurière qu'il ne le serait jamais. Ils parvinrent à une haute grille de fer forgé, et elle voulut l'escalader. Il était pourtant certain que c'était résolument illégal.
« Je crois que ce n'est pas une bonne idée... », tenta-t-il.
Quelques minutes plus tard, ils étaient assis dos à dos au creux du parc. Elle l'avait convaincu, lui, l'être de raison et de soit-disant sagesse. Personnellement, l'acrobate ne se pensait pas très sage. Il la trouvait bien plus mature, plus éduquée que lui. Peut-être était-ce pour cela qu'il se laissait mener Dieu-savait-où par la banshee aux cheveux de neige et aux yeux de sang. Dire qu'il n'avait pas eu peur en la découvrant ainsi eut été mentir, mais pour la première fois il avait la sensation d'avoir aperçu la véritable Rita. Son apparence revenue à la normale, le jeune dragon en vint à regretter celle, plus transparente, qu'imposait la Nature à sa compagne. Il se sentait privilégié et cela faisait du bien, sans doute, à son orgueil trop longtemps oublié. Il s'appuya un peu plus sur la colonne vertébrale de la chanteuse, se mettant à l'aise tout contre elle. Ils étaient ensemble dans la pénombre, si proches que leurs chevelures s'entremêlaient pour former un clair obscur envoûtant. Puis elle délia sa langue de la plus merveilleuse des façons. Son chant berça l'âme et le cœur du dragon, qui ferma doucement ses paupières pour mieux profiter du voyage que lui offrait son interlocutrice. C'était la berceuse de l'atelier, la même, l'intégrale, qui l'emportait avec elle vers des horizons oniriques nouveaux. La voix de Rita avait quelque chose d'un autre monde, une passerelle vers l'Imaginaire qu'il enviait et appréciait. Les yeux clos, il se pensait ailleurs, hors du temps, loin de tout, et la sensation était... incroyable. Un léger sourire se dessina sur le visage finement taillé de l'acrobate alors qu'il savourait la performance. Chacun de ses muscles se détendit lentement, laissant place à un flou agréable dans tout son corps et, plus encore, dans son esprit. La fatigue l'enserra de nouveau de ses bras décharnés et l'attira doucement à elle. Étonnement, il ne l'empêcha pas de le faire.
Il ne rouvrit d'ailleurs ses paupières que lorsque le chant fut terminé, un sourire révélateur aux lèvres.
« Bravo, c'était ... magique. Vous êtes incroyablement talentueuse. »
Narcisse fut immédiatement reconnaissant à l'obscurité ambiante de dissimuler les rougeurs qui coloraient ses joues. Ainsi, de dos et entouré de la pénombre, il était certain de ne pas passer pour un ridicule bambin. Légèrement tendu désormais, il pencha sa tête en arrière dans l'espoir de se décontracter. Puis vint la question, celle qu'il se posait en silence depuis qu'ils s'avançaient au dehors de la ville.
« Où m'emmenez-vous ? » |
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| Sujet: Re: Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes [ft Rita Upset] [Partie 2] Ven 19 Juin - 0:40 | |
| « A little way from your corpse I breathlessly climbed the great mountain I climbed and I descended I would put the hair of my head under your feet And the skin of my two hands. » Ses cordes vocales s’étiraient avec rugosité, fatiguées de leur pratique incessante de toute la journée, de toute l’existence de la banshee en réalité. Rita ne se rappelait guère des moments où son esprit n’était transi de mélodies, et où ses yeux n’étaient soumis aux rudes partitions des vivants. Alors, même lorsque sa bouche se referma pour laisser sa gorge se reposer, la jeune femme se plaise à ouïr à nouveau la mélodie mauve qui découlait de l’essence de Narcisse, qui s’était abandonné à Morphée, au son de sa voix suavement épuisée. « Bravo, c'était ... magique. Vous êtes incroyablement talentueuse. »
Rita ne s’était toujours pas retournée, car elle se plaisait à imaginer le visage opalin du dragonnet marqué de cernes apaisées, encadrés de cheveux d’argents et la bouche adorablement pendante de fatigue. Il lui prit même l’envie de recommencer une nouvelle berceuse, afin d’achever la chute de Narcisse dans le sommeil profond, évitant par le fait même que ce dernier puisse voir son propre visage gêné. Les mots en eux-mêmes semblaient fades aux oreilles de la banche, qui ne les avait entendus que trop de fois, de la part de tant d’ignorants, ceux qui ne se douteraient jamais des maux qui se cachent derrière la voix de la banshee. À son égard, des inconscients eurent même l’audace d’employer des paroles bien trop puissantes, niant le pouvoir impitoyable des mots des mortels. Les anciens esprits avaient eu un peu plus de jugeote concernant celui-ci, scellant leur propre langage dans l’éther. Rita se désolait souvent de voir cet ancien art de plus en plus délaissé, laissant une des menaces les plus antiques semer à nouveau la zizanie. Pourtant, souvent s’amusait-elle à répondre à ses admirateurs de la même manière, niaisement. Cependant, les intentions de Narcisse ne semblaient être dénuées ni de sincérité, ni de discernement. Les mots choisis étaient véritables, ce qui manquait cruellement à la banshee, qui se demandait si le dragon entendrait sa voix éthérée qui le remerciait. Par moment, Rita se demandait réellement si Narcisse n’en savait pas plus qu’elle ou qu’il ne croyait lui-même, ses joues rougies par sa timidité ne cachant rien de la lueur ancestrale que la jeune femme se plaisait à écouter, et de la curiosité latente que l’acrobate dévoilait enfin. « Où m'emmenez-vous ? » Rita fut prise comme d’un doute, touchant d’une main ses mèches brunettes, pensive. Était-ce une si bonne idée de l’emmener voir l’autre côté, l’envers du miroir sur lequel elle erre depuis toutes ces années? Peut-être avait-elle tord, peut-être ne verrait-il que les ténèbres assourdissants, les âmes décharnées et sanguinolentes, celles qui ne faisaient pourtant que protéger ce peu de lumière que le monde leur avait accordés. Les lanternes des morts, comme Rita les avait promptement nommés. Et comme tous les êtres des abysses, la banshee fuyait comme la peste toutes les autres éclats que pouvaient contenir les vivants. Elle ne voyait pas et craignait les teintes des émotions, la couleur des sentiments, tout comme elle craignait de constater la peur et la méfiance dans les yeux de Narcisse, après ce qu’elle s’apprêtait à lui montrer. Elle aspira une grande bouffée d’air, laissant toute la chaleur de ce soir d’été se mourir en elle, et ressortir plus froid que les neiges éternelles. « Savez-vous ce que je suis, Narcisse? »
Rita porta les mains devant elle, recueillant la brume glacée qui s’était échappée de ses lèvres. Elle ne grelotta lorsque les quelques gouttes tombèrent sur ses doigts, mais elle trembla comme une feuille à la simple image du visage effrayé du dragon. Ses paumes se replièrent, enfermant précieusement la bruine. « Je vous ai vu avancer dans les eaux des vivants, oh, avec une telle grâce… L’apparence que j’ai maintenant est celle que je garde pour avancer dans les mêmes eaux que vous, et, tout à l’heure, vous avez pu voir comment je plonge dans les eaux profondes. Je m’apprête à vous y emmener, Narcisse. » Elle souhaitait que la métaphore allègerait un peu leurs esprits, lorsqu’elle se retourna vers l’acrobate, le brouillard entourant son visage transi de terreur. Elle s’efforçait à ne pas laisser les larmes couler, l’agonie silencieuse du prochain habitant des ténèbres lui montant à ses yeux rougis. « Vous faites partie des êtres qui peuvent voir au travers du Miroir. Je m’engage à vous guider, si vous êtes capable de prendre conscience des visions que vous allez devoir affronter. Je m’engage à vous apprendre ce que personne d’autre ne pourra, seulement si vous avez le courage de me suivre. »Son bras tendu vers Narcisse semblait même hésiter de ces paroles. Bien sûr se sentait-elle énormément orgueilleuse de se prétendre seule conductrice, et elle même ne savait pas exactement ce qu’il y avait à apprendre sur le Miroir. Ce n’était que de belles paroles d’une pleurnicharde, terrorisée par la solitude dont elle s’était pris d’amitié depuis tant de siècles. Ce n’était que des promesses faites en l’air, piégés dans la brume qui constituait son être. Pourtant, c’était des serments qu’elle voulait croire vrais. « Je vais vous reposer la question, Narcisse : savez-vous ce que je suis? »- Spoiler:
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| | | Narcisse Williams
Dragon on the wire Messages : 207 Date d'inscription : 03/08/2013
| Sujet: Re: Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes [ft Rita Upset] [Partie 2] Lun 22 Juin - 22:42 | |
| L'un des nombreux dilemmes de Narcisse résidait en un point : s'il laissait parfois sa curiosité transparaître à la surface de son être terne, il ne pouvait s'empêcher d'appréhender chaque maudite réponse. Ainsi il se trouvait, perdu entre deux sentiments si parfaitement contradictoires qu'ils lui déchiraient le cœur et l'esprit. Ce fut donc avec la gorge serrée - et pour rien, se répétait-il, pour rien d'utile, puisqu'il était en sécurité auprès de cette femme qui lui serait amie un jour - qu'il attendit d'entendre la douce voix de Rita lui murmurer l'explication tant attendue. C'était idiot en soi, sans doute, et il le comprenait, mais la présence de cet être de la brume l'intimidait plus que tout tant elle semblait au dessus de lui, au dessus peut-être de la Vie elle-même. Et lorsqu'elle parlait, lorsqu'elle daignait adresser quelques mots au misérable qu'il était, il se sentait parfois plus perdu encore, contraint alors de répondre avec l'honnêteté de sentiments qu'il ne maîtrisait pas.
« Savez-vous ce que je suis, Narcisse? »
Il ne s'était pas attendu à cela, ce qui le terrifiait en soi. Ses yeux prirent une teinte confuse et il se redressa comme pour mieux réfléchir. Il y avait beaucoup de réponses à cette question. La plus évidente était que non, il ne savait pas, ou du moins pas vraiment, si peu. Pourtant, au travers de ce manque de sagesse, il voyait Rita et, bien que cela sonnât prétentieux de sa part, il avait parfois l'impression volatile d'en frôler la compréhension. Et puis il connaissait le nom de son espèce, une banshee, un nom qui sonnait étranger sur ses lèvres lorsqu'il qualifiait sa collègue. Il n'était pas pleinement conscient de ce que cette désignation signifiait, outre plus de brume encore pour embaumer une créature qui semblait en être constituée. Tout contre lui, il sentit la jeune femme trembler, un mouvement familier à son corps meurtri de cauchemars qui résonnait dans ses entrailles comme un signe inquiétant. Il se retourna un peu, pour la jauger un peu et pour savoir, sans doute, quels sentiments étaient donc assez forts pour tourmenter un être que la mort ne pouvait que frôler. Alors, elle parla.
« Je vous ai vu avancer dans les eaux des vivants, oh, avec une telle grâce… L’apparence que j’ai maintenant est celle que je garde pour avancer dans les mêmes eaux que vous, et, tout à l’heure, vous avez pu voir comment je plonge dans les eaux profondes. Je m’apprête à vous y emmener, Narcisse. »
Il y eut un instant d'incompréhension, puis il attrapa la métaphore, la douce métaphore aquatique qu'ils entretenaient depuis longtemps maintenant et qui réchauffait un peu son corps engourdi de fatigue. S'empourprant de nouveau à l'entente du compliment qu'on lui adressait, il baissa la tête sans pour autant lâcher de son regard timide le dos de Rita. Puis elle se retourna, laissa leurs yeux se rencontrer. En se montrant, elle se livrait un peu, et il ne savait trop que faire d'une personne si terrifiée qu'elle semblait prête à se briser. C'était un peu trop proche de son propre cas sans doute: la cantatrice était devenu son miroir, son propre miroir, ni celui de la Vie ni celui de la Mort, mais le sien, et paradoxalement il en avait plus peur que de tout le reste.
« Vous faites partie des êtres qui peuvent voir au travers du Miroir. Je m’engage à vous guider, si vous êtes capable de prendre conscience des visions que vous allez devoir affronter. Je m’engage à vous apprendre ce que personne d’autre ne pourra, seulement si vous avez le courage de me suivre. »
En faisait-il partie, vraiment ? Pouvait-il - oserait-il ? - regarder par delà les limites du vivant, jusque dans les limbes mortelles où gisaient la plupart de ceux qui l'avaient vu grandir ? Une part de lui y répugnait, et l'autre, la plus grande, la croissante, le suppliait de le faire. Il y avait cette curiosité inavouée qui l'habitait, et ce désir d'inconnu et de découverte, toutes ces choses qui le poussèrent à tendre la main vers le bras de Rita pour l'effleurer du bout des doigts. Jamais Narcisse ne se fût permis plus que cela de son propre fait, mais ce geste était déjà tant pour lui, un "oui", qui n'était pas encore audible, un sourire qui ne se voyait pas. Désireux de rassurer la cantatrice, il s'autorisa quelques secondes de ce frôlement délicat avant de se retirer.
« Je vais vous reposer la question, Narcisse : savez-vous ce que je suis? »
Alors la réponse vint toute seule, comme une évidence. Il laissa son regard améthyste dériver au loin et parla, simplement:
« Vous êtes Rita Upset, et vous êtes chanteuse au Lost Paradise, u-une collègue. Vous êtes une femme sage qui a vécu et qui souffre parfois, et vous êtes souvent distante, sans jamais disparaître. Vous...»
Il hésita un peu, avant de relever timidement la tête, la gorge serrée par l'appréhension mais les mots au bord des lèvres:
« Vous êtes... Vous êtes la personne en qui j'ai choisi de faire confiance ce soir... »
Et il espérait que ceci était une réponse en soi, car il ne se sentait pas capable d'expliquer quelque chose qu'il n'était lui-même pas certain de comprendre. |
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| Sujet: Re: Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes [ft Rita Upset] [Partie 2] Jeu 25 Juin - 12:38 | |
| Rita doutait parfois d’avoir un coeur. Elle avait beau observer à longueur d’année toutes les flammes de vie des autres, jamais la moindre couleur n’émanait de sa poitrine ou de celle des autres banshees. Une fois avait-elle cru que son essence était juste transparente, qu’elle n’apparaitrait qu’à de rares occasions, comme il avait été le cas avec l’enfant de la Lune, lui écartant douloureusement les côtes et dévoilant tout ce qu’elle avait dissimulé d’elle au monde entier. Pourtant, par moment, Rita se demandait si ce n’avait pas été une naissance morte dans l’oeuf. Comme si son corps avait naturellement enfanté un coeur prêt à aimer les autres, puis que son esprit avait avorté, par peur. Et ceci allait par cycles, recommandant à chaque rencontre et à chaque départ. Rita pensait ne produire que des coeurs trop fragiles pour seulement se briser. Elle observait encore Narcisse, au coeur si timide et hélas puissant, qui subirait encore beaucoup de cassures à l’avenir. Est ainsi le lot de toutes les jeunes âmes qui, même si elles avaient été déjà battues à même le sol, continueraient à se relever pour encore plus se meurtrir. Beaucoup ne feront même plus l’effort de réparer leurs coeurs, telles les nouvelles banshees qui naissent dans les montagnes où plus aucun mystère ne réside. Peu continueront à se rafistoler ou, comme Rita le pensait, à en créer d’infructueux nouveaux.
La jeune femme sentit les rayons de Lune lui toucher l’épaule, alors que son bras tendu tremblait d’anticipation à la douleur de cette mort à venir. Elle voyait Narcisse hésiter, le frôler, lui caresser les ongles du bout de ses griffes, puis les retirer plein de respect, qu’elle ne pensait pas mériter. Par conséquent fit-elle de même, rangeant sa main de glace le long de son corps, envahie par la chaleur lunaire. Elle vira son regard vers le sol, sa pupille presque invisible observant la ligne floue entre l’ombre et la lueur, qui séparait insidieusement les deux êtres. Cette ligne n’avait aucune raison d’être, car ce soir, Rita était devenue en partie lumière et elle invitait Narcisse à devenir en partie ténèbres. Quelque part, cette pensée était rassurante.
« Vous êtes Rita Upset, et vous êtes chanteuse au Lost Paradise, u-une collègue. Vous êtes une femme sage qui a vécu et qui souffre parfois, et vous êtes souvent distante, sans jamais disparaître. Vous...»
Rita baissa la tête, suivant son regard émeraude. Ses doigts se joignirent à ses paumes, marquant de par ses poings la honte. Son identité n’était qu’une mascarade: Rita n’était qu’un prénom donné par quelques folles, Upset n’était d’une invention stupide d’une nuit blanche, chanter n’était qu’un palliatif aux hurlements et être une collègue ne procurait aucune assurance pour son coeur naissant. Narcisse ne pouvait donner plus de sens à ces mots, car ils étaient déjà vides en soit, et ce fut presque douloureux pour Rita de les laisser résonner en elle. Elle n’était même pas femme et doutait même d’être sage. Mais oui, elle avait vécu, elle avait souffert du moins, alors elle savait. Son visage se refermait autant que ses mains, ne voulant même pas imaginer le regard plein de tendresse que devait certainement lui envoyer le dragon. Non Narcisse, ne me prend pas en pitié.
« Vous êtes... Vous êtes la personne en qui j'ai choisi de faire confiance ce soir... »
Comment peux-tu faire confiance à un être qui n’a pas de coeur? Rita soupira, relâchant ses mains et son visage de leur geôle de culpabilité, rejoignant enfin de ses yeux verts la face détendue de son camarade de ce soir. Il avait l’air fatigué, encore plus que sous la mansarde, fixant l’horizon de ses magnifiques iris violets. Pourtant, avait-il décidé de placer son être entre les mains de la banshee, la jugeant apparemment digne de ce rôle. Qui était le chevalier servant maintenant ? Les rôles et les royaumes se mélangeaient entre eux, ne laissant plus que ces cadavres de lignes floues. Rita croisa prestement les bras, remettant au passage une mèche derrière son oreille, prenant désormais une pose plus vivace. Après tout, s’il ne s’agissait que d’un soir, peut-être réussirait-elle à protéger la princesse qui l’avait choisie.
« Bien, nous sommes donc fixés. », souffla-t-elle d’un ton moqueur, tirant d’une main l’acrobate vers elle, « Dépêchons nous avant que ce soit fini alors ! »
La course reprit donc, le muret et la fatigue n’étant que de minces obstacles à la cavalière de la brume et à son prince des airs. Ils ne mirent guère longtemps à atteindre la porte, celle qui mènerait à la fameuse âme mourante, qui résidait dans cette bâtisse. Le quartier avait beau se trouver en plein centre-ville, les nombreuses constructions collées les unes contre les autres n’en restaient pas pour le moins éculées par l’humidité et le temps. La banshee et le dragon s’arrêtèrent donc devant un mur d’où s’échappaient des morceaux de revêtement, avant de rentrer, sans aucune hésitation pour Rita, dans la construction. L’endroit était étroit et heureusement vide de passagers nocturnes, et ce fut donc sans altercation que les deux compagnons grimpèrent l’escalier vers le cinquième étage, le dernier. Un silence parfait les accompagna jusque devant l’appartement cherché, où la personne passait seule ses derniers instants. Les pieds nus de Rita foulèrent le parquet noueux, glissant jusque devant la porte et laissant tout le plaisir à la banshee de lever le poing devant elle. Elle fixa droit devant elle, observant les fluctuations pénibles de l’éclat de vie, murmurant un dernier souhait à l’acrobate.
« Cela sera peut-être un peu dur pour toi, Narcisse, mais promets moi que, peu importe ce qu’il y a derrière cette porte, tu n’agiras pas. Désolée, je ne peux t'en dire plus, il faut que tu le voies par toi-même. »
Dès que ces mots quittèrent ses lèvres, Rita donna trois petits coups sur la porte, attendant d’entendre une réponse faiblarde pour accéder à la chambre. Quelle ne fût pas sa surprise et son malheur, lorsque, pénétrant dans la petite pièce, Rita constata avec déplaisir que ce n’était pas une vieille âme qui se meurtrissait au fond du lit, mais une jeune homme roux aux joues creusées. Elle laissa Narcisse échapper à son attention, s’approchant tendrement des couvertures en tendant ses mains poudreuses vers le malade. Ce dernier tendit sa faible paluche vers l’être blanc qui s’approchait de lui, ne se méfiant nullement ou trop fatigué pour le faire. Rita savait que cet être ne se battait déjà plus pour vivre, puisque sa douleur était moindre, même en étant en contact avec le ladre, et s’assit donc sur le lit aux côtés du corps délabré. Le pauvre garçon ne demandait rien d’autre que juste un peu de compagnie en ces derniers instants, appelant n’importe qui entendrait sa complainte. Rita sourit, plissant ses yeux rouges de larmes, examinant gentiment la lueur blanche à laquelle elle n’était guère liée, mais qui souhaitait néanmoins s’éteindre dans ses bras. La Cavalière des Brumes sans peur et le Prince des Airs confiant lisaient désormais un apaisement, de la part du bon vieux roi trop jeune pour mourir. |
| | | Narcisse Williams
Dragon on the wire Messages : 207 Date d'inscription : 03/08/2013
| Sujet: Re: Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes [ft Rita Upset] [Partie 2] Lun 29 Juin - 0:57 | |
| « Bien, nous sommes donc fixés. »
Le ton avait été moqueur, et Narcisse eut un bref mouvement de recul. Avait-il blessé, par mégarde, sa guide des brumes ? Il cligna des yeux, prêt à s'excuser, à se justifier, à... à parler, peut-être, sans doute, à tenter d'apaiser Rita par tous les moyens. Mais il n'eut jamais le temps de le faire. Déjà, les longs doigts gelés enserraient les siens et l'attiraient à elle. Ils devaient se dépêcher, apparemment, courir vers un but dont il ne savait encore rien. Alors l'acrobate se laissa faire, à la manière d'une poupée, d'un pantin, d'une jolie marionnette que l'on agite délicatement. Souvent, il se donnait lui-même cette impression, celle de n'être qu'une enveloppe charnelle qu'une main de maître ferait jouer, s'agiter, trembler. L'idée d'être manipulé par plus fort que lui n'avait jamais paru si inoffensive. Il n'avait pas peur de Rita. Et s'il n'avait pas peur d'elle, il n'avait pas peur de ce qu'elle lui montrerait. Comme pour se convaincre plus encore de cette idée, le garçon resserra son étreinte sur la main de la cantatrice, et se laissa mener à travers la ville.
Les immeubles étaient serrés et collés comme pour se préserver d'un froid hivernal. Ils suintaient, transpiraient une humidité malsaine et s'effritaient en de nombreux endroits. Cet endroit, songea Narcisse, était un endroit de misère. Soudain l'acrobate réalisa sa chance, son incroyable chance, de ne pas être là, ici, à vivre dans un endroit sans lumière et sans hygiène, au cœur d'un Paris merveilleux qui enchante. Les deux compagnons nocturnes pénétrèrent l'enceinte du bâtiment. Il y régnait une odeur étrange d'insalubrité, et il fronça le nez comme pour s'épargner. Les escaliers étaient courts et on pouvait difficilement s'y croiser. L'ambiance était sombre, le jeune homme ne s'y sentait pas à l'aise, mais Rita était là, il n'était pas seul et, surtout, il n'avait pas de raison d'être effrayé. Au cinquième étage, le sommet de cet édifice bancal, se trouvait une maigre porte. Il s'en approcha lentement, observant le visage contrit de la banshee tandis qu'elle se penchait tout contre pour toquer.
« Cela sera peut-être un peu dur pour toi, Narcisse, mais promets moi que, peu importe ce qu’il y a derrière cette porte, tu n’agiras pas. Désolée, je ne peux t'en dire plus, il faut que tu le voies par toi-même. »
Il hocha silencieusement de la tête, conscient qu'en tous les cas il était trop tard pour reculer. Agir, agir pour quoi de toute manière, dans quel but ? Narcisse n'était pas un acteur, il était passif, l'avait toujours été. Un court instant, il serait donc spectateur assumé d'une scène auquel il ne se sentait pas préparé. Il y eut trois légers coups contre la porte de bois, suivis d'un signal sonore, si faible que sa gorge se serra. Rita ouvrit et, doucement, rentra. Le spectacle qui l'y attendait lui coupa le souffle. Le garçon allait mourir, et le garçon le savait. La certitude dans le regard brun lui tordait le cœur, lui arrachant même un mouvement de recul silencieux. Pourtant, comme accoutumée à de telles tragédies, la créature des brumes s'avança vers le malade et lui tendit la main, saisit la sienne. Il y avait dans ce geste la tendresse de deux inconnus qui se comprennent, la beauté d'une rencontre sur le seuil de la Faucheuse. Se sentant étranger au phénomène, Narcisse regarda d'abord silencieusement, adossé au mur du fond, retenant à grand peine l'émotion qui gonflait ses entrailles.
Puis il y eut un sourire. Les yeux améthyste s'illuminèrent, réverbérant comme une véritable étincelle, et il se prit à imaginer un ange allumer une bougie dans la petite pièce. Alors la flammèche se répandit, fit briller les iris de Rita et son sourire, doux sourire qui refléta celui du garçon, et il se passa quelque chose d'incroyable. Le mourant n'avait jamais paru plus vivant, plus magnétique. Il souriait de toute la beauté de sa courte vie et de l'avenir qu'il n'aurait jamais, de toute la santé qui lui manquait et de tous les souvenirs qui peuplaient le crépuscule de son esprit. Narcisse se prit alors à désirer danser pour lui, voler comme il le ferait bientôt, frapper de ses pas légers le parquet glacé pour apporter encore un peu de grâce au corps qui ne bougerait plus mais qui, en cet instant, semblait léviter. Il se détacha du mur sans un bruit et s'approcha à pas de velours du lit. Ses doigts frôlèrent ceux de l'enfant qui ne serait jamais homme et, au travers de son cœur étouffé, il sourit, de la même manière que son interlocuteur silencieux. Il sourit pour sa peine et pour sa joie, et aussi pour celles du garçon, pour ce qu'ils avaient tous deux perdu et ce qu'ils perdraient encore. Le contact, d'abord frêle, hésitant, s'intensifia, et bientôt l'étreinte du jeune homme sur sa main fut si puissante qu'elle en devint presque douloureuse. Sans peine, l'acrobate fit fi de cette douce amertume pour fixer le visage apaisé du garçon dans un mélange de surprise et d'incompréhension, d'admiration aussi. Narcisse voyait, avait toujours vu, connaissait la Mort comme le monstre belliqueux de ses cauchemars, elle le hantait chaque fois qu'il dormait, le meurtrissait jusque dans son quotidien. Pour lui, elle était violente, abominable, ignoble et sale, haineuse. Il voyait le sang, les cris, l'agonie et la détresse, le désespoir. Il en avait peur, d'elle et de tout ce qu'elle apportait, et il lui en voulait de l'avoir arraché à tout ce qu'il aimait. Elle était tout ce qui le tourmentait et le blessait, ce qui le terrorisait. Il ne l'avait jamais vue comme potentiellement... apaisante... douce... Mais le garçon était là, et il souriait. Alors Narcisse faisait de même, parce qu'il ne comprenait pas que faire d'autre. L'envie de danser le reprit, et il coula un regard à Rita, face à lui, de l'autre côté de ce tout petit lit.
« Je sais que... cela compte peut-être comme agir mais... que pensez-vous de faire un numéro ? Ensemble, je veux dire et... pour lui. »
Les mots avaient été murmurés, inaudibles presque dans l'immensité du silence. Narcisse allait affronter sa pire nemesis, et il souhaitait le faire avec de l'acrobatie. La question était de savoir si la douce créature des brumes l'accompagnerait... |
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| Sujet: Re: Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes [ft Rita Upset] [Partie 2] Lun 14 Nov - 21:02 | |
| Des centaines de siècles n'ont jamais pu assez préparer le cœur de la Banshee à ce spectacle. Quand elle dut affronter des marées de sang et de violences durant les guerres passées, Rita ne répondait que par l'indifférence d'un immortel égoïste. Comment réagir autrement d'ailleurs ? Les sentiments belliqueux et les gestes de rage font partie d'une danse des vivants, pour laquelle la jeune femme n'avait aucun intérêt. Elle n'y voyait que le résultat, un tableau aux vives couleurs, mais sans aucune lumière dans le trait. Ces manifestations des hommes sont sans âme, et sont d'autant plus affreuses à observer lorsqu'elles concernent des Légendaires. Par contre, ce genre de fin était proche de l'insupportable. Une longue et douloureuse apathie vous gagne, alors qu'un être décati a peine à même vous toiser. Le mourant était si résigné à son sort qu'il n'y avait plus rien à mépriser, pire, on se prenait la situation par la sympathie. Pourtant, cette fin était tout autant violente que les autres ; le mal frappait au sein de l'homme, crachant son venin brûlant dans les veines, empalant l'organe de son choix : rein, foie, vessie, cervelle, rien n'était épargné. Le vice empalait le corps, aspirait l'âme à la paille et crucifiait le cœur, partant en croisade contre la Vie elle-même. Rita ne retenait guère ses larmes. La douleur sous-jacente de ces dernières semaines était revenue de plein fouet, la secouant d'insoutenables spasmes, la suppliant de céder à ses pulsions et de lâcher au monde sa colère et sa vraie voix. Mais la banshee tint bon, car le premier à être touché par sa rage opaline serait la magnifique créature qui s'était gracieusement installée en face d'elle, assistant elle aussi à l'exhibition de géhenne. Elle avait bien vu un regard familier dans les yeux mauves de Narcisse. Une consternation proche de celle que Rita avait éprouvée, et une peur débordante que la banshee pouvait tenter de comprendre. Il tremblait, à l'instar du rouquin qui agonisait, vibrait d'une onde si rapide qu'elle aurait pu échapper au regard distrait. Mais la jeune femme avait tout sauf l’œil inattentif, d'autant que le sien lui brûlait le crâne et lui rongeait les os à vif. C'était sa maladie à elle, celle qui finirait un jour par la consumer, jusqu'à ce qu'il ne reste d'elle que du sable et la trace de son essence dans l'éther, qui s'estomperait au cours des siècles. Cependant, ce mal n'avait absolument pas fini d'user de la dame, qui se pliait sous le coup de la douleur, serrant la main du roux contre sa poitrine, sa tête reposant sur le torse s'emplissant d'air par à-coups. Au travers de ses oreilles tambourinantes, Rita devina la voix chuchotée du dragonnet, qui s'emplit soudainement de chaleur, comme si la braise au fond de son ventre avait fini par remonter dans sa gorge. [color:f004= #cc66ff]« Je sais que... cela compte peut-être comme agir mais... que pensez-vous de faire un numéro ? Ensemble, je veux dire et... pour lui. » Rita se posa la question, s'il fallait laisser le roi s'éteindre dans le silence de son château de poutres rongés et de plancher vermoulu, ou si les deux compagnons du Miroir devaient rendre leur présence utile. La banshee optait en général pour la première option, par défaut de son corps meurtri et de la lassitude. Néanmoins, nager dans les eaux profondes n'avait pas été si sombre pour une fois, puisque Narcisse l'avait naturellement accompagnée dans ces abysses. Qui guidait qui désormais ? Son expérience prenait souvent la tête de ces expéditions, mais le cœur qui venait de naître au fond de sa poitrine, là, alors que ses rubis croisaient les améthystes du dragon, avait une voix forte et assurée, lui hurlait de faire, pour une fois, non pas ce qui était dû, mais ce qui était juste. Alors, s'extirpant des courants habituels, Rita nagea selon ses émotions, meurtrissant son corps d'une salve violente : elle enfouit son cri au fond de son poitrail, réprimant alors sa voix et se privant ainsi de toute forme de chant. Néanmoins et de par un effort phénoménal, la banshee se redressa, assise droite sur le bord du lit humide de sueur. Elle leva ses doigts effrités, une vision squelettique qui témoignait de ses forces minimes, aspira l'air poisseux de cette mansarde et en ressortit de la brume, qu'elle fila rapidement entre ses mains blanches. En quelques instants, elle façonna des cordes de bruine glacée, les tendant dans l'air comme sur une miraculeuse lyre invisible. Une fois son instrument prêt, ses doigts tâtèrent les fils aqueux, qui résonnèrent d'un son clair et cristallin, comme si chaque goutte d'eau carillonnait de son bon plaisir. Les lèvres craquelées et la gorge ensablée, Rita ne put guère répondre à Narcisse, mais sa voix s'étendit de façon douceureuse dans l'éther, espérant rejoindre les sens endormis du Dragon. « Agissons alors, manifestez-vous de tout votre être ! Car n'oubliez pas, mon cher, que notre invité de ce soir est unique : il avait le destin d'un seigneur, d'un Roi, et les maux de ce monde ont vite fait de le lui dérober. Mais les êtres anciens ne sont pas dupes, ils chanteront et danseront cet air, pour guider cette âme vers son juste royaume. »Du coin de l'oeil vit-elle l'acrobate se mettre en place au centre de la petite pièce, dos à elle, ses cheveux argentés attirant le regard de l'astre lunaire. De l'autre côté, le malade observait la scène d'un œil curieux, intrigué depuis le fond de son lit d'une telle installation. La jeune femme laissa alors le dragon à sa préparation, s'adressant désormais à tous dans la langue des créatures ancestrales. « Écoutez-nous, esprits ou êtres de chair, Qu'importe la fatalité qui vous guidait De par Rita et Narcisse et en toute ère, Il vous faut connaître ce ballet »La première corde vibra, ordonnant un silence sévère. Puis, quand enfin le monde perçut cela, commencèrent les premiers vers. Rita avait fermé les yeux, ne se concentrant plus que sur la lyre merveilleuse. Elle ne percevait même plus les pas de Narcisse, bien qu'elle douta qu'ils fussent audibles, et pourtant elle le sentait se mouvoir parfaitement : il suivait la mélodie mieux que Rita n'aurait pu l'imaginer, alors que cet air venait juste de sortir de son cœur fraîchement conçu. La jeune femme se sentit d'un coup merveilleusement bien, se sentant parfaitement en harmonie avec les émotions qui émergeaient au sein de cette pièce : l'ardente passion de Narcisse, la tendre admiration de leur Seigneur, le respectueux silence du reste du monde. Tout cela vint envahir la banshee, qui il y a quelques minutes encore était presque au point de se dissiper au vent, et tourbillonnait pour guider ses doigts vers une mélodie d'une bienveillance infinie. Lorsqu'elle commença à reprendre consistance, c'est avec tristesse que Rita en comprit la raison. Lorsque ses doigts s'arrêtèrent, ses yeux redevenus verts glissèrent doucement vers le corps sans vie du Roi, dont la main s'était affectueusement accrochée à la jupe de la musicienne, et dont les yeux sans lumière s'étaient fixés amoureusement sur la grâce du danseur. |
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