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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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  Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête

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Lotte Hochvogel
Lotte Hochvogel

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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeSam 25 Mai - 19:17

Le jeune Joseph n'avait rejoint les rangs de la police de Paris qu'il y a quelques mois. Jusqu'à il y a peu, il vivait dans le sud de la France et désirait marcher dans les traces de son grand oncle, qui avait servi plus de trente ans dans la capitale avant de prendre une retraite méritée. Aujourd'hui, il était agent de police, mais le travail ne se montra pas aussi palpitant que ce que son grand oncle avait bien pu lui raconter. Il en fut autrement pour ce soir-là. Un mouvement de panique générale s'était installé sur la place Saint-Michel : d'après ce qu'on lui avait expliqué, un ballon géant en forme de serpent était devenu hors de contrôle et avait causé de nombreux dégâts. On lui demanda d'interroger le plus de personnes présentes possible, et après avoir entendu parler d'un grand individu ayant écrasé un autre avec un morceau de décor, il finit par lui mettre la main dessus et l'interroger. Mais il semblerait que ce n'était que de fausses accusations. Après cela une personne l'accusa de ne pas vouloir aider à éteindre un feu, mais le suspect expliqua être à la recherche d'une personne avant de disparaître. Joseph avait oublié de noter son nom, mais il avait bien tous les éléments permettant de retrouver la personne perdue. Après avoir aidé à éteindre le feu, le jeune agent reprit donc sa route et continua d'interroger différents témoins, tout en gardant en mémoire son autre mission.

Le premier témoin fut une dame aux cheveux complètement décoiffés et dont le maquillage avait coulé. Encore sous le choc des événements, elle n'avait pas l'air d'avoir réalisé dans quel état elle se trouvait.

- Et c'est à ce moment qu'un homme m'a attrapée en me traitant de sorcière ou je ne sais quoi !
- Vraiment ?
- Et ensuite des gens se sont battus, on m'a poussée par terre, et ce monstre terrifiant a essayé de me dévorer !
- Mais… Ce n'était pas juste un ballon ?
- A-Ah… Oui vous avez raison… Excusez-moi je me suis emportée. C'est que tout s'est passé tellement vite !
- Je comprends Madame ! Vous devriez aller vous asseoir, allez retrouver un agent, par ici.

Et elle s'en alla, l'effroi qui déformait son visage s'étant évanoui d'un seul coup. Joseph se félicita pour son travail correctement mené et continua sa quête. Peut-être qu'il aurait dû lui donner la description de la personne de tout à l'heure… Il y pensera la prochaine fois ! Tiens, voilà un homme déboussolé.

- Monsieur ? Puis-je vous poser quelques questions ?
- Ah Monsieur l'agent, je comptais m'en aller… Je ne veux pas rester plus longtemps ici.
- Je vois. La sortie est par là. … Ah ! Non attendez, vous devez répondre à mes questions.
- Oh je vous en prie, allez interroger des gens qui se sont battus ou ont été blessé par ce serpent ! Je n'ai rien vu !
- Vous parlez du ballon géant ? Est-ce qu'il a vraiment attaqué la foule ?
- À votre avis ! Si cela n'avait pas été le cas, vous ne seriez pas là à me poser des questions idiotes.
- Ah…

Le jeune agent se gratta la tête et manqua de faire tomber son képi. L'homme fit une grimace puis commença à s'éloigner, avant de s'arrêter et interpeller de nouveau le petit policier.

- Cela dit… On ne peut pas vraiment dire qu'il ait « attaqué ». Ce n'est qu'un ballon.
- Je vois…
- Allez donc voir là-bas si j'y suis !

L'homme grommela de nouveau et disparut. Il n'était pas le plus aimable, mais au moins son témoignage était intéressant, pensa Joseph. En serpentant au milieu des convives et des morceaux de décor brisés, le jeune agent trouva un collègue, pris au dépourvu face à deux petites dames très bavardes qui parlaient en même temps. Joseph décida d'intervenir.

- Un coup de main ?
- Je crois qu'elles ont bu… Elles parlent d'une bestiole avec des cornes et des sabots de bouc qui chevauchait le ballon.
- Je vous le dis, c'était l'œuvre du Malin ! Il riait si fort, à califourchon sur cette créature, auréolé de flammes !
- Il a jeté des éclairs ! Tout a été détruit ! C'est l'avènement de l'apocalypse !
- Nous avons prié le Seigneur Monsieur l'agent, prié si fort, et finalement il a détruit ce monstre en plein vol en le réduisant en cendres !
- Oui en cendres !
- L'amour du Seigneur nous aura protégés jusqu'au bout ! Il ne laissera pas le Malin agir impunément !
- Jamais il ne le fera !
- Mesdames s'il vous plaît un peu de calme.

Les deux femmes sortirent chacune une petite croix en or accrochée à un collier dissimulé sous leur costume. Joseph tenta d'intervenir mais lorsque l'une d'elle commença à tituber, il comprit qu'il était préférable de les faire sortir de la place. Son collègue finit par s'en charger lorsqu'elles commencèrent à se calmer, réalisant la portée de leurs propos. Le jeune agent sortit son carnet et nota la déposition des deux femmes tandis qu'elles s'éloignaient. Peu après, son chemin fut interrompu par un homme d'une taille impressionnante, proche de celle du premier témoin, au visage carré et stoïque. À côté se tenait une petite femme aux yeux ronds rougis par les larmes.

- Monsieur l'Agent, dit-elle, devons nous vraiment rester encore ?
- Il n'y en aura plus pour très longtemps Madame. J'aurais quelques questions à vous…

Les yeux de Joseph croisèrent ceux du grand homme silencieux. Il sentit un frisson parcourir son échine. Il se racla la gorge et repris, peinant à lire son carnet tant ses mains commençaient à trembler.

- A-Avez-vous vu un garçon plus jeune que moi mais plus grand ? Il a les cheveux noirs, de corpulence euh… maigre voilà, et les cheveux br- les yeux, bruns.
- Hmm ? Tu as vu ça mon bichou ?

L'homme fit non de la tête. Joseph déglutit. Ce n'était pas cette question qu'il voulait poser. Il tenta à nouveau.

- Plusieurs personnes pensent avoir vu un être cornu, aux sabots de bouc, chevaucher le Quetzalcoatl durant ses attaques, vous l'avez remarqué ?
- Des cornes et des sabots ?
- C'est absurde.

Le jeune agent sursauta en entendant la voix du témoin. Son épouse aussi. L'homme resta inexpressif.

- D-D'accord.
- Il y avait un grand ballon, puis tout est devenu compliqué ! Moi je me suis cachée derrière mon bichou et j'ai fermé les yeux ! Hein mon bichou ?
- Il y a eu un coup de vent, le ballon s'est agité très fort. À cause des décors, cela a causé beaucoup de dégâts, et la panique s'est installée.

La jeune femme écarquilla les yeux et ouvrit la bouche. Vraisemblablement, son compagnon n'était pas un homme loquace d'ordinaire. Elle afficha une mine inquiète.

- Tout va bien mon bichou ? Tu ne parles pas autant d'habitude !
- …
- Oh tu m'as fait peur ! C'est un grand blagueur vous savez.

Joseph hocha la tête.

- Dans tous les cas, je peux vous le dire, il y avait beaucoup d'alcool ce soir-là. Cela ne m'étonnerait pas que des gens aient vu des choses qui n'existent pas.
- Hm, oui, je vois ! Merci Madame ! Monsieur.

Le jeune agent leva son képi et s'éloigna après avoir indiqué la direction à prendre pour quitter la place. Joseph continua sa route, et aperçut au milieu de la foule en train de se parsemer un individu semblable au profil qu'il avait gardé en tête. Cheveux noirs, grand, maigre… Le jeune homme s'avança et l'interpella. Il était accompagné d'un autre homme, portant des lunettes, et d'une jeune demoiselle, dont les yeux étaient eux aussi cachés derrière de larges verres. Joseph commença à expliquer à son interlocuteur qu'une personne le cherchait, mais quelques secondes plus tard, constata que la personne en question était à quelques mètres d'eux et s'approchait à grandes enjambées. L'expression livide du jeune garçon aux yeux noisettes étonna Joseph qui se contenta de sourire en faisant signe à son premier témoin. Sa mission était réussie ! Bravo Joseph !

***

- Elle n'est toujours pas sortie de sa chambre ?
- Non ! Je n'ose pas la déranger…
- Apparemment quelque chose de grave s'est passé à Paris.
- Encore !?
- Et Fenella qui est toute seule là-bas…
- Mais non ! Madame la directrice est là pour l'aider !
- Gneheheh…

Tout le monde s'éloigna du mur de la bibliothèque contre lequel ils avaient collé leur oreille et se tourna vers un homme qui les fixait sans un mot. Hamida secoua ses plumes et s'adressa à lui.

- Visiblement notre directrice n'est toujours pas disponible. Vous feriez mieux de nous faire confiance et envoyer autant d'hommes que possible sur place au lieu d'attendre.
- Nous avons déjà déployé des agents, mais nous ne pouvons pas envoyer beaucoup de monde sans connaître l'ampleur exacte de la situation.
- Si Madame la directrice estime que la Curia doit intervenir, c'est que la situation l'exige.

Tout le monde se tourna vers Ladli qui apparut de derrière une rangée de livres, accompagnée de Charles-Alexandre qui rouspéta en voyant les chaussures sales de l'agent de la Curia.

- Je vous recommande, Monsieur, de sortir d'ici. En restant à attendre, vous n'obtiendrez rien d'autre que la fureur de notre directrice.

L'agent pâlit face au visage de hibou de Boniface qui venait d'intervenir à son tour. Il finit par s'éloigner d'un pas rapide. Les autres employés de la bibliothèque restèrent sur place, à attendre des nouvelles de leur patronne concernant la situation et leur collègue, seule dans la capitale.
Ashton Lyn
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Ashton Lyn

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Localisation : Le Lost, un vieux bar défraîchi...

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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeLun 27 Mai - 2:43

Les événements s'étaient enchaînés à un rythme qui avait manqué de le perdre lui-même, malgré toute son expérience de l'inattendu et de l'étrange. Ils avaient été trois contre deux dizaines un instant, cœur de violence dans le corps chaotique de la soirée. Puis le Dieu Aztèque était mort, suicidé dans un brasier tout aussi grandiose que ses couleurs, et Ash s'était brièvement demandé si les De Montalant n'étaient pas derrière ces débordements finalement, si ce spectacle à la fois grotesque et sublime n'était pas le fruit de leurs esprits tordus. C'eût été toutefois trop leur accorder que de leur attribuer une telle ingéniosité, et les gerbes ocres qui se perdaient dans le ciel avait ce quelque chose d'indomptable qui ne s'invente pas. On n'avait pas prévu ce final, ou alors c'était pour gâcher la fête.

Les groupes au moins s'étaient séparés. Finie la chasse aux sorcières, mise en pause tout du moins, les invités avaient brusquement pris conscience que leurs vies étaient en jeu face au ballon monstrueux. Le canidé eut une pensée acide à cette idée, mais il s'avança vers une dame dont il ressentait la panique. Ses mains tremblantes tentaient d'éteindre les flammes qui bourgeonnaient sur son jupon, des larmes affolées ruisselant sur son visage. Lançant un regard autour de lui, le jeune homme confirma qu'il avait bel et bien perdu le reste de son trio de choc et arracha d'un geste souple un bout de tissus de son socle de métal. Ç'avait été une bien belle bannière, pour sûr !

Les braises de la robe agoniserent bien vite sous ses doigts et il aida la demoiselle à se relever, esquissant un sourire teinté de nervosité. C'est que la tension ambiante avait eu le don de l'atteindre, de le faire réagir jusqu'aux tripes, et il sentait déjà le Chien qui remuait. Une fois de plus, sa soirée n'était pas franchement idéale… Quitte à partir vers l'inconnu, Ashton préférait sincèrement un autre type de surprises.

Tout va bien, madame ?, s'enquit-il finalement.
O-oui, je… merci. Je ne sais pas quoi dire je…
Quelqu'un vous a-t-il fait du mal ?
Non, non non, je …

Elle fut interrompue par une brève quinte de toux, ses poumons irrités par les multiples départs de feu qui les encerclaient. Ash observa la scène de loin, préoccupé sans l'être par le feu qui grimpait par endroits.

Ses oreilles traînèrent aux alentours. Il voulait comprendre. Il voulait savoir. Il capta quelques bribes de conversation, certaines intéressantes, d'autres moins passionnantes. On évoqua ainsi la présence d'un pigeon lui sembla-t-il, sans qu'il ne parvienne véritablement à comprendre ce qu'un volatile venait faire dans la discussion. Mais là n'était pas sa priorité. Il passa une main rassurante sur l'épaule de son interlocutrice et parla d'un ton qui se voulut apaisant :

Tout va bien, d'accord ? Plus de feu, plus de ballon, rien. C'est promis.
Et dire que je sortais pour la première fois depuis longtemps…
Au moins cela vous fera une anecdote ?

Ils rirent brièvement ensemble, puis une voix l'interrompit.

Monsieur Lyn ? C'est bien vous ?

Avec tout le fiasco, Ash avait tout juste remarqué l'entrée en scène des policiers. Il le salua toutefois poliment et hocha la tête en silence. Ce n'était pas le moment, soupçonnait-il, de chercher bêtement des ennuis.

Je suis l'agent Javier, je dois vous poser quelques questions. Puis-je ?
Bien sûr, monsieur.
Bien. Merci.

L'homme passa un doigt inquisiteur sur sa moustache avant de poursuivre.

J'ai croisé tout à l'heure un homme qui déclare qu'un grand monsieur tatoué et brun lui a cassé le bras lors d'une altercation. Est-ce vrai ?

Là aussi, hésitation. Ne pas mentir, ou prendre le risque de se faire passer pour pire encore ? Il haussa les épaules.

Je vous avoue franchement que je n'en ai aucune idée. Je n'avais pas l'impression d'y mettre trop de force mais on n'est jamais à l'abri d'un accident. J'irai m'excuser auprès de lui.

L'agent hocha distraitement de la tête et nota quelques informations dans son carnet. Il releva ensuite les yeux vers lui et …

….

Ashton éclata de rire en secouant la tête. Frapper des gens avec un cactus… l'imagination était un outil formidable.

Navré monsieur, j'aurais adoré dire oui mais je n'en suis pas coupable. Je note pour l'avenir toutefois…

Ils échangèrent un sourire amusé, puis le policier s'éclipsa sans trop insister. Le canidé supposa que le pauvre devait récolter toutes les dépositions, un véritable travail de titan qu'il ne lui enviait guère.

Il espérait juste ne pas finir la nuit en prison pour couronner le tout...

Spoiler:
La foule [PNJ]
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeLun 27 Mai - 19:39

La porte de l'hippomobile claqua. Le commissaire Levallois fit signe au conducteur de l'ambulance qu'il pouvait y aller. L'homme claqua les rênes et la voiture se mit lentement en route. Elle emportait Armand Delcambre, M. Dancrof et deux autres passagers aux blessures légères, mais nécessitant d'être contrôlées. Les agents écartèrent les badauds sur le passage du véhicule. Il disparut à l'intersection suivante. Direction l'hôpital le plus proche. Levallois se retourna.

Docteur Keller, Docteur Follet, merci pour votre aide.
Remerciez la chance que la balle perdue de votre collègue n'ait touché que du muscle, répondit Follet en essuyant ses mains encore rouges. Il s'en remettra.

Il se tourna vers Dolores qu'il salua d'un mouvement de chapeau.

Madame, ce fut un plaisir d'être assisté par vous. Il faudra m'en dire plus sur cette greffe de nerf brachial, vous avez piqué ma curiosité. Sur ce.

Cette fois-ci, il se pencha vers Jules. Encore tremblant, l'antiquaire s'était relevé peu après qu'Armand ait été placé sur le brancard. Il observait à présent, mais sans le voir, son costume ensanglanté de Quezalcoatl. Le médecin posa sa main épaisse sur son dos crispé. Le jeune homme releva la tête, toujours déboussolé. Follet lui fit signe d'avancer, glissant tout bas des mots qu'il voulait rassurants.
Levallois les regarda s'éloigner avant d'aviser les lieux. Les pompiers étaient arrivés une dizaine de minutes plus tôt. Les derniers foyers étaient maîtrisés, seules quelques volutes de fumées et une désagréable odeur de brûlé trahissaient encore la présence passée des flammes. Plusieurs de ses hommes étaient occupés à évacuer les bâtiments touchés, les autres prenaient les dépositions des témoins. Il s'avança pour rejoindre Dubois, assit à l'écart, la tête basse. Son pied s'empêtra dans un morceau de tissu. Un morceau épargné du ballon. Il le souleva et l'observa à la lumière des quelques réverbères. Étrange ces petites trous à sa surface. À croire qu'il avait été percé par une myriade de flèches. Du sabotage ? Avaient-ils perdus le contrôle à cause de ça ?

Commissaire !
– Oui Mercier ?
On a bientôt fini de prendre toutes les dépositions.
– Parfait. Des suspects ?
Quelques-uns commissaire.

Il récupéra son carnet et consulta ses notes.

– Il y a une femme. Elle est soupçonnée d'avoir frappé un vieillard alors qu'il demandait l'heure et n'a pas su se justifier sur son activité durant cette soirée.
Vous n'avez pas son nom ?
– Elle refuse de parler commissaire.
Qui d'autre ?
– Trois jeunes garçons. Deux frères et un troisième, plus âgé. L'un des frères avait du sang sur les mains, mais aucun n'a pu nous expliquer sa provenance.
Mineurs ?
– Tous les trois commissaire.
Vous les mettrez dans une cellule à part.
– Oui commissaire. Et puis il y a Lyn commissaire.
Ashton Lyn ?
– Oui commissaire. Il a agressé plusieurs personnes et ne s'est pas justifié. A priori il a aussi proféré des menaces de mort, via un supplice improbable.

Levallois arqua un sourcil, visiblement surpris.

Il vous a donné une explication ?
– Non commissaire.
Hm… Très bien. Autre chose ?

L'agent hésita. Levallois s'impatienta.

Un problème ?
– Et bien… Le prochain suspect fait partie de la police commissaire.
Pardon ?
– Il s'agit de M. Haesmar.
Ce batteur d'éprouvettes ? Pourquoi ça ne m'étonne pas ?
– Il est habillé en femme, son épouse s'est jutif-
Son quoi ?
– Son épouse.
Embarquez les.
– T-Tous les deux ?
Oui. Ils ont menti. Que je sois pendu si celui là est marié.

Mercier resta quelques secondes en suspens, jusqu'à ce que les iris bleus de son supérieur se braquent sur lui. Alors l'agent replongea le nez dans son calepin, où il ajouta quelques notes.

Et les organisateurs de la soirée ?
– Ils sont là-bas. On n'a encore rien réussi à en tirer. Ils nous parlent de jalousie et d'une invocation qui a mal tourné. Ils ont même dansé.

Le commissaire leva un sourcil. Un « pourquoi » frôla ses lèvres, il le ravala, certain que la réponse serait trop longue et qu'elle lui donnerait la migraine. Il passa une main sur son visage fatigué, en écarta les mèches blondes et fit signe de disposer. Son regard se reporta sur le morceau de tissu qu'il tenait encore. Il le plia et le glissa dans sa poche. Bien ! Il ne restait plus qu'à faire venir le panier à salade.

- - - ∆V∆ - - -

Et puis, il est parti.

Siren indiqua la foule éparse d'un geste qui trahissait son agacement. Elle croisa les bras et soupira. Silence. Emprunt d'un léger doute, ses iris se levèrent vers la femme près d'elle. Elle observait la place, adossée au mur près de la fontaine, tenant distraitement devant son sourire, un masque qui ne lui appartenait pas.

– Cela ne fait rien.

Elle se redressa.

– Le temps de dire au revoir et nous pourrons y aller.

Elle tendit doucement la main. Un oiseau vint s'y poser. Un moineau. Il piailla gentiment, allant de droite et de gauche le long de son index. Délicatement, elle vint le lover dans sa paume et le rapprocha de ses lèvres.

– Nous nous recroiserons. Alors, tout sera différent. À bientôt Simurgh.

Les doigts à peine ouverts, l'oiseau s'envola.

– Viens.

Elle tourna les talons. Siren lui emboîta le pas après un bref regard en arrière. Elles rejoignirent la place Saint-André, où des policiers interrogeaient les premières personnes évacuées. On bloquait les accès aux autres artères.

Laissez-nous passer.

L'agent s'écarta poliment, elles s’engouffrèrent dans la rue Suger. Le calme de la soirée accueillit leurs pas tranquilles. Siren demanda :

Nous ne rentrons pas ?
– Pas encore. Je voudrais faire une visite.
Ce n'est pas trop tard ?
– Non. Nous sommes même en avance.

Elle s'abrita dans l'ombre d'une croisée, imitée par la plus jeune. Deux secondes. Derrière elles se fit entendre le rythme monotone d'un attelage. Il les dépassa. Le lampadaire éclaira son lourd chargement. Siren fronça les sourcils. La voiture de la police, avec à l'intérieur, les suspects. Le véhicule s'arrêta une vingtaine de mètres plus loin. Elle vit les agents faire descendre ses passagers, reconnut les costumes des convives et ceux des De Montalent. Tous entrèrent dans le commissariat.

– Tu vois, ils viennent juste d'arriver.

La voiture repartit. Vide.

– Attendons encore un peu.

- - - ∆V∆ - - -

– Commissaire ! La place est évacuée et fermée. Le bâtiment touché a également été vidé et les habitants relogés jusqu'à nouvel ordre.
Les suspects ?
– En cellule pour la nuit commissaire.
Parfait. Dîtes aux hommes qui ne sont pas de garde de rentrer.
– Oui commissaire !
Et que quelqu'un ramène Dubois chez lui. Il est encore sonné.
– Bien commissaire.

Mercier s'éloigna. Levallois arpenta une dernière fois la place déserte. Le nez souvent au sol, quelques fois en l'air, il s'assurait de ne rien avoir raté lorsqu'une voix tonna :

Unité spéciale. Vous êtes le commissaire je présume ?

L'interpelé releva la tête. Il plissa les yeux, surpris par l'imposante silhouette qui se détachait non loin. Il s'avança, passa sous le cordon de sécurité et lui fit face avec calme.

Je peux voir votre plaque ?

Il la lui montra. Levallois observa plus attentivement le massif rouquin qu'il n'avait jamais vu jusqu'alors.

Qui vous a prévenu ?
Le préfet. Il paraît qu'un de vos hommes a fait feu et blessé par accident un individu.
Oui c'est vrai. L'homme a été emmené à l'hôpital. Sa vie n'est pas en danger.
Comme l'enquête touche directement votre commissariat, il a été jugé préférable qu'elle soit remise à un organisme extérieur.

Les lèvres du commissaire se pincèrent, mais l'expression sur son visage indiquait clairement sa désapprobation.

Vous arrivez après la guerre Messieurs.
Je vois ça. Vous avez fait du bon boulot.
Pas de ça avec moi. Je sais très bien comment vous fonctionnez.

Il fit un geste de la main.

La scène de crime est à vous.

Le colosse se racla la gorge. Levallois l'observa en coin. L'autre demanda :

Et le reste ?

Le commissaire enfonça ses mains dans les poches de son costume, ses doigts retrouvèrent le contact familier du tissu du ballon. Il songea à le lui tendre, puis se ravisa.

Vous aurez le dossier demain à la première heure. Tout y sera.

Il partit. La Curia prit le relai.

- - - - - - - ∆V∆ - - - ∆V∆ - - - ∆V∆ - - - - - - -


Échos antiques



Ainsi s'achève cette rude soirée. La police a bouclé les lieux après les avoir fait évacuer, la Curia est arrivée tardivement pour prendre la suite. Levallois fait un peu de résistance, mais combien de temps tiendra-t-il ? Ces préoccupations sont bien loin de vous.

Plusieurs d'entre vous, finiront cette folle nuit au calme, chez eux peut-être, ou dans un endroit qui leur permette de se remettre de ces émotions. À vous de traiter ce « retour à la maison » comme bon vous semble. Après tout, cette soirée n'a certainement pas été sans impact.
Sont concernés : Aldrick, Rose, Edward, Andréa, Dolores, Lotte

Pour d'autres en revanche, la fin de soirée s'annonce bien moins confortable. La police a jugé votre déposition douteuse ou faiblarde (dans le cas d'Ashton, tu t'es trompé de questions et comme on est vaches…) et vous êtes placés en garde à vue pour la nuit. À vous de gérer la situation. Sans charge contre vous, vous devriez être, dans tous les cas, libéré dans la matinée.
Sont concernés : Ryden, Frédéric, Morgan et le dernier rôliste masqué

À noter :

  • Frédéric, Morgan, on vous a placé avec Morel dans une cellule à part du fait que vous soyez mineurs. C'est celle de dégrisement (actuellement vide). Vous n'êtes que tous les trois, vous n'avez pas de visibilité sur les autres interpelés et réciproquement.
  • Ryden, tu as été arrêté avec Serra ton « épouse ». Vous partagez la cellule des De Montalant. Quelle chance !
  • Ashton & le rôliste masqué : Vous êtes dans la cellule voisine de celle de Ryden. Vous la partagez avec Monsieur Ferdinand Perrot. Pas très loquace, il décuve après avoir perdu une dent durant la soirée, alors qu'alcoolisé, il pensait calmer Quetzalcoatl en lui sacrifiant une enfant.


Pour cette dernière manche, vous ne pouvez plus être masqués et vous devrez donc révéler votre identité si ce n'est pas encore fait, à l'exception des jumeaux. Fred, Morgan, si vous souhaitez poster à nouveau ensemble, vous pouvez prendre Quetzalcoatl.






Vous posterez à la suite ce message, sans ordre particulier et vous avez jusqu'au samedi 8 juin (au soir) pour participer à cette dernière partie !


Vous pouvez toujours nous joindre par MP pour la moindre question ! Nous répondrons au plus vite, comme d'habitude.

Retardataires ? Vous êtes les bienvenus tant que vous prenez en compte les éléments précédents. Si vous avez manqué un tour, pas de soucis, vous pouvez toujours poster sur celui-ci !

Encore un grand merci à tout le monde pour votre participation !
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Andréa Eyssard
l Un monstre dans la peau l
Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeSam 1 Juin - 22:48

– Monsieur ! Par ici ! J'ai retrouvé votre jeune ami !

L'agent Joseph se redressa. Andréa s'affaissa. Disparaître. Il ne regarda que du coin de l'œil la silhouette de son oncle avaler la vingtaine de mètres qui le séparait de leur banc de fortune. Ses longs doigts s'entremêlèrent nerveusement, il fixa ses pieds, son nouvel ami à plume assoupi sur ses jambes. L'aura rassurante d'Adam et de Rose-Lise ne changèrent rien à l'angoisse qui comprimait sa gorge. Les chaussures d'Edward entrèrent dans son champs de vision. Il baissa un peu plus la tête. Le jeune policier poursuivit, d'une voix débordante d'entrain :

– Vous voyez, il n'était pas très loin. Il ne fallait pas s'inquiéter !

Silence. Le louveteau remarqua que l'agent se balançait doucement sur ses pieds. Il attendait quelque chose. Un merci sans doute. Edward fit un pas en arrière, mais aucun son ne s'échappa de ses lèvres. Il devait chercher Dolores, car Adam intervint :

Le Docteur K-Keller est allée aider la p-p-personne blessée par b-balle.
– Oh ! Vous connaissez un docteur ? Tant mieux ! Comme ça, elle pourra soigner vos blessu-
O-Oui ! Nous avons de la chance ! Coupa précipitamment Adam.

Andréa sentit le regard perçant de son oncle sur sa nuque. Nouveau blanc. Joseph se balançait toujours, Edward n'avait pas bougé.

Vos c-collègues savent que vous l'avez re-t-trouvé ?
– Non c'est vrai ! Vous avez raison ! Je vais leur dire tout de suite que l'affaire est résolue !
Oui ! M-merci !

Joseph les salua et s'éloigna, fier de son premier grand succès. Il n'avait que fait trois mètres, lorsqu'Edward s'avança d'un demi-pas et tendit la main. Ses doigts longèrent la mâchoire de son neveu, passèrent sous son menton et se refermèrent avec une force tendre sur son visage. Le louveteau frissonna. Son oncle lui fit relever la tête. Andréa ferma les yeux, certain de fondre en larmes s'il croisait son regard.

I-Il n'a rien de grave ! Souligna aussitôt Adam en se mettant debout. L-Le visage marque t-toujours beaucoup m-mais ce n'est p-pas grave. P-Pour le reste j-

Boulette. Adam émit un petit son, sorte de hoquet, qui devait étouffer le reste de ses mots, mais il en avait trop dit. L'étreinte sur la figure du garçon se crispa une seconde. Ce dernier entendit l'infirmier bégayer un début de phrase, puis la liberté. L'étau s'effaça doucement. Une caresse chercha à discipliner ses cheveux bruns en bataille, avant que résonne enfin le timbre familier d'Edward :

Je peux vous parler Adam ?

Ils s'éloignèrent de quelques mètres. Brève bouffée d'air pour le jeune loup. Restée à ses côtés, Rose-Lise se rapprocha, son carnet en main. Elle remonta ses lunettes et se pencha très légèrement, poussée par sa curiosité naturelle à surveiller la discussion qui se tenait non loin. Elle demanda doucement :

Est-ce que c'est lui votre tonton ?
Oui.
Oh.

Elle inclina la tête et réfléchit, le bout de son crayon appuyé sur ses lèvres. Andréa sourit en la voyant faire. Elle le tenait à l'envers. Heureusement qu'elle avait renoncé à sa plume, sans quoi elle se serait retrouvée avec plus de moustache que lui.

Est-ce qu'il est malade ? Oh ! Pardon c'est peut-être indiscret. C'est que, vu comme vous étiez inquiet à son sujet, alors qu'il a l'air d'être un grand et fort monsieur, je me suis demandée s'il y avait autre chose. Mais vous n'êtes pas obligé de me répondre, je comprendrais.
Non, non, il n'est pas malade. Tout va bien, rassura Andréa.
Ah oui ? Tant mieux alors. Est-ce que c'est indiscret si je vous demande pourquoi vous étiez si inquiet ? Ah ! Oui. C'est encore indiscret, excusez-moi. Mais je trouve cela curieux que vous soyez venu à une fête parce que vous étiez inquiet pour lui. Ce n'est pas vraiment la raison première de venir à une fête. Et puis, ce n'est pas dangereux une fête, surtout quand on est un grand et fort monsieur. Enfin, celle là si, c'est vrai. Peut-être que vous aviez senti que ce serait dangereux ? Comme une prémonition ?

Le louveteau entrouvrit la bouche, surprit par ce flot soudain de paroles. Rose-Lise avait, une nouvelle fois, ajusté ses lunettes et tenait sa petite main prête à prendre des notes. Un peu gêné, le garçon tira sur ses manches :

Qu'est-ce que c'est une… prénomition ?
Hihi. C'est presque ça. C'est vrai que ce n'est pas facile à dire. Prémonition. C'est quand on arrive à savoir ce qui va se passer dans le futur, mais sans pouvoir l'expliquer.
Oh. Alors non. Mais ça m'aurait été bien utile.

Un sourire timide rehaussa le bleu sous son œil droit. Rose-Lise trouva cela très juste et s'aventura à lui demander s'il était d'accord pour lui raconter ce qui s'était passé, à condition qu'il ne soit pas trop fatigué. Le louveteau acquiesça, mais il ne put commencer son récit. Un agent de police les interrompit.
Il leur expliqua qu'ils étaient libres de rentrer chez eux. Des fiacres et des omnibus attendaient place Saint-André-des-Arts pour reconduire ceux qui habitaient loin. Il leur indiqua la sortie, leur pria de faire vite, puis s'éloigna pour avertir d'autres convives à quelques mètres de là. Andréa et Rose-Lise se levèrent. Le louveteau réveilla son ami volatile et le posa sur son épaule, tandis que la jeune journaliste appelait :

Monsieur Adam, Monsieur…
Edward, lui souffla le garçon.
Monsieur Edward. La police a dit que nous devions rentrer chez nous.

Les interpelés s'observèrent, échangèrent encore quelques mots, puis ils les rejoignirent. Andréa évita soigneusement de croiser le regard de son oncle. Pourtant, lorsqu'ils se mirent en route, il cala sans réfléchir son pas sur le sien. Ils quittèrent la place, pour une autre, plus animée. Résonnaient le martellement des sabots, le grincement des roues et les éclats de voix des plus pressés.

Vous habitez loin Monsieur Andréa ?
Juste à côté. Au cabaret.

Rose-Lise cligna des yeux. Sa bouche forma adorable un petit « O » de surprise.

Celui du Lost Paradise ?

Il acquiesça.

J'aimerai beaucoup faire un article à son sujet ! Vous pensez que ce serait possible ?

Les yeux noisettes du louveteau osèrent enfin s'arrêter sur le dos de son oncle.

Oh oui. Je pense.
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeDim 2 Juin - 20:32

Ils n'étaient plus que deux lorsqu'ils atteignirent le cabaret.

Adam était resté auprès de Rose-Lise sur la place Saint-André-des-Arts, le temps de lui trouver un fiacre qui la ramènerait chez elle. Petit pigeon aussi. Andréa l'avait confié aux bons soins de l'infirmier, non sans regret. Edward s'était ensuite excusé, les avait salué et sans qu'il ait besoin de le préciser, il s'était engagé dans la rue voisine, suivit par son neveu. La voie, déserte et silencieuse, accueillit leurs ombres le temps de gagner le porche donnant sur les cuisines du Lost. L'unique réverbère de la cours éclairait les marches du perron, les bidons de laits vides qui attendaient d'être remplacés, quelques cagettes et sacs en toile de jute soigneusement enroulés. Le loup blanc leva la tête. Pas de lumières aux étages. Tout le monde dormait.
Il tira ses clefs de la poche intérieure du manteau de Quetzalcoatl, qu'il portait toujours, et fit claquer la serrure. Il pivota la poignée et poussa la porte. Un signe de tête. Andréa entra. Edward referma derrière eux. Il alluma. D'un mouvement du pied, il décala un tabouret sous l'éclairage.

Assieds toi.

Le louveteau s'assit. Son oncle lui tourna le dos et gagna le coin opposé de la pièce. Son par-dessus termina dans la poubelle la plus proche. Il remonta ses manches. Sa silhouette disparut dans le garde-manger. Il en revint avec de la glace, emmaillotée dans un torchon. De sa main libre, il ouvrit un placard au-dessus de lui et en retira la trousse de secours qui servait habituellement aux cuisiniers distraits. Il déposa le nécessaire de soin sur la table près d'Andréa et lui tendit le reste. La poigne hésitante du garçon se referma sur le tissus dans un « Merci. » à peine audible. Comme il n'en faisait rien, Edward précisa :

C'est pour ton visage.

Le garçon regarda le torchon comme s'il découvrait sa présence, puis l'appliqua près de son œil bleuit. Edward croisa un regard noisette plus perdu que jamais, mais il s'acharna à en faire abstraction. Il ouvrit la trousse, en retira de l'alcool et du coton, tira une chaise et s'assit face à lui.

Fais voir ton bras.

Andréa se l'était écorché en tombant. Edward voulait le désinfecter, mais le jeune homme se montra récalcitrant. Il referma doucement le poing et le tint contre son ventre. Le doute noya son timbre fatigué :

Tu ne me disputes pas ?
Donne moi ton bras, s'il te plaît.

Le louveteau secoua la tête.

Andréa…
Pourquoi tu fais comme si rien ne s'était passé ?
Il est tard, on verra ça demain. Maintenant donne moi ton bras.
Non. Tu trouveras une autre excuse pour demain et après-demain. Comme à chaque fois.
Ce n'est pas le moment.
Ça ne l'est jamais !
Ça suffit !!

Il lui agrippa le poignet et le tira à lui avec force. Andréa hoqueta de surprise. Il fit un effort pour se libérer, mais il n'avait aucune chance. Le coton imbibé d'alcool effleura sa peau. Jamais il ne s'y posa. Le regard d'Edward s'était arrêté sur ses propres doigts. Il tremblait. Son neveu le vit aussi. Il bafouilla :

P-Pardon… Je voulais juste t'aider.

Son air désolé transperça le cœur du loup blanc. Il rendit les armes. La ouate retourna sur la table et il relâcha le jeune homme. Soupir. Il se pencha sur sa chaise, passa ses mains sur son visage, écarta les mèches noires qui tombaient devant ses yeux et, baissant la tête, il murmura :

Je sais. Mais regarde où ça t'a mené.

Il l'entendit s'agiter, alors il se redressa pour ne pas trop l'inquiéter. Son regard disparate se posa avec tendresse dans celui du louveteau. Un peu de fierté soulagea la culpabilité qui écrasait son cœur. Il fallait le voir, ce grand gamin au visage marqué, tout penaud avec ses cheveux en pagaille et son torchon humide collé contre sa joue. Un faible sourire réveilla la figure épuisée du loup blanc, puis s'effaça.

Je suis désolé.

Edward récupéra calmement le poignet d'Andréa, ensuite le coton et avec une délicatesse qu'on lui voyait peu, il nettoya son bras blanc.

Depuis quelques temps, j'ai l'impression que quelque chose d'important va arriver.
Depuis le cirque ?
Oui. Seulement, je ne sais pas ce que c'est. Ni si ce sera dangereux ou non.
Tu n'as rien dit à la Curia ?
Non. Je n'ai pas de preuve. Ce n'est qu'un pressentiment.
Est-ce que… C'est comme une prémonition ?

Le loup blanc releva la tête, son neveu détourna la sienne, embarrassé. Sourire. Il récupéra un bandage et l'enroula avec soin autour son avant-bras.

Un peu. Une prémonition très floue et très incertaine.

Une épingle fixa le tout.

Il n'y a rien de sûr, alors je n'ai rien dit pour ne pas t'inquiéter.
C'est un peu raté.
On est d'accord. Mais tu me pardonnes ?

Il y avait une pointe d’appréhension dans sa voix. Andréa acquiesça. Respirer.

Tu t'es fait mal ailleurs ?
Non, c'est bon.
Bien.

Il referma la trousse de secours.

Dolores passera demain pour s'assurer que tout va bien.
Je préfèrerai aller à son cabinet…
Tu t'inquiètes pour l'oiseau ?
Un peu.

Edward secoua la tête et se leva. Il se rapprocha, passa et repassa sa main dans sa tignasse d'ébène sans possibilité de la discipliné, puis il lui glissa :

Il est tard. Va dormir.
D'accord.
Demain, j'avertirai les jumeaux que tu ne p–

Andréa s'était pétrifié sous ses doigts. Inquiet, le loup blanc interrogea :

Qu'est-ce qu'il y a ?
Je… Le-Les… La police…
Andréa calme toi, je ne comprends pas.

L'inspiration fut phénoménale.

Les jumeaux étaient à la fête. L-La police les a arrêté !
Quoi !?
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeVen 7 Juin - 20:46

- N’y a-t-il aucune solidarité entre collègues ? Comment ont-ils pu me mettre avec eux ? Maugréa le démon, la mâchoire crispée.

Assis dans le fond de la cellule, Ryden se tenait la tête entre les mains. Cela faisait maintenant plus d’une heure qu’il supportait ce bruit assourdissant et incessant. D’un côté, il entendait Madame De Montalant se plaindre de sa voix tonitruante et corrosive. De l’autre, c’était Monsieur De Montalant qui geignait comme un petit garçon trop gâté. Les deux protestaient verbalement et avec beaucoup de gestuels, mais aucun ne semblait se mettre d’accord sur quelle injustice ils faisaient face. Le démon, lui, il le savait ! C’était insupportable. Ils étaient insupportables ! Comment faisaient-ils pour s’endurer mutuellement ? Ces nerfs étaient à vif. Il n’avait qu’une envie, se percer les tympans pour ne plus les entendre.
Il n’en pouvait plus. Non ! Il fallait mettre fin à cet infernal supplice, peu importe les conséquences. Ils devaient faire quelque chose, sinon il ne survirait jamais une heure de plus.
À bout de nerfs, il se leva d’un bond.


- VOUS ALLEZ LA FERMER À LA FIN ! MERDE ! Vous ne faites que jacasser sans cesse ! Oui, elle a séduit votre mari ! Et alors, revenez-en ! C’est son métier. ET NON, on n’a pas gâché votre foutu bal à la con ! Mais maintenant, je le regrette presque ! Surpris par la force et l’agressivité dans la voix presque inhumaine du démon, le couple se colla l’un sur l’autre. Serra, tu n’aurais pas du fil et une aiguille, qu’on leur couse leur infâme petite bouche !?

L’interpellée, occupée à attirer l’attention du bel inconnu dans la cellule voisine, daigna à peine lui jeter un coup d’œil. Elle devait être l’une des rares parmi tous les détenus à s’amuser de la situation. En fait, tout semblait être un divertissement pour elle.

- Non, désolée.
- D’accord. Soyons créatif alors.

Le démon pivota vers les De Montalant, un énorme sourire carnassier étirait ses lèvres, dévoilant une dentition de prédateur. Au même moment, l’ampoule éclairant la pièce se mit soudainement à flasher, produisant presque un effet stroboscopique. Le jeu d’ombres et de lumière qui se projeta sur son visage, lui déforma les traits, lui donnant un air monstrueux, malveillant voire démoniaque. Mais il n’y avait pas que lui. Son ombre avait, elle aussi, changé. Elle avait grossi. Et le plus effrayant n’était pas son imposante présence. Non ! C’était plutôt cette étrange impression qu’elle se mouvait alors que son maître restait immobile. Elle semblait ne plus répondre à aucune loi de la physique, comme si elle possédait une volonté propre à elle-même. Mais était-ce vraiment qu’un jeu de lumière ?

Devant cette vision d’horreur, le couple recula jusqu’à heurter l’un des murs de leur cage. Tous deux sursautèrent lorsqu’ils sentirent le contact froid des barreaux dans leur dos. Edmond tenta futilement de reprendre un semblant de prestance, mais dès que Ryden fit un pas dans leur direction, il se plaqua derrière sa femme, la queue entre les jambes. Puis, les deux aristocrates s’effondrèrent au sol, sans un mot. Tous leurs membres tremblaient d’effroi.

Et aussi soudain, la lumière revient à la normale. Elle cessa de s’éteindre. Satisfait de son petit effet, le démon se rassit sur l’unique banc de leur cellule, comme si rien ne s’était passé.


- So…so…sorci…ère Réussit à articuler Adélaïde d’une toute petite voix tremblotante.

Le démon n’eut qu’à lui lancer un coup d’œil et la femme se tut aussitôt. Par crainte, elle cacha même sa tête dans les bras de son mari.
Serra s’était aussi retournée et le dévisageait à présent, surprise elle-même par la réaction de son compagnon. Il sentait son regard et celui des autres sur lui, mais préféra les ignorer. Au lieu de quoi, il se coucha sur le banc, prenant toute la place, le regard viré vers la petite fenêtre. Il observa d’un air distrait le ciel étoilé.


- Ce n’était qu’une coïncidence, dit-il avec insouciance. N’allez pas m’octroyer des pouvoirs occultes parce que la lumière faisait des siennes. Je n’y suis pour rien.

Il se tourna ensuite face au mur, leur montrant son dos encore humide. Il croisa les bras, et les yeux clos, il espéra qu’on le laisse tranquille. Comprenant le message, Serra porta à nouveau son attention vers la cellule voisine.
Les deux savaient que les heures pourraient être longues avant qu’on ne les libère. Si l’un tenta de dormir, ou du moins faire semblant, l’autre préféra utiliser son temps à bon escient. Elle sentait le remords chez l’homme alcoolisé. Et selon elle, il n’y avait rien de mieux que de s’amuser au détriment d’autrui. Elle joua donc sournoisement avec sa culpabilité alors qu’il dégrisait lentement.

Mais soudain, Ryden ouvrit grand les yeux. Un détail, qu’il avait oublié jusqu’à présent, refit surface. Il s’assit, troublé.


- Hé, Serra. Te souviens-tu d’avoir remarqué une mystérieuse femme durant la soirée ? Il fit une brève description… Elle avait les cheveux noirs, tressé. De cette grandeur, environ. D’une certaine façon, elle te ressemblait. Toujours le sourire aux lèvres, comme si tout cela était un jeu.  
- Non. Pourquoi ?
- Pour rien. Elle m’a tout simplement semblé étrange. J’aurais bien aimé en savoir plus sur elle.
- Parce qu’elle s’amusait pendant que les autres pleuraient leur vie ?! En quoi est-ce étrange ?
- Et vous, Lyn ? Est-ce que…
- Oublie-la, Ryden. Tu as sûrement mal interprété. Coupa la gumiho. Tu ne penses tout de même pas qu’elle était la « sorcière » ? Qui serait assez stupide pour faire cela ? À moins de désirer le bûcher.
- Tu as probablement raison, répondit-il, pensif.
- Évidemment, j’ai toujours raison ! Je suis ta Ô Grande Maîtresse du Savoir Absolue. Ricana-t-elle. Alors, montre-moi plus de respect, mon bel esclave aux habits douteux !

À ces mots, le démon, découragé par le comportement immature de sa compagne, se recoucha, en lui tournant encore une fois le dos. Ce qui fit rire la femme.

- Seulement pour les trente heures à venir, marmonna-t-il avant de se fermer les yeux.

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Quetzalcoatl
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Quetzalcoatl

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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeSam 8 Juin - 1:57

« En cellule ?... Comment cela, en cellule ?...
– C’est la consigne. Avancez.
– Mais vous n’avez aucune charge ! C’est complètement insensé, c’est–
– Laisse, Morel, ça fait rien…

– Mais enfin, nous n’avons rien fait !
– Dans ce cas, on vous laissera ressortir dès que les plaintes pour coups et blessures auront fini d’affluer. »

Morel avala sa salive. Il repensait aux coups de planche. Si jamais l’un de ces fous décidait de l’accuser, il risquait de se retrouver dans de beaux draps… Jamais il n’aurait songé avoir à craindre un jour la police parisienne, mais dans le chaos qu’avait été cette soirée, il doutait soudainement de la capacité des agents à démêler le vrai du faux. Les Lenoir, eux, avaient pris un air plus renfrogné depuis qu’on les avait embarqués dans l’attelage, comme si passer la nuit derrière des barreaux ne les impressionnait pas plus que cela. À cette seule pensée, l’étudiant, lui, avait la sensation de se décomposer sur place, à la fois d’angoisse et de honte.  

« Mineurs ? demanda un autre policier, qui montait la garde devant une porte.
– Ouaip
, maugréa Frédéric.
– Mets-les en dégrisement, on a personne ce soir. »

Il leur ouvrit la porte, et Landain les conduisit à travers un couloir mal éclairé, qui donnait sur une rangée de cellules alignées de part et d’autre. Il tourna à un angle, et les fit entrer dans l’une d’elles située en retrait, qui empestait l’urine et la vomissure.

« Mais j’ai 21 ans depuis octobre… souffla-t-il en chemin au jumeau qui marchait à côté de lui.
– Chut, Morel… »


Comme on fermait la porte derrière eux, l’autre jumeau posa sur le sol un regard inquisiteur, avant de s’asseoir lourdement par-terre contre un pan de mur qu’il devait peut-être estimer moins sale que le reste. Morel le fixa d’un air outré. Dans la pénombre, il avait du mal à savoir lequel était lequel.

« T’s’ras mieux traité si t’es mineur, c’est tout. »


Le deuxième vint s’asseoir à sa gauche.

« T’pourras toujours leur dire après.»


Le sorbonnard ne sut trop quoi répondre. Il resta planté là un moment au milieu de la pièce, submergé par l’odeur, la pénombre et la situation en général. L’un des plus jeunes éternua et s’essuya sur sa manche.

« Ça schlingue pire.»


L’autre acquiesça. Morel fronça le sourcil, toujours indécis quant à la marche à suivre, tendu comme un arc. Comment pouvaient-ils rester si calmes ?! Comment pouvaient-ils s’asseoir dans… dans ça ? Il lâcha d’un ton sec :
« Ah oui ? Et pire que quoi ?
– Pire qu’l’aut’ fois.»


Les jumeaux soupirèrent de concert. Le premier qui s’était assis leva enfin le regard vers lui.

« Ho, Morel, détends-toi. C’est just’une garde-à-vue, lô. Assis-toi, t’es tout pâle.»


L’étudiant se contenta de cligner des yeux, et d’expirer bruyamment.

« Quoi, ça vous est déjà arrivé souvent ? »

Sa voix avait une intonation sarcastique, comme s’il ne pouvait imaginer que la réponse fût positive.

« Bah, une fois ou deux…

– Nan, quatre.

– T’comptes la fois dans l’marché ?

– Oui.

– Ah.

– Et l’coup d’après l’auberge, aussi.

– Ah, ouais. Bon bah quatre, alors.

– Quatre. »


Les jumeaux hochèrent la tête à l’unisson, satisfaits de leur compte.

« Pis une fois sans Fred, aussi, mais j’sais pas si ça compte. »


Morel les fixait sans rien dire ; il assimilait lentement l’information. Il détourna les yeux, et posa son front contre les barreaux, autour desquels il passa une main. Le métal était suspicieusement collant. Refusant de songer au pourquoi, il fit un pas en arrière, dégouté, et essuya machinalement sa paume sur son costume froissé.

« Je n’aurais pas pensé… Vous n’avez pas vraiment l’air.
– Pas l’air de quoi ?...

– …Je ne sais pas.
– T’sais, c’peut arriver à tout l’monde, hein !

– Y’a pas qu’les malfamés, tsais, c’des conn’ries…

– Pis t’y es bien, là, toi.

– C’est vrai, c’est vrai… »

Il laissa échapper un soupir funèbre, s’approcha, et, sans crier gare, se laissa tomber assis à côté d’eux, la tête renversée contre le mur malodorant. Ce n’est qu’à cette distance que, dans la semi-pénombre, ils remarquèrent que son menton tremblait.

« Eh, Morel… Pleure pas, c’est rien, j’te jure…

– Je ne pleure pas.
– … »


Il ramena ses genoux contre lui, et posa la tête dans ses bras.

Un silence pesant s’installa entre eux, qui s’étira lentement. Aucun des jumeaux ne fit un mouvement vers lui, lui laissant l’espace nécessaire pour se ressaisir. Passé un moment, il entendit un bruit de tissu, renifla doucement et tourna la tête, la joue toujours posée au creux de ses bras. Il avait l’oeil humide, mais plus calme qu’avant. Il fronça les sourcils en remarquant qu’un des garçons avait de nouveau saisi l’une des mains de son frère dans les siennes. Frédéric, décida-t-il. Le plus proche de lui devait donc logiquement être Morgan. Il lui jeta un regard.

« Ça va mieux, tes mains ? »

Les frères se tendirent en même temps, d’un mouvement qui serait resté imperceptible s’ils n’avaient été si proches.

« Ça va, t’inquiète. »


Freddy couvrit instinctivement les mains de Morgan avec ses paumes. Morel se sentit étrangement seul, tout d’un coup. Les jumeaux étaient exclusifs, ça n’était pas nouveau. Mais à ce point-là, parfois, c’était…
Un frisson le prit, qu’il eut du mal à maîtriser. Il chercha une distraction.

« C’était quoi, le premier coup ? »

Ils rirent et se mirent à parler en même temps, comme ils faisaient souvent.

« On s’était fait embaucher pour trois nuits, dans un café.

– Contre l’gîte et l’manger on f’sait l’animation.

– Le manger ET l’à boire, ‘faut t’dire !

– Bah sauf qu’on a bu plus qu’on a mangé.

– On était pas bien vieux.

– On a fini ronds bourrés comme des queues d’pelles.

– À chanter des chansons. Y s’peut qu’Morg’ ait failli finir à poil.

– Y s’peut qu’Fred ait failli crâmer la table.

– Y s’pourrait ben aussi qu’il était pas sept heures du soir.

– On a fini au poste.

– Mais on a pas vomi. Et on a pas pissé non plus.

– On est propres, nous, môssieur. »


Leurs sourires identiques et leurs yeux malicieux firent leur office : Morel, presque malgré lui, se mit à rire. D’un rire un peu moins heureux qu’à l’accoutumée, mais c’était déjà ça.

« Quel âge vous aviez ?
– C’tait y’a deux ans.

– Dieu du ciel ! »

Morgan lui posa une main sur l’épaule et Fred commenta, d’une voix calme.

« T’inquiète, va, ça ira. »


Le sourire ne quitta pas tout à fait les lèvres de Morel et ses épaules se détendirent un peu, mais il fixa le sol devant lui un moment.

« Mon père va me tuer, quand il apprendra ça. Je ne sais même pas pourquoi ils vous ont embarqués. Et mes soeurs… »

Il grimaça. Morgan haussa les épaules.

« Bah, z’auront rien cont’ nous, t’façon. C’va pas durer.

– J’espère… Imaginez que quelqu’un ait vraiment été blessé, quand j–
– Pasqu’y fait quoi, d’jà, ton père ?... »


Le jeune homme lui adressa un regard entendu. Il est vrai qu’envisager des hypothèses désastreuses maintenant n’allait pas les avancer à grand-chose.

« …Il produit du vin, dans le Sud de la France. Il possède un domaine reconnu.
– L’est paysan, quoi ?

Non, il gère une grande exploitation. C’est un notable très respecté dans ma région.
– Ah… Mais du coup, t’es bien d’la campagne, toi aussi... »

Morel roula des yeux, amusé malgré tout.
« On croirait entendre Duval. »

Le silence retomba pendant quelques secondes. Un voile de dépit passa brièvement sur le visage de l’étudiant.

« Duval, celui-là, jamais là quand on aurait besoin de lui, évidemment…
– Dis pas ça, de Freilly était pas bien, l’a dû l’ram’ner chez lui.

– C’est vrai… J’espère qu’ils vont bien. Lui aussi, à l’heure où on parle, il doit être en "dégrisement" !
– Et pis d’ailleurs, Morel, en parlant d’ça… »

Le sorbonnard tourna un regard interrogateur vers Frédéric, qui venait de retrouver son sérieux.
« …Ça s’rait pas mal qu’y restent en dehors d’ça, Duval et de Freilly.

– Comment ça ?
– Ouais. Et qu’tu t’souviennes d’la bonne femme.

– …
– Ça s’rait plus simple, c’est tout.

– Je ne vous cache pas que je n’y comprends rien, à votre histoire…
– Cherche pas, ça sert à rien… »


Il les toisa du regard, sceptique. Même assis, il les dépassait légèrement.

« …C’est juste que quand y s’coupe, même rien qu’un peu, y pisse le sang comm’ pas permis.

– Mais j’me suis rien fait, t’as bien vu.

– Du coup ça évit’rait juste qu’les flics nous gardent pour rien.

– … »

Il recula son dos contre le mur, en expirant longuement, le regard fixé devant lui.

« Mouais… »

Les deux frères se lancèrent un coup d’œil à la dérobée. Leur ami ne semblait décidément pas convaincu par leur explication, mais au moins il ne leur demandait pas plus de comptes que ça. Morgan déglutit, soucieux de ravaler son malaise. Il oubliait, parfois, qu’il n’était pas complètement humain, quand il se sentait en confiance, mais la réalité avait le don de se rappeler à eux d’une manière souvent brutale.

Frédéric, lui, toisait toujours l’étudiant de son regard fixe. Il pouvait presque entendre le cliquetis des rouages de son cerveau, tournant à vive allure, et tentait de deviner quelles conclusions s’y formaient après leur improbable soirée. Il sentit son ventre se nouer en y repensant. D’un geste silencieux, farouchement protecteur, il passa le bras autour des épaules de son frère et l’attira contre lui. Morel se passa une main sur le visage avant de poser les yeux, furtivement, sur les mains de Morgan toujours couvertes par celle, libre, de Fred. Il allait passer une mauvaise nuit, certainement.

« Et au fait, Morel...

– Hm ?
– Merci d’avoir aidé.»
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeSam 8 Juin - 22:31

« Et donc tu as récupéré un nouveau pigeon. Voilà ! Regarde Manfred a déjà hâte de pouvoir faire sa connaissance ! Non, tu ne dois pas lui picorer les yeux ! Non Manfred ! Laisse le donc dormir, vous ferez connaissance demain matin. Tu vas le garder celui-là aussi ? Tout dépendra de lui, mais il avait juste une aile et une patte blessée, on est loin de Manfred qui était presque coupé en deux. Et regarde ce chef-d'œuvre qu'il est devenu ! Andréa avait l'air d'y tenir d'après Adam, peut-être qu'il le récupérera le temps qu'il récupère. C'est dommage j'étais contente que Manfred ait un nouveau copain. Mais je dois être forte ! Ne pas céder à l'infidélité et à la tentation. Non ! Ne me regarde pas comme ça doux volatile souffrant ! Je ne puis t'accepter au sein de ce cabinet que je partage déjà avec un membre de ton espèce ! Il dort là. C'est son esprit qui me parle Louise ! Adam ! Venez me libérer de l'étreinte de cette adorable petite créature tombée au combat ! Oh ! Et si je l'appelais Major Helmut ? Nooon je m'attache déjààà… Vite Louise, sortons de mon bureau ! Tu ne dois pas succomber à ses appels ! Haa… Allez descends dans la cuisine pour boire un café. Adam tu… Oh ? Il s'est endormi ! Qu'est-ce que tu fais ? Non laisse le dormir Dolores ! Pose cet encrier ! Ne me regarde pas avec ces yeux sinon je retourne chercher Major Helmut. Allez ! Bon d'accord… Ce ne sera pas sa première nuit au cabinet de toute manière. Je me rattraperai demain ! Le jeu de dames est en bas ? Oui tu veux faire une partie ? »

Pendant que la doctoresse et sa secrétaire descendirent à la cuisine, Yvonne quitta la chaise sur laquelle elle était assise et sauta sur les jambes d'Adam, endormit sur son tabouret, la tête et l'épaule contre le mur. La drôle de chatte s'enroula lentement sur elle-même et ferma les yeux à son tour.

« Ils n'y ont vu que du feu, tout le monde m'appelait Monsieur ! Vraiment je suis persuadée que mon père serait ravi de savoir que j'ai pu me déguiser comme ça. Je lui écrirai demain je pense pour lui raconter. C'est quand même difficile à croire toutes ces choses qui arrivent en ce moment. Déjà le cirque c'était quelque chose, mais un ballon géant ? Oui et il y a bien failli y avoir un mort en plus de ça. Je demanderai à Edward ce qu'il en pense et ce qu'il a vu. Je prends ton pion ! Peut-être qu'il va changer un peu la politique du cabaret pour protéger les clients et les employés. Ah tiens j'ai récupéré les tracts qu'ils ont déposé ce soir, tu veux voir ? Oui, montre. Personnellement je n'ai pas vraiment à m'inquiéter vu que je suis déjà morte, mais c'est vrai que je ne me sentirais pas vraiment en sécurité à l'heure actuelle. J'ai pris tes deux pions. Tiens voilà. Ils sont quasiment identiques à ceux distribués au cirque. Et voilà ma première dame ! Je vais l'appeler Purpurine la Gandiboisée. À l'attaque Purpurine ! Je la prends avec ma dame. Noooooon Purpuriiiine ! Et tu sais ce qu'il va se passer pour les De Montalants ? Les pauvres, deuxième soirée, deuxième fiasco. J'ai cru entendre qu'ils avaient une nouvelle expédition de prévue d'ici quelques semaines, peut-être qu'ils vont en profiter pour faire profil bas le temps qu'on oublie tout ça. C'est dommage je les aime bien ! Mais ils ne répondent pas à mes lettres… Je pensais tenter de les approcher ce soir après avoir su qu'ils étaient les organisateurs mais un serpent géant gonflable a tout saboté ! Ils se sont fait prendre par la police ? Je crois. Tant pis ! Toc, toc, et toc, je te rafle trois pions ! Moi aussi. Et je continue. Voilà, j'ai gagné. Muh tu as triché je suis sûre ! Rappelle moi qui a voulu déplacer mes pions tout à l'heure ? Allez une nouvelle partie ! Cette fois je prends les blancs. »

Assoupie sur les jambes d'Adam, Yvonne se tourna de nouveau, puis s'étira. Elle ouvrit alors un œil et aperçut un petit moucheron voleter au niveau du visage de l'assistant, toujours profondément endormi. Mais… ! Cette petite chose était en train de la narguer ?!

« Reine Gerbille septième du nom, emporte l'armée adverse dans ta terrible fureur ! Il l'a vraiment cogné à coup de plateau de petits fours ? Puisque je te le dis ! Après il a dit un truc comme « Voilà ce qu'il en coûte de s'en prendre à la légendaire Docteur Keller ! » et paf ! Mouais. Si je t'assure ! Même la petite Rose-Lise était impressionnée ! Que veux-tu, j'ai bien mené l'éducation de mon assistant, voilà tout. Je crois même qu'il a menti à un policier. … Tu rigoles. Non je te dis ! Le jeune Adam frêle et timide a disparu Louise, maintenant c'est un fidèle guerrier, fort et courageux ! Bon après il a pleuré un peu et il a paniqué quand j'ai dit que j'allais tout raconter à sa fiancée. Mais quand même ! Je comprends mieux pourquoi il s'est endormi comme ça. Heureusement qu'il n'a pas été blessé, je m'en serais voulue. Je peux récupérer mon pion ? Non. Je discuterai quand même peut-être un peu avec lui demain pour être sûre que tout va bien. Je ne veux pas d'un assistant tout traumatisé ! Je demanderai à Anita demain matin si elle a des nouvelles sur l'état de la place Saint-Michel. Les policiers ont dû tout quadriller. La Curia a dû intervenir aussi non ? Aucune idée, je n'ai pas pu demander à Edward. J'en discuterai avec lui demain. Et cet homme blessé par balle tu sais de qui il s'agit finalement ? J'ai déjà vu son visage plusieurs fois, je crois qu'il était à la première soirée des De Montalants. Enfin le principal est qu'il soit hors de danger. Cela faisait longtemps que je n'avais pas touché à un corps d'humain. Cela ne m'avait pas manqué. … Hm. Quoi ? Non ta dame ne peut pas voler par dessus ton autre dame. Non, non c'est pas ça. Enfin l'idée est bonne, mais j'arrive pas à comprendre ce qu'il s'est vraiment passé. Je veux dire, partout on dira que c'était un simple accident et que le ballon est devenu hors de contrôle. Mais c'est quand même louche cette histoire. Il y a forcément quelque chose en plus, mais j'arrive pas à mettre le doigt sur ce dont il s'agit. Ça me travaille. Déjà depuis le cirque j'ai compris que quelque chose ne tournait pas rond. Mais peut-être que cela remonte à encore plus tôt ? Qu'est-ce que tu veux y faire ? Au bout d'un moment ce n'est plus de ton ressort. Si ça se trouve il y a un complot planétaire contre moi ! On cherche à me faire comprendre quelque chose ! Peut-être que je suis l'élue d'une prophétie séculaire sur le point de se réaliser ! Mais je ne suis pas prête ! Ou peut-être que si ! Allez bois ton café sinon tu ne vas pas dormir de la nuit. D'abord on finit la partie ! Gurgnedar Vraaesnyr, l'accomplissement de la légende qui porte mon nom dépend de toi ! »

Le nez. Puis l'oreille. Et maintenant la branche de lunette. Yvonne restait immobile, mais ses yeux suivaient avec application le trajet du moucheron. S'il venait à descendre un tout petit peu plus bas, alors… Maintenant !

*SBRADOUM BOUM*

« Qu'est-ce qu'il se passe là-haut ? Yvonne m-m-mais qu'est-ce que tu f-fais ! Shht a-arrête d'aboyer ! Adaaam ! On est en bas ! Ah il arrive ! Bonsoir princesse du monde des rêves, avez-vous bien dormi ? Yvonne m-m'a sauté dessus… Ah c'était ça le bruit. Vous voulez du café ? Je viens de finir ma tasse mais il y en a encore là-bas. Restez ici pour la nuit Adam, il est trop tard pour rentrer. O-Oui, merci… Bon, un partout Dolores, on fera la belle demain ? Ah, elle s'est endormie, le café a fait effet. Allez vous rendormir vous aussi Adam, mettez vous dans le fauteuil du bureau. Faites juste attention à Major Helmut. Q-Qui ? … Ah le pigeon. »

Louise se contenta de hocher les épaules en soupirant. Elle récupéra la tasse vide de la doctoresse profondément endormie et laissa Adam remonter dans le bureau. La femme fantôme jeta un œil au prospectus froissé posé sur la table. Si elle était encore vivante, pensait-elle, sans doute aurait-elle senti un frisson lui parcourir le dos.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeDim 9 Juin - 11:47

Sur le pas de sa porte, Célestine remercia chaleureusement sa camarade d'un soir, qui avait aimablement accepté de la raccompagner jusqu'à chez elle. Les traits fatigués, les cheveux décoiffés, la pauvre petite dame regarda son amie s'éloigner dans son costume bariolé puis rentra chez elle, penaude. La première chose qu'elle fit fut d'enlever son propre manteau de plumes avant de s'installer dans son petit fauteuil brun dans un soupir d'épuisement. Aussitôt un pépiement délicat parvint à ses oreilles. Célestine tourna la tête et adressa un sourire tendre à Madame Touttie, son petit canari. Quelques secondes plus tard, la petite dame s'était déjà endormie.

Cette nuit-là, Célestine fit un drôle de rêve. Elle avançait dans une volière couverte de fleurs en tout genre. Des oiseaux volaient sans un bruit, mais leurs plumes bariolées n'étaient pas sans faire écho aux nombreux costumes que la petite dame avait aperçu ce soir-là. Parfois elle se retrouvait à discuter avec une petite fille, ou était-ce une vieille dame ? Elle ne parvenait pas à voir son visage, mais sans comprendre comment, la voilà assise sur une chaise en fer blanc, une tasse de thé au jasmin dans la main. Dans le ciel, une ombre inquiétante serpentait nerveusement, comme sur le point de s'écraser sur elle, sans pour autant jamais vraiment s'approcher. Oui, le rêve de Célestine sortait de l'ordinaire, comme cette soirée qu'elle avait vécu, bien qu'elle n'en gardait que de maigres souvenirs. Peut-être, pensa-t-elle, qu'elle devrait aller voir un médecin, pour s'assurer que tout allait bien ? Un nom lui revint à l'esprit à ce moment là, mais s'en souviendra-t-elle à son réveil ?

***
Au même moment, à la bibliothèque de Minerve, tous les employés avaient les yeux rivés sur les larges portes d'entrée. Les visiteurs s'étaient eux aussi joints au groupe de bibliothécaires, sans trop savoir ce qu'ils attendaient exactement. Charles-Alexandre frottait sans cesse le seuil de la porte dans des aller et retour incessants. Enfin, une silhouette emplumée fit son apparition. Le masque dans sa main, Fennella écarquilla ses trois yeux en voyant son comité d'accueil. Tous ses collègues éclatèrent de joie et se ruèrent vers elle, heureux de la voir rentrer en un seul morceau. Ignorant exactement ce qu'il s'était passé à Paris, beaucoup avaient imaginé le pire. Les sœurs zombies avaient d'abord avancé l'idée d'un accident de cab, puis Indira avait proposé quelque chose de plus sensationnel, comme une inondation de la Seine. Finalement de fil en aiguille, tout le monde crut à la destruction de la capitale française par une pluie de météorites et un tremblement de terre causé par l'éruption d'un volcan.

- Il n'y a pas de volcans à Paris.

Ce fut là la première réponse de Fennella à ses camarades qui se bousculèrent pour savoir ce qui avait bien pu lui arriver. La jeune bibliothécaire, malgré son calme habituel, portait sur son visage des traits qui trahissaient sa fatigue. Rares étaient les occasions de la voir dans un tel état. Même l'évasion d'une créature habitant un livre maudit ne l'aurait pas autant marquée. Après plusieurs minutes de questions intempestives, Fennella parvint à s'isoler avec ses collègues, le temps pour elle de leur expliquer concrètement quels événements avaient eu lieu à Paris. De son côté, Niklas lui expliqua la directive de Lotte, qui par ailleurs n'était toujours pas sortie de son nid de coussins depuis lors.

- Il ne fallait pas s'inquiéter à ce point pour moi…
- Mais tu étais toute seule là-bas !
- On avait peur que tu ne rentres pas !
- J'étais volontaire pour faire cette sortie, je savais quels risques j'encourais. Nous devrions reprendre le travail.
- Alors là pas question, tu te reposes !
- Je vous dis que je vais bien.
- Repose toi Fennella, ils ont raison.

La voix de Lotte coupa court à toutes les autres objections des bibliothécaires qui se turent et se redressèrent, cherchant des yeux leur directrice. Une étagère de livres située à leur gauche s'ouvrit alors, dévoilant le petit corps de la Simurgh, tenant Gutty endormi dans ses bras. Tout le monde fut soulagé de la voir en pleine forme, en particulier Fennella qui s'était déjà levée et peinait à contenir l'émotion qui s'emparait d'elle. Ses trois yeux tressaillirent quelques secondes avant de reprendre leur expression calme habituelle, bien que les mains tremblantes de la bibliothécaire trahissaient sa fatigue.

- Merci, tout le monde, de vous être occupé de la bibliothèque. Vous avez fait du bon travail. Toi aussi Fennella.
- Je vous remercie, madame la directrice.
- Maintenant que la Curia est sur place, cela ne nous concerne plus. Retournez à vos postes. Fennella, reste ici, Boniface vous vous occuperez de sa section en attendant.

Tout le monde acquiesça et quitta la pièce, laissant la directrice seule avec son employée. La plus petite fit un signe de la main pour faire venir une chaise jusqu'à elle.

- Tu es sûre que tout va bien ?
- Oui, vous n'avez pas à vous inquiéter pour moi.
- Cela a dû te rappeler de mauvais souvenirs, je m'excuse de t'avoir confrontée à cela de nouveau.
- Vous n'êtes en rien responsable. Ce n'était qu'un petit accident, et grâce à votre intervention je n'ai rien eu.

La directrice soupira. Elle laissa Gutty descendre de ses bras, ce dernier venant de se réveiller et désirant déjà rejoindre Fennella pour jouer avec elle, puis quitta sa chaise qui disparut aussi vite qu'elle était venue.

- Madame désirait te voir, je te laisse avec elle. Pense à te reposer.
- Très bien. Merci madame la directrice.

Lotte adressa un hochement de tête à son employée puis le laissa avaler par une étagère de livres qui se referma aussitôt après son passage. Quelques secondes après, une grande silhouette ornée d'oreilles de lapin entra dans la pièce, tenant dans ses bras un service en porcelaine chargé de thé et de petits gâteaux. Fennella lui adressa un sourire discret et l'invita à s'installer auprès d'elle.

De son côté, Lotte se retrouva perchée sur un petit balcon, surplombant de plusieurs mètres de haut l'entrée de la bibliothèque. Au sol, l'afflux de visiteurs ne s'était pas interrompu, et tout le monde avait repris son travail, bien que chacun gardait une petite pensée pour leur collègue. La Simurgh, quant à elle, ne parvenait pas à ôter quelques mots qui résonnaient encore dans sa tête.

Nous nous recroiserons. Alors, tout sera différent. À bientôt Simurgh.

Oui, cette fois, tout sera différent.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeDim 9 Juin - 15:00

- Plus tard les questions j'ai dis. Répéta-t-il avec la même fermeté en croisant le regard interrogateur de Rose.
- T'as rien d'autre à lui dire sale flic ? T'devrais lui présenter des excuses plutôt !

Aldrick retint à grand peine un soupir. Pourquoi Diable Rose s’embarrassait-elle de cet enquiquineur ?

Le lycanthrope aurait voulu disparaitre. Ou au moins faire ravaler son sourire narquois à l'Italien ! Mais ça avait été plus fort que lui : en la voyant là, au milieu de la foule, il s'était élancé vers la contrebandière sans réfléchir, l'étreignant avec force contre son cœur affolé ; ce, sans même se rendre compte de la présence d'aucun de ses collègues, pas même Tobias qui s'évertuait à hurler cet atroce surnom dans son dos. Le commissaire observa la blonde à la dérobée, sans réussir à croire complétement que la marque carmin qu'il avait ôté de ses lèvres -avec une douceur rare- était sa seule égratignure.

- On a failli finir au poste à cause de toi !
- C'est sûr que ton numéro d'amant épris était plus qu'au point ! Grommela l'agent avec ironie.
- T'bile pas « Bouuuucleeeette », commença-t-il dans un accent pseudo-anglais, je...
- Ferme la, ou je t'en colle une ! Coupa le loup avec agacement, de fort mauvaise humeur, malgré le rouge à ses joues.

À ces mots, le mafieux se renfrogna, mains dans les poches et air boudeur, il jura dans un italien plus que coloré.

* La prochaine fois je saucissonne Tobias et je l'attache à un arbre ! Pff ! Julius ne va pas me lâcher avec ça ! Quelle plaie ! Dire que sans l'intervention de cet oiseau on aurait eu de bien plus gros ennuis... Enfin, si tant est que le fait qu'il se soit posé sur Rose et qu'elle soit peu bavarde depuis ne soit pas un mauvais signe. *

Il grimaça, en entendait encore clairement dans son esprit, la voix modulée de Tobias, prononcer dans un français parfait : « Nous n'avons pas de preuves contre eux, laissons les partir ».

* Ce n'était pas lui ! Définitivement il n'était pas lui-même ! Et puis cette puissance... C'était Charlotte Dubois, j'en suis certain ! Je ne pensais pas qu'elle pourrait faire ce genre de choses. Ce n'est clairement pas à la portée du premier venu. Est-ce qu'elle aurait pu aussi contrôler ce ballon géant ? Non, je n'ai pas ressenti la même sensation en essayant de le faire flamber. Mais alors qui ?! *

Deux minutes d'un silence pesant accompagnèrent le bruit de leurs pas sur le pavé, tant il était plongé dans ses pensées. Ce calme nouveau et l'air frais de la nuit l'apaisa quelque peu, si bien qu'il n'eut qu'un bref soupire quand la voix râlante de Julius reprit :

- Hey, c'est pas par là pour rentrer ! D'jà qu'on s'tape l'chemin à pied parce qu't'as laissé not' cab à une vieille bourge, alors si en plus on...
- On va voir Weidmann. Répliqua le policier.
- QUOI ?! S'étrangla l'Italien. Ça va pas ? Pourquoi on irait chez l'vioque à c'tte heure-ci ?
- Quand il dira que tout va bien pour vous, je vous laisserais tranquilles. L'Italien haussa un sourcil, manifestement peu convaincu, l'obligeant à questionner de mauvaise grâce : Tu ne veux pas qu'Iris t'examine ?

Le silence lourd de sens qui suivit lui donna raison. Point pour lui.

- C'est bien ce qu'il me semblait.

* Ne voit-il pas qu'elle a l'air bien plus troublée que d'habitude ? C'est gros comme le nez au milieu de la figure pourtant ! *

Il accéléra néanmoins, ne souhaitant pas avoir droit à une quelconque remarque de la part de la blonde. Leur dernier échange sur le sujet avait déjà était assez marquant comme ça, et si elle ajouta quoique se soit, malgré son état, le brun n'en écouta pas un mot.
En effet, les relents et les clapotis aqueux de la Seine réactivèrent en une fraction de secondes ses souvenirs. Dans son esprit, l'immense silhouette d'Edward se matérialisa lors de la fête, peu avant qu'il n'aperçoive Rose. Le loup blanc avait saisit par les bras sa cavalière de la soirée. Il en avait eu la certitude lorsque le vent avait tourné, cette odeur si singulière, c'était bien la sienne. Mais cette expression sur le visage du loup blanc, il ne l'avait encore jamais vu. Pas même pour Andréa.

* Qu'est-ce qu'ils fabriquaient ? Est-ce qu'il s'est vraiment calmé lorsqu'elle le lui a demandé ? Impossible ! Il n'a jamais cédé devant une femme à ma connaissance, surtout si ce n'est pas une louve ! Je n'entendais pas bien, mais de là à...*

- Attends comment ça s'fait qu'Iris vive avec Weidmann et surtout c'mment t'sais ça, toi ? Réalisa le jeune homme en s'arrêtant, une main sur la hanche, un index vindicatif pointé vers lui, une mine outrée plaquée sur son visage de séducteur.

Le loup noir soupira de lassitude.

* Ce type est encore plus prévisible qu'un gosse de 3 ans ! Il croit vraiment qu'ils sont amants ma parole ! *

- Il ne la touchera jamais. Jamais, d'accord ? Maintenant avance.
- J'suis pas un de tes larbins !
- Non, sinon tu aurais bien plus de neurones !
- De... Quoi ?
- On est pas rendus... Grommela-t-il en reprenant sa marche, pas décidé pour deux sous à lui faire un exposé sur la chose, quand bien même cela augmenterait sa culture générale.

Le loup ferma les yeux, voilà ce que c'était de trop fréquenter Axel et d'oublier que les avancées scientifiques récentes n'étaient pas parmi les priorités du reste du monde.

- Oublie ça. Bougonna l'agent en bifurquant dans une ruelle sombre. De toutes façons, on est arrivés.

Face à eux, au fond de l'impasse, une maison si étirée qu'on aurait dit qu'un géant l'avait aplatie entre ses deux larges mains pour la façonner, se dressait fièrement.

* J'espère qu'il a un téléphone, si Andréa n'est pas rentré au Lost, qui sait dans quel pétrin il a bien pu encore se fourrer ! En prime, si Edward sait quoique ce soit sur Charlotte, ce sera toujours ça de pris ! *

Une lumière s'alluma à l'étage. Weidmann était là.


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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête - Page 3 I_icon_minitimeSam 15 Juin - 11:55

Il était temps.

Deux silhouettes sortirent de l'ombre, le visage masqué par une capuche et s'avancèrent calmement dans la nuit. Derrière elles, leurs capes voletaient, ternies par l'absence de lumière, effleurant le trottoir qu'elles arpentèrent sur plusieurs mètres. Puis elles traversèrent la rue déserte et firent face au commissariat. L'éclairage généreux du porche révéla leur présence, les transformant en deux superbes oiseaux exotiques. Ce n'était pas leur place. Pourtant le bâtiment les happa, Siren passa la première.

Bonsoir Messieurs.

Cinq têtes se tournèrent dans leur direction. Mercier fit signe de se lever.

Ne bougez pas. Nous ne faisons que passer.

Il se figea. Sur sa figure s'imprima la marque d'une profonde incompréhension et d'un tiraillement nouveau. Siren s'en méfia. Elle rejoignit son bureau, reprenant sans le quitter des yeux :

Vous êtes fatigués après une telle soirée. Faîtes donc une petite sieste. Cela restera entre nous.

Les agents bâillèrent simultanément. Trois d'entre eux s'installèrent plus confortablement sur leur bureau et s'endormirent. Les deux derniers luttaient contre le sommeil et surtout, contre son ordre. Sa langue claqua avec réprobation.

Soyez coopératifs.

Le quatrième policier céda. Son faible ronflement rejoignit celui de ses collègues. Mercier se frotta les yeux, tentant de tenir ouvertes des paupières de plus en plus lourdes. Son corps engourdit retomba doucement sur sa chaise. Déployant ses dernières forces, il appela d'une voix presque inarticulée :

– C-Commi…

Siren se jeta sur lui. Elle lui saisit le bras et lança avec autorité :

Dors.

Mercier sombra. Aussitôt la jeune femme le relâcha, dégoûtée. Elle essuya ses doigts sur la jupe de son costume, puis traversa la pièce, pressée. Elle l'attendait. Dans sa main droite, cliquetait un trousseau de clefs, de l'autre, elle écarta une mèche blonde du visage courroucé de Siren. Celle-ci s'apaisa. La porte pivota et toutes deux s'engagèrent dans le couloir donnant sur les cellules. Elles le franchirent sans s'attarder, tournèrent à l'angle, puis s'arrêtèrent face à la pièce le plus en retrait. Le verrou frémit, le battant grinça, Siren entra.

Ne bougez-pas.

La lanterne de l'allée jeta une lueur faiblarde dans la petite salle. La jeune femme se tourna vers l'ombre qui se découpait sur le seuil.

C'est lequel ?

La silhouette s'avança. L'intensité de l'éclairage dans son dos augmenta soudainement, au point d'en paraitre irréelle. La lumière explosa dans la cellule, ciselant avec précision les visages des trois garçons installés dans sa crasse.
Éblouit, Morel se couvrit les yeux en grommelant. Ce geste naturel lui coûta cher. Il ne vit ni l'échange de regards entre les femmes, ni la plus jeune se pencher sur lui. Sa main effleura la sienne. Il sursauta au contact de leur peau, mais trop tard. Un murmure et Morphée l'accueillit.

Retour de la pénombre. Siren se redressa, mais ce ne furent pas ses iris qui croisèrent ceux des jumeaux. Des doigts blancs s'étaient doucement élevés dans les airs. Délicatement glissés sous le tissu, ils retirèrent la capuche d'une chevelure d'ébène encadrant un visage de craie. Un regard sombre, abyssal, se posa sur eux.

Bonsoir. Mon nom est Oracle.


- - - ∆V∆ - - -


– Monsieur Chevalier ?
Oui c'est moi.

Jules se leva. Dans ses bras pendait son manteau bariolé, tâché de sang. Sa figure crispée et l'agitation qui le secouait trahirent le retour brutal du stress dans un corps jeune, mais épuisé. Il fixa l'homme en blouse blanche qui l'avait rejoint. Ce dernier griffonna quelque chose sur le bloc qu'il tenait entre les mains, remonta ses lunettes, puis observa son interlocuteur.

– Vous êtes bien l'ami de Monsieur Delcambre ?
Oui. E-Est-ce qu'il va bien ?
– Il est hors de danger, rassurez-vous.
Dieu merci !
– Il a besoin de beaucoup de repos. Aucune visite n'est autorisée avant demain.
Je comprends. Quand pourrai-je passer ?

Le médecin ne répondit pas toute de suite. À son air sévère, Jules comprit qu'il était en train de le juger. Il pâlit. Le praticien retourna à ses notes.

– Selon Monsieur Delcambre : « Jamais. »


- - - ∆V∆ - - -


Tu es bien silencieuse.

Siren croisa les bras. L'air frais du soir se fit mordant. Elles avaient quitté le commissariat une vingtaine de minutes plus tôt et avançaient, à présent, à l'abri des sombres ruelles du septième arrondissement.
Leur entretien avait laissé les jumeaux libres. Leurs noms avaient été effacés du registre des arrestations. Le reste ne dépendait plus que d'eux et pour Siren, tout le problème était là.

J'ai eu tort selon toi ?

Sursaut.

Jamais je ne penserai cela !
Pourtant, le parchemin est à Paris, toi aussi tu pourrais le retrouver si tu le souhaitais.
Mais vous pensez que c'est le rôle de ces garçons de le récupérer et non le mien.
Je le crois.

Elles tournèrent à droite au bout de la rue et débouchèrent sur une petite allée à peine éclairée. Un cab les attendait. Un superbe étalon blanc, au pelage légèrement humide, lui était attelé. Pas la moindre trace d'un chauffeur. L'équidé salua leur approche d'un hochement de tête et d'un léger coup de sabot. Elles étaient en retard. Siren grommela en se hissant dans la voiture :

Pour deux minutes Eques ! Ce n'est pas la mer à boire !

Il souffla, mécontent. Oracle lui caressa gentiment le cou :

Excuse-nous de t'avoir inquiété.

Il se calma. Elle s'installa à son tour. Le cheval fit un seul pas et la voiture disparue.


- - - ∆V∆ - - -


Archives de la Curia
Secteur : Antiquité – Référence : PER-V-bab
Note : Document découvert en 1625 durant l'embellissement du palais de Bagdad par Abbas Ier.

Perse antique, cité de Babylone aux environs de - 489 av. J.-C. (date estimée)

Rapport - Arrestation de Badr Bâsim

Badr Bâsim, actuel conseiller royal, a été arrêté dans ses quartiers dans la nuit, accusé par Massoud, eunuque favori du roi, d'employer une magie interdite. À l'arrivée des gardes, le traitre Badr Bâsim a tenté de détruire les preuves de ses honteuses actions. Il n'a toutefois pu se résoudre à anéantir la totalité de son travail impie. Un ultime parchemin a été conservé et confisqué.
Ce rouleau a été remis au grand sage Nâssim, pour vérification. Il a alors été certifié que Badr Bâsim, conseiller royal, a cherché à s'opposer aux souhaits de Dieu, par la création et l'emploi de sortilèges défendus visant le partage, la modification et l'échange des âmes de toutes créatures vivantes. À la lumière de ces révélations et sur ordre de son altesse, Badr Bâsim sera exécuté aux premiers rayons du soleil.

Sur les conseils du grand sage Nâssim, le parchemin a été scellé et envoyé en lieu sûr dans un endroit où il ne pourra plus jamais être ni consulté, ni employé.

[Autre écriture]
Rouleau détruit durant l'incendie de la Grande Bibliothèque d'Alexandrie.




Ainsi s'achève la scène 4 du premier acte de notre intrigue !


Chacun a pu retourner chez soi, même après un petit détour en garde à vue. Suite à ces nombreuses péripéties, tout semble rentrer dans l'ordre à Paris. Mais les choses sont loin d'être terminées et d'autres surprises vous attendent ! Que va-t-il advenir de Jules et d'Armand ? Qui est donc cette mystérieuse Oracle et que prépare-t-elle ? Il faudra encore un peu de patience pour le savoir !

Merci à tous pour votre participation ! On espère que cette scène vous a plu !

Votre implication nous a fait très plaisir et grâce à vous l'histoire continue ! On vous espère aussi nombreux à participer aux prochains événements )o)
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