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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Un soucis de couture... [pv Andréa]

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Alexander Wenhams
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MessageSujet: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeMer 28 Sep - 18:53

Une fine lumière s'échappant des rideaux épais, toucha le visage pâle de la femme. Cela ne sembla pas la perturber jusqu'à ce qu'elle se mit à gémir doucement. Cet éclat passait juste au niveau de ses yeux, l'éblouissant légèrement malgré ses paupières closes.
Il fallait se faire une évidence, le soleil venait de l'empêcher de continuer son repos pourtant bien mérité. Se retournant doucement dans son lit, elle soupira et finit par ouvrir doucement les yeux, ses iris brillant comme des rubis, regardant dans le vague, sans aucunes émotions visibles.

La magicienne était passé sur scène durant la représentation de la veille. Éblouissant les clients par des illusions et autres tour de manches dont elle avait le secret. Bon cela, elle le faisait quasiment tous les soirs, non ce qui l'avait fatigué, c'était probablement le fait qu'il avait eu droit à plusieurs habitués, venus tous en même temps. De vrais casse pieds qui avaient exigés d'elle, qu'elle les rejoigne à leur table et leur lise leur avenir dans ses cartes. Une habitude qu'ils avaient avec elle.
Ordinairement, elle se contentait de circuler tranquillement parmi les clients, leur faisant des petits tours de magie ou leur tirant les cartes contre un petit pourboire. Généralement, elle n'avait qu'à gérer que deux ou trois clients amateurs de prestidigitation par soirs. Mais pour une fois, elle s'était retrouvé face à six d'entre eux. Était-ce jour de paye?

Tout en se redressant, Trinité grimaça légèrement, n'appréciant pas du tout cette sensation de fatigue. S'il y avait bien une chose qu'elle continuait à ressentir c'était bien cela. Quoi qu'il arrive, elle se sentait toujours lasse, mais là, c'était encore plus vif que d'ordinaire. Courir partout pour garder sa réputation auprès de ses clients, c'était on ne peut plus important à ses yeux. L'argent qu'ils lui donnaient était grandement utile, aussi elle ne crachait jamais sur cela.
Certain lui demandait souvent de venir les rejoindre pour qu'elle leur dévoile leur avenir dans son jeu de tarot, mais il était évident qu'ils ne voulaient que l'avoir auprès d'eux. Heureusement qu'elle avait de base imposé son métier de magicienne, sinon il y aurait longtemps que quelques uns auraient essayés de la tripoter.
Mais le cabaret était en endroit respectable, aussi les clients l'étaient aussi. Parfois, elle recevait des fleurs en cadeau, après avoir fait son numéro sur scène, ce qui n'était pas déplaisant, elle devait bien l'avouer. Qu'est-ce qui pouvait faire le plus plaisir à une femme que de se sentir respecté et désiré? Même si son âme était damnée, l'albinos ne pouvait que ressentir qu'un certain amusement en voyant les cadeaux qu'elle recevait.

Elle finit par se lever, s'étirant doucement et allant ouvrir ses rideaux sombres. Le soleil matinal brillait déjà et le ciel semblait plutôt dégagé. Dans un sens, beaucoup de gens à l'extérieur devaient être plus que ravie.
L'esprit toujours endormit, Trinité alla faire sa toilette, se lavant, se coiffant et s'habillant. Elle s'était contenté de porter qu'une robe noire légère, laissant ses tenues sophistiquées pour le soir. D'ailleurs, elle devait déjà voir quel devait être celle qu'elle mettrait pour la nuit à venir.
La violette sans doute. Son corset et ses dentelles mauves étaient ravissant, faisant ressortir ses courbes et lui donnant un côté fantaisiste. Le violet était une couleur symbolisant le rêve. C'était exactement ce qu'il fallait lorsqu'elle provoquait des illusions d'optique pendant son spectacle.
Mais alors qu'elle vérifiait ses cordelettes de corset, son regard se figea sur un détail effrayant: une déchirure énorme s'était fait dans sa dentelle, provoquant une ouverture monstre. Ah non quelle horreur, pas sur sa robe préférée!

Il fallait qu'elle répare cela au plus vite. Il n'était pas question de s'en faire faire une autre et ne voulait pas non plus mettre une robe d'une couleur différente en échange. Son tour de cette nuit exigeait qu'elle endorme légèrement les esprits et ce n'était pas avec du rouge ou blanc qu'elle allait pouvoir le faire.
Sortant de sa chambre, robe en main, elle partit en direction de l'atelier. Là-bas, elle savait qu'on allait pouvoir raccommoder son tissu rapidement et professionnellement. En espérant bien sûr qu'il y avait déjà quelqu'un à cette heure là.
Sans accorder de regard vers les personnes qu'elle pouvait croiser, son esprit était à nouveau ailleurs, elle monta les escaliers grinçant et se dirigea vers le lieu dit. Dans ce même endroit, il semblait qu'un des employés devait dormir ici. Ce n'était pas vraiment l'endroit idéal, mais Trinité préféra ne pas s'en préoccuper.

Arrivant à l'atelier, elle frappa à la porte, priant pour que quelqu'un ouvre. Mais rien, un silence de plomb. Elle recommença la manœuvre encore deux fois, mais rien ne se produisit. Il n'y avait personne.
Elle n'avait aucune idée de quand allait débarquer les couturiers mais une chose était sûr: elle ne pouvait perdre de temps à poiroter.
Vérifiant que personne ne trainait dans le coin, elle prit une pince qu'elle avait dans ses longs cheveux blancs et ouvrit la serrure, lui permettant d'entrer en douce dans l'atelier. Tant pis pour eux, elle allait rafistoler elle-même sa robe. Après tout, elle avait assez d'expérience là dedans, mine de rien.

Elle s'installa sur une chaise, prit le nécessaire de couture et commença à coudre avec soin, son attention toute tournée vers son travail. Cela lui valut d'ailleurs un sursaut lorsqu'elle sentit qu'on l'observait.
Levant la tête vers la porte, ses yeux se posèrent sur ceux d'un homme qui la dévisageait. Allait-il la sermonner?
Tout en l'observant, elle penchant légèrement la tête vers lui, fronçant légèrement les sourcils et se mit à parler de sa voix posée mais poli.


"Vais-je me faire taper sur les doigts pour ce que je viens de faire?"

Bizarrement, elle sentait que l'homme avait deviné qu'elle était entré en douce, ou l'avait-il vu qui sait? Tout en attendant sa réponse, elle se remit à coudre, gardant un oeil sur lui.

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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeJeu 6 Oct - 13:29

« Promenons nous dans les bois, pendant que le loup y est pas. Si le loup y était il nous mangerait ! Mais comme il y est pas, il nous mangera pas ~ »

« Annabelle, tiens-toi tranquille, on est là pour cueillir des champignons et je n'ai pas envie que tu te perdes, où le loup te mangera vraiment. »

« Oui grand frère ! Mais toi, tu ne veux pas me manger ? »

Tu allais lui répondre, mais tes yeux se posent sur la lune. Elle est là, belle, brillante, ronde, attirante... Enrageante. Impossible ! Il faisait jour, il y a quelques seconde à peine ! Tu paniques, il faut rentrer avant qu'un malheur n'arrive. Tu entends ta sœur qui chantonne toujours la même chose… « Loup y es-tu ? » Tu perds la tête. « M'entends-tu ? » Ton corps change, se muscle, se couvre de poil, tu déchires tes vêtements, la douleur te fait hurler. « Que fais-tu ? »

« Je vais te dévorer ! »

    Andréa sursauta. Enroulé dans des draps, transpirant à grosses gouttes, il lui fallut plusieurs minutes pour reprendre son souffle, encore secoué par son cauchemar. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas rêvé de sa sœur, mais la dispute qu'il avait eue avec Edward la veille y était certainement pour quelque chose. Des histoires de famille, encore et toujours. Le ton avait fini par monter et Andréa avait filé dans sa chambre sur ordre de son oncle. La porte avait violemment claqué, manquant de peu de faire tomber la poignée. Une chance qu'il soit le seul à vivre sous la mansarde du cabaret. Sa chambre était au beau milieu des ateliers, séparée par une cloison épaisse comprenant les poutres de fondation. Au moins il était tranquille. Il lui arrivait d'être réveillé par les éclats de voix de ceux qui y travaillaient, mais en général, ils ne commençaient pas avant neuf heure du matin, il avait donc tout le loisir de se réveiller en douceur, chose dont il ne se privait jamais. Ce matin ne fit pas exception, d'autant plus après un rêve pareil. La tête enfoncée dans son oreiller, sa chemise de nuit dévoilant timidement ses jambes pâles, il s'agita mollement dans un grognement endormi. Un fin rayon de lumière traversa ses rideaux pour venir lui caresser la joue avec tendresse. Il frissonna et tira la couverture sur sa tête, bien décidé à ne pas laisser amadouer par cette douce chaleur. Malheureusement pour lui, il était déjà trop tard et chatouillé par ce soleil matinal, Andréa finit par éternuer, achevant de se réveiller.

    Un bâillement, la couverture glissa le long de son visage jusqu'à dévoiler le haut de son corps recouvert d'une chemise blanche trop grande pour lui. Il resta comme ça plusieurs minutes, le temps de s'habituer à la lumière qui avait envahi sa chambre. Il lui fallut tout son courage pour daigner se redresser, courage qui ne tint d'ailleurs pas longtemps, puisqu'à peine assis, il retomba la tête la première sur le lit. Décidément, il n'était pas près de bouger. Lâchant un soupir, il finit par se redresser et se leva encore engourdi par sa nuit. La première chose qu'il fit ? Ouvrir les rideaux. La lumière s’empara de sa chambre, dévoilant des murs abîmés d'où la tapisserie verte pendait ridiculement, comme après avoir été sauvagement griffée. Au fond de la pièce se trouvaient des chaînes solidement fixées, quelques touffes de poils encore coincées dans le mécanisme. Le sol, lui aussi détérioré était, recouvert d'un bazar sans nom. Papier griffonnés, vêtements, crayons, on voyait à peine le parquet en chêne ! C'est vers l'armoire sans porte d'où jaillissait un tas d'habits incongrus dont une dizaine de robe — cadeaux d'Edward — que ce dirigea le garçon. Comme à son habitude, il se servit au hasard. Un pantalon, une chemise, une veste et l'horrible cravate. Le paquet fut jeté sur son lit tandis qu'il fouillait à la recherche de chaussettes. Un échec remarquable. Il ne trouva rien d’autre que des bas pour demoiselles qu’il jeta quelque part dans sa chambre. Il fallait descendre à la buanderie, il se souvenait avoir lavé une de ses paires la veille, elle avait passé là nuit à sécher au sous-sol. Il n’avait qu’à descendre la récupérer, plus facile à dire qu’à faire.

    Il tourna la tête vers la petite pendule posée sur sa table de chevet, les aiguilles indiquaient huit heure dix. Les artistes devaient encore tous dormir, mais certains employés devaient déjà être au travail. Il fallait descendre quatre étages et les remontés derrière pour aller à la douche avec les chaussettes tant convoitées. Rien de très encourageant en somme. Lâchant un soupir plein de fiel, Andréa changea de programme. Il attrapa tous ses habits et une longue serviette. Il prendrait sa douche en premier et les chaussettes attendront qu’il commence son travail ! Vêtu simplement de sa longue chemise de nuit blanche, il sortit de sa chambre, les cheveux en batailles et ses pieds nus traînant sur le parquet. Il n’avait hélas pas prévu que les ateliers soient déjà utilisés. Sortant tout juste de sa chambre, il se retrouva face à une artiste du cabaret, fil et aiguille en main. Dérouté, Andréa resta bêtement figé, se demandant s’il valait mieux rebrousser chemin ou traverser la pièce en courant. Ce n’est qu’alors qu’il s’aperçut que la jeune femme se trouvait à l’atelier de Kaito, couturier maniaque et très attaché à l’ordre de son bureau. Oubliant les détails relatifs à son accoutrement, il accourut auprès de la jeune femme, espérant pouvoir éviter une crise de nerf du couturier.

    « Madame, il ne faut pas utiliser ce bureau, son propriétaire va devenir insupportable ! Et puis, ce n’est pas à vous de faire ça, vous devriez attendre que les couturiers aient pris leurs postes ! Il faut tout reposer à sa place exacte maintenant. »

    Et penser à t’habiller peut-être ? Espérons simplement que la jolie magicienne ne le prenne pas pour un pervers…

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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeJeu 12 Jan - 15:09

Trinité resta quelque peu désappointée lorsqu'elle entendit le garçon l'appeler Madame. Avait-elle l'air si vieille que ça ? Certes, ses cheveux étaient d'une couleur normalement réservée aux personnes âgées, mais quand même. A part ça, son visage, sa silhouette... Non vraiment elle paraissait jeune. N'avait-elle pas cessé de vieillir alors qu'elle n'avait même pas atteint l'âge adulte ?
Cette appellation la laissa perplexe. Mais elle dut se reprendre afin d'écouter tout ce qu'il avait à lui dire. Oui, elle n'avait aucun droit d'être ici, elle l'avait parfaitement comprit lorsqu'elle avait déverrouillé la porte de manière illégale.

Ainsi donc le couturier était une vraie plaie en ce qui concernait son atelier. Super... Malheureusement pour Adrian, Trinité avait autre chose à faire que d'attendre que les couturiers viennent pour recoudre sa robe. Elle devait s'occuper de tâches dans le cabaret -corvées de ménage oblige- et lorsqu'elle aurait enfin la possibilité de récupérer sa tenue, ce ne serait que quelques minutes avant qu'elle ne monte sur scène.
Elle n'avait plus que quelques points à mettre et elle en avait finit, pourquoi attendre ?
Avec un ton toujours égal et sans lever les yeux, ceux-ci restés sur son travail, elle lui répondit, toujours poliment.


"Mademoiselle... Je suis vraiment navrée d'avoir emprunté le nécessaire de couture, j'ai presque finit, cela ne me prendra que quelques secondes. Je n'ai pas l'habitude de me rendre chez le couturier, je ne le connais donc pas. Mais il n'y a pas à vous inquiéter, je vais tout remettre en ordre, il n'y verra que du feu."

Elle afficha un maigre sourire, détachant enfin son attention du tissu et posa son regard sur Andrea. Maintenant qu'elle l'observait elle se rendait d'un détails amusant. Il n'était pas habillé. Les cheveux en bataille, une tenue des plus légères et son visage encore un peu endormit, il ne semblait pas du matin contrairement à elle, même si ce matin là, elle se serait bien endormit pour quelques heures.
Penchant légèrement la tête pour le détaillé avec une légère pointe de curiosité, elle cherchait qui il était. Depuis le temps qu'elle était là, elle ne s'intéressait que très peu aux autres. Sans oublier qu'elle avait une mémoire sélective. Si une personne ne venait pas se présenter à elle et marquait son esprit en lui parlant ou en faisant quelque chose de singulier, elle l'oubliait.
Surement que le garçon n'avait jamais dut échanger une conversation avec elle, sinon elle aurait eu souvenir de lui... Enfin elle le pensait.


" Désolée de poser la question mais... quelle est votre rôle au sein du Cabaret ? Vous ne faites pas partit des artistes, je ne me rappel pas d'avoir vu votre visage dans les loges. Et c'est peut-être réciproque je suppose d'ailleurs..."

Elle en avait déjà que trop dit, à ce stade là, elle devait donc se présenter. Certes, faire des présentations alors qu'ils étaient tout deux dans le cabaret depuis un moment, sortait de l'ordinaire. Mais enfin, comme aucun être dans ce lieu était humain, il était quand même normal que chaque individu snobe un peu telle ou telle personne. D'après ce qu'elle avait entendu alors qu'elle aidait à nettoyer le bar, le barman détestait le médecin et réciproquement. Un comble sachant que les deux étaient des non morts... Il fallait croire qu'entre "morts-vivants" on n'avait pas les mêmes mœurs. Peut-être qu'il s'agissait d'un différent sur les façons de se nourrir...

"Je suis Spade, la magicienne aux cartes. Mais en coulisse, je ne suis que Trinité, âme maudite condamnée à rester tel que je suis. Qui êtes vous ?"

Par la demande du nom, elle demandait aussi ses fonctions et ... sa "race". Il semblait normal, pas de peau de couleur trahissant une quelconque mutation ou autre. Elle était à présent curieuse. Terminant ses coutures, elle coupa le fil, rangea soigneusement le matériel, le mit exactement là où elle l'avait prit et se redressa, tenant sa robe à nouveau en état.
Lorsqu'elle se tourna vers la porte, un léger sourire moquer vint décorer ses lèvres fines.


"Je ne vous ai pas réveillé au moins ?"

[désolée du temps que j'ai mit à répondre T__T J'espère que ça ira]

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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeVen 27 Jan - 10:45

    « Mademoiselle… »

    Andréa recula légèrement. Il avait encore gaffé et sur un sujet on ne peut plus sérieux ! L'âge d'une femme. Si Edward était là il lui aurait certainement mis une bonne tape derrière la tête et si sa "mère adoptive" était là, elle n'en aurait fait qu'une bouchée. Anastasia prenait ce sujet très à coeur et Andréa l'avait appris plus d'une fois à ses dépends. Ne jamais, au grand jamais, insinuer qu'une lady fait plus mature qu'elle n'y paraît ! Ni trop jeune d'ailleurs. Un vrai casse-tête pour ces messieurs et ce n'est pas le louveteau qui dirait le contraire. Il était trop tard de toute façon, l'erreur était faite. Il bredouilla un semblant d'excuse inaudible, puis fronça les sourcils lorsque la jeune femme lui assura qu'elle remettrait tout à sa place et duperait le propriétaire du bureau. Notre grande perche brune n'était absolument pas convaincue, certain que Kaito avait mesuré la longueur de fil de toutes ses bobines en plus de leur position exacte. Il en était tout à fait capable, maniaque comme il était. Il n'y avait qu'à voir les boutons triés par formes, couleurs et tailles qu'il classait dans un nombre incalculable de petites boîtes, elles mêmes rangées de la plus grande à la plus petite ! À bien y réfléchir, c'était même inquiétant. Inspirant profondément, il posa son regard sur la demoiselle et sa tenue de représentation. Il croisa ses maigres bras d'un air autoritaire avant de lancer :

    « Je vous préviens, s'il s'en aperçoit je dirai que c'était vous. Je n'ai pas envie de subir son délire de triton psychorigide. »

    En voilà un mot bien savant. Mais Edward l'avait si souvent employé pour parler de sa belle soeur qu'Andréa avait finit par l'assimiler et ce n'est pas sans fierté qu'il l'utilisa. La belle artiste serait, à coup sûre, très impressionnée. Non ? Quoi qu'il en soit, il n'aurait jamais le cœur à incriminer une demoiselle, encore moins après avoir accidentellement sous-entendu qu'elle était vieille. Ce n'était qu'une manière de la mettre en garde et surtout l'inciter à ne pas recommencer. …Ou du moins s'installer à un autre atelier ! Passant doucement sa main sur son visage pour se remettre de ses émotions, il posa son regard noisette sur la demoiselle essayant de ce souvenir d'elle et de son nom. L'effort ne fut pas conséquent. Spade était, pour l'instant, l'unique magicienne du Lost Paradise et notre louveteau s'arrangeait toujours pour ne rater aucun de ses numéros. Il aimait la magie. Enfant, son père lui faisait des tours de passe-passe qu'il ne se lassait jamais de revoir. La pièce disparaissait de sa main et réapparaissait derrière son oreille. Incroyable. Spade était spécialisée dans les tours de cartes et Andréa avait rêvé de nombreuses fois qu'elle accepte de les lui tirer. Le moment n'était sans doute pas le plus propice, sans compter que la jeune femme l'observait avec insistance. Avait-il une tâche sur le visage ? Sa chemise mal boutonnée ? Peut-être le trouvait-elle à son goût ?! Cette seule pensée fit rougir notre lycanthrope jusqu'aux oreilles, lui faisant totalement oublier l'accoutrement léger dans lequel il s'était présenté. Ses délires de jeune homme volèrent bien vite en éclats lorsque la magicienne l'interrogea sur son identité.

    Déstabilisé, Andréa gratta timidement sa joue du bout de l'index, le regard fuyant. La jeune femme ne lâcha pas l'affaire. Peut-être se demandait-elle qui pouvait être cet énergumène, qui se permettait de la disputait alors que la moitié de ses vêtements lui manquaient ? Elle resta fort polie et se présenta, piquant la curiosité de son interlocuteur. Un âme maudite ? La jeunesse éternelle ? Ça n'avait pas l'air si mal pour l'instant. Un silence s'installa entre les deux employés, laissant sous entendre au louveteau que c'était à son tour de répondre. À la recherche de ses mots, il hésita un peu, avant de se lancer :

    « À vrai dire, je n'ai pas de postes fixes ici. Je fais tout ce qui a besoin d'être fait. Ménage, vaisselle, changer les draps... Ce genre de chose. Euhm... Sinon je m'appelle Andréa et je suis le neveu du patron, ou son esclave… Tout dépend du point de vue. »

    La dernière précision n'était peut être utile, mais autant profiter de l'instant pour se plaindre un peu. Spade termina tranquillement son travail de couture, coupa le fil et rangea tout ce qu'elle avait utilisé. Andréa la surveilla du coin de l'oeil sans oser la déranger. Le bureau semblait en ordre se toute façon, peut être que la nature particulière de la magicienne la rendait capable de remettre un objet à sa place exacte ? Quelle chance ce serait ! Parce que, pour cette fois ce n'était que du fil et une aiguille, mais quand le jeune lycanthrope avait à nettoyer les ateliers cela relevait du cauchemar ! Kaito devenait insupportable. Il s'installait dans un coin de la salle et ne quittait pas Andréa des yeux une seule seconde jusqu'à que le ménage soit terminé, et si le louveteau avait le malheur de s'approcher de l'établi du triton, c'était la crise de nerf assurée ! Mais avec un joker comme Trinité, peut être que ce maniaque psychopathe le laisserait tranquille ? Restait à savoir si la belle artiste en était vraiment capable. Un soupire s'échappa des lèvres d'Andréa lorsque la magicienne se leva. Leurs regards se croisèrent, mettant notre jeune homme légèrement mal à l'aise. Un sourire se dessina sur le visage de l'artiste qui ramena subtilement Andréa à la dure réalité. 

    « Je ne vous ai pas réveillé au moins ? »

    Il ne fallut pas un dixième de secondes au louveteau pour comprendre le sous entendu. Son visage s'empourpra subitement, lui chauffant atrocement les joues de honte. Sans un mot, il se dépêcha d'enfiler le pantalon qu'il tenait dans ses bras. La manoeuvre, périlleuse, fit glisser sa large chemise de son épaule gauche, dévoilant un bout de la large cicatrice qui lui ceignait l'épaule, souvenir de la nuit où il devint un monstre. Il boutonna rapidement son pantalon, réajusta sa chemise et sourit maladroitement à Trinité.

    « Non non, vous ne m'avez pas réveillé. Je… J'avais prévu d'aller me laver en fait. »

    Trinité l'avait sans doute deviné bien avant qu'Andréa ne l'en informe, mais ce n'était rien de plus qu'une manière de s'excuser pour son accoutrement indécent face à une lady. Il rejoignit la magicienne, la surplombant de sa haute silhouette filiforme. Poliment, il lui ouvrit la porte. 

    « Mais, la prochaine fois que vous aurez besoin de coudre quelque chose, est-ce sue vous pourrez vous mettre un autre bureau que celui là ? S'il vous plait. Je vous jure que son propriétaire est un cauchemar ambulant lorsqu'il s'agit de ses affaires, une vraie tête à claques. »

    Il lui fit un beau sourire, espérant laisser un autre souvenir à la jeune femme que celui d'un grand maladroit mal réveillé et sans pantalon.


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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeVen 23 Mar - 0:54

Le garçon captivait de plus en plus l'attention de la magicienne à mesure que le temps passait et que son regard continuait à le détailler avec intérêt. Il était vraiment amusant de voir que ses joues s'empourprait lorsqu'il lui parlait. Etait-il timide par nature ? Elle capta cependant quelque chose d'imperceptible dans l'expression d'Adrian lorsqu'elle se présenta. Finalement, lui savait qui elle était. Elle avait toujours eu le don de remarquer le moindre petit détail, faisant d'elle quelqu'un de maniaque à la mémoire monstrueuse. Encore fallait-il quand même que son esprit soit au meilleur de sa forme.
Et donc sa réaction la toucha légèrement. Elle avait alors une petite réputation aussi infime soit-elle dans le cabaret.

Il finit par se présenter très poliment, un peu gêné. Elle ne comprit pas vraiment pourquoi. Un homme à tout faire n'était pas quelqu'un inférieur aux autres, loin de là. Il était donc capable de faire bien des choses et cela, Trinité le trouvait admirable, même si son expression stoïque ne le prouvait aucunement. C'était bien l'un de ses plus grands défauts: ne pas savoir afficher ce qu'elle ressentait. Mais elle n'avait plus exprimé de sentiments depuis tellement longtemps qu'à présent, même fictif, elle ne savait pas vraiment paraître humaine. Heureusement, ses clients ne s'occupaient pas de cela, trop obnubilés par ses tours de voyances et son apparence de poupée. Dans un sens, ils la dégoutaient tous, mais que pouvait-elle y faire ?

Elle apprit également qu'il n'était autre que le neveu de Monsieur White. Tient donc... Cela voulait donc dire qu'il était un lycanthrope lui aussi ? Il semblait assez pâle et maigre, mais à présent qu'il venait de dire cela, plus que jamais ses hypothèses concernant ce qu'il était ne devait qu'être vraies.
Quoi qu'il arrive, elle ressentait de la peine pour le garçon. Il devait jouer les esclaves, ce qui n'était pas une chose très agréable. Trinité avait toujours détesté les mauvais traitements envers les jeunes et cela ne s'était jamais estompé, le souvenir de son frère lui revenant sans cesse. Il lui manquait tellement...

Il rougit à nouveau lorsqu'elle lui demanda si elle l'avait réveillé. Il était vrai que sa tenue légère était étrange à voir. Il fallait bien avouer que la demoiselle maudite n'avait pas vu quelqu'un aussi peu vêtu depuis fort longtemps. Il s'empressa d'enfiler son pantalon en prétextant qu'il comptait se laver. Cela pouvait très bien être une excuse mais à la manière de tenir ses affaires, elle se doutait qu'il disait la vérité.
Cependant, ce n'était pas cela qui venait soudain de la captiver.
Alors qu'il s'était déplacé pour la laisser sortir, elle entraperçu l'épaule nue d'Adrian, dévoilant une bien vilaine cicatrice.
Elle resta figée quelques secondes, ses iris de couleurs rubis détaillant cette marque indélébile, se posant pleins de questions à son sujet. Comment l'avait-il eu et depuis quand ? Elle ne semblait pas le faire souffrir, aussi devait-elle être assez ancienne.
Il aurait était discourtois de lui demander ce qui s'était passé. Mais au fond d'elle, Trinité supposait que cela ne devait pas être sans rapport avec ce qu'il était.

Tenant soigneusement sa robe à nouveau en état, elle fit quelques pas vers lui et s'arrêta à son niveau, relevant la tête pour passer son regard de l'épaule, au visage du jeune homme. Il était assez grand, ce qui lui donnait une allure encore plus longiligne. Mais dans l'ensemble, il n'était pas vilain garçon. Si elle était encore capable de ressentir une quelconque émotion, probablement qu'elle l'aurait trouvé à son goût...
D'un nouvel effort de sa part, elle refit un léger sourire et pencha légèrement la tête de côté. Il venait de lui parler concernant le chef de l'atelier et tout faisait penser qu'il était une vraie terreur.

"Vraiment ? J'en suis navrée, j'ignorais quel genre d'individu rôdait dans cet endroit normalement. C'est curieux que je n'en ai pas entendu parler... Décidément, je sais vraiment peu de choses sur ce cabaret..."

Elle tourna la tête vers la porte alors qu'elle sortait de la pièce, son sourire ayant soudain disparu et ses sourcils se fronçant, lui donnant un air légèrement perturbée. Il était peut-être tant d'en savoir plus sur les personnes qui l'entouraient. Depuis combien de temps travaillait-elle ici sans même s'y intéresser ? Beaucoup trop à son goût. Même si elle était incapable de ressentir de compassion, pouvait-elle peut-être au moins en savoir d'avantage sur les autres pour mieux contrecarrer les éventuels ennuis qu'elle pourrait attirer sans le savoir.
Elle continua d'avancer, sortant de l'atelier et s'éloignant un peu de la porte, se retournant vers le garçon, attendant sagement qu'il sorte à son tour. Allait-il vérifier que tout était en ordre ?
En tout cas, une idée venait de lui traverser l'esprit et n'avait d'yeux que pour lui à présent.
Lorsqu'il sortit enfin, elle le dévisagea un instant, son regard vide de toute vie, telle une poupée de porcelaine posée en plein milieu du couloir. Puis, elle s'anima à nouveau, clignant des paupières et orientant ses iris vers les escaliers.


"Dites moi... Pourrais-je vous demander un service ? Oh, je ne veux pas vous importuner, loin de là, vous avez parfaitement le droit de refuser si vous avez du travail ou autre, je n'y tiendrais pas rigueur. Mais... Pouvez vous m'en apprendre d'avantage sur vous et les personnes présentes au cabaret ? Du moins les plus importants bien évidemment. Je me rend bien compte que je ne m'informe que très peu sur les autres alors que je suis certaine que cela me serait fort utile -comme pour le couturier par exemple- au niveau relationnel..."

Elle pencha à nouveau légèrement la tête sur le côté et se remettant à l'observer. Là encore, sa manière de regarder quelqu'un avec ses yeux vides avait sûrement quelque chose d'effrayant, mais elle ne s'en rendait hélas pas compte. Sage comme une image, elle attendit quelques secondes, puis rajouta, tentant un air comique un peu maladroit:

"Vous avez bien sûr parfaitement le droit d'aller vous laver et de ne m'accorder que quelques secondes qu'au détour d'un croisement un soir. Je ne vous maudirez pas pour cela, je vous rassure... J'ai d'ailleurs moi aussi des tâches qui m'attendent..."

Sauf s'il se retrouvait dans le même planning qu'elle, les chances pour qu'ils aient le temps de parler chiffon étaient assez réduites. Mais qui sait, peut-être qu'il lui accorderait un petit thé en tête à tête ou une pause en sortant les poubelles...

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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeMer 25 Avr - 13:16

    D'un point de vu social, la rencontre entre Trinité et Andréa ne se présentait pas sous les meilleurs augures. Il faut dire que les deux protagonistes de l'affaire étaient loin d'être des boute-en-train. Le plus grand n'était pas adepte des longues discussions entre amis et préférait de loin l'unique compagnie de son violon. La deuxième, plus solitaire encore, paraissait plus morte qu'un cadavre et le peu d'émotions qui parvenaient à remonter jusqu'à son visage lui donnaient un air inquiétant. Impossible de supposer qu'en les mettant dans une même pièce, ils en viendraient à communiquer. C'est pourtant ce qui arriva entre les murs du grenier du Lost Paradise. Andréa avait tenté de jouer sur l'autorité, il s'était superbement vautré et avait terminé les joues rougies par la honte en s'apercevant qu'il ne portait pas de pantalon. Disons que ce sont des choses qui arrivent et qu'elles ont le don de toujours tomber sur lui. Il tâcha pourtant de faire bonne figure après s'être rhabillé et tout en lui ouvrant la porte, il conseilla à la demoiselle de s'installer à une autre atelier pour la prochaine fois, le tout avec son plus beau sourire. La jeune femme lui fit savoir qu'elle ne savait pas qu'un être aussi pénible que Kaito existait. Andréa songea qu'elle avait beaucoup de chance, mais il se garda bien de le lui dire. Trinité lui sourit. C'était si rare de voir une émotion sur son visage que le louveteau se sentit comme privilégié et bomba légèrement le torse de fierté.

    La magicienne s'avança et sortit des ateliers. Son visage avait retrouvé une expression des plus fades, c'était déroutant. Andréa la laissa se diriger vers les escaliers et sortit à son tour. Il referma simplement la porte derrière lui, sans prendre le temps de la verrouiller. Les premiers artisans du Lost n'allaient pas tarder de toute façon. Ses iris noisettes se posèrent à nouveau sur Trinité. Elle semblait si vide qu'il ne put retenir un frisson. Son regard n'abritait plus la flamme de vie qui dévorait encore son interlocuteur, elle était comme morte. Et aussi soudainement que possible, elle se ranima. Elle pencha la tête et tourna son regard vers les marches de chêne avant de demander un étrange service au jeune Lycanthrope. La renseigner sur les employés du cabaret. Andréa trouva cela assez inattendu, mais il est vrai qu'il faisait parti de ceux qui connaissaient le plus grand nombre de personnes travaillant entre ces quatre murs. Il allait lui répondre quand elle ajouta d'un ton légèrement ironique qu'elle lui accordait le droit d'aller ce doucher et que discuter au détour d'un couloir lui suffirait. Le louveteau s'empourpra légèrement.

    « Oui oui euh... Ça ne me dérange pas de vous aider là dessus, mais c'est vrai que nos horaires ne sont pas tout à fait compatibles. Je viendrais vous voir dès que j'ai un moment de libre qui cohinciderait avec votre travail. »

    Il lui sourit gentiment et descendit les escaliers. Arrivé deux étages plus bas, il se dirigea droit vers la douche. C'est ainsi que débuta sa journée de labeur. Il commença par du repassage à la buanderie, il en profita, d'ailleurs, pour récupérer ses chaussettes. La matinée se poursuivit tranquillement, nettoyage de la grande salle, sortie des poubelles, coup de pied dans les chats de gouttières rôdant dans les parages, sauvetage in-extremis d'un service à thé et réparation de fortune pour une chaise bancale. Des tâches aussi variées qu'habituelles pour le jeune homme. Il n'entendit pas Kaito de la journée, sans doute le signe qu'il n'avait pas remarqué qu'on avait utilisé son établi sans son accord. Cela enchanta Andréa qui appréciait cette victoire sur les manies du couturier. Il ne revit pas Trinité de la journée et ne put donc pas lui faire part de l'information. En revanche, il profita de chaque moment de tranquillité pour réfléchir à ce qu'il allait dire à la magicienne. Quels étaient les gens les plus importants à connaître, le travail de certains artistes ou encore les clients à ne surtout pas froisser. Plus les heures passaient plus le Lycanthrope avançait sa liste de personnalités. 

    Entre temps il avait eu le droit à quelques remontrances de la part de son oncle qui trouvait qu'il rêvassait trop. Andréa protesta vivement, mais comme toujours Edward n'en faisait qu'à sa tête. Celui-ci se permit d'ailleurs de rappeler dans un murmure, une des règles d'or qu'il avait imposé à son neveu. Celle de ne pas toucher aux demoiselles du cabaret. Andrea s'empourpra soudainement, songeant immédiatement à l'état dans lequel il s'était présenté à Trinité pas plus tard que ce matin-là. 

    « Pas besoin de me ressasser ton baratin tous les jours ! Je m'en souviens très bien tout seul figure toi ! »

    Il s'empressa de se débarrasser de lui et retourna à la vaisselle qu'il était en train de nettoyer l'air bougon.  C'était le début de la représentation. Les artistes défilèrent, les applaudissement se succédèrent et la vaisselle s'empila. Ce soir là il ne pût assister à aucun numéro. La salle était pleine et il fallait envoyer les assiettes vite et pour ça, il fallait qu'elles soient propres. La soirée se termina en beauté, les gens sortirent conquis sans se douter qu'ils avaient assistés à un ballet de buveurs de sang et autres dévoreurs d'âmes. Andréa quitta enfin son poste et pris la direction des étages. Il s'arrêta au premier où il hésita à s'aventurer. Il bourdonnait encore d'artistes allant et venant entre les chambres et la salle de bain. Il aperçu soudain une chevelure ivoire, et certain qu'il s'agissait de Trinité, il s'engouffra dans le corridor à sa poursuite. Il gagnait petit à petit du terrain et finit par poser sa main sur l'épaule de la demoiselle. 

    « Je suis là, tu veux toujours qu'on se voit ? »

    La personne se retourna, faisant avaler sa langue au louveteau. Ce n'était pas Trinité et encore moins une jeune femme. En fait c'était un des serveurs, un incube plus précisément. Son regard rubis se posa sur le corps d'Andréa qu'il dégusta de haut en bas. Sa langue glissa sur ses lèvres et s'approchant du jeune homme il lui murmura mielleusement : 

    « C'est quand tu veux mon mignon ~ »

    Andréa pâlit subitement et recula jusqu'à cogner dans un mur. Il bredouilla des excuses mêlées de malentendus, mais son nouvel ami ne semblait pas vouloir le lâcher pour autant. Il n'avait plus qu'à espérer que quelqu'un veuille bien venir le sortir du pétrin dans lequel il venait de se fourrer.


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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeJeu 7 Juin - 1:59

Il était étrange pour Trinité de ressentir quelque chose, son cœur étant devenu aussi froid et dur que du diamant, en moins brillant sans doute, et cela depuis bien longtemps et pourtant...
Andréa venait d'accepter sa demande. Malgré le fait qu'elle avait elle-même posé la question, elle en fut fort surprise. Sans afficher le moindre changement d'expression, ses yeux s'agrandirent légèrement sous le choc, le dévisageant avec attention. Ainsi donc il voulait bien la supporter ? Elle, le glaçon ambulant dénué de sentiments ?
Une brusque sensation de chaleur l'envahit à l'intérieur. C'était quelque chose qu'elle n'avait plus ressentit depuis fort longtemps. Ce n'était pas certain mais à ce moment là, Trinité se sentait-elle... heureuse ?
Son visage restait impassible mais son regard doutait tout d'un coup. Mais il était tellement dur de se rendre compte de ce que cette coquille vide pouvait penser que cela ne se vit pas.
La magicienne finit par se ressaisir et afficha un sourire courtois et amical, faisant une courbette.


"Je vous en suis très reconnaissante. N'hésitez pas à venir me voir à n'importe quel moment, cela ne me dérangera pas. Sur ce, bonne continuation et peut-être à plus tard."

Revérifiant que sa robe était impeccable, Trinité le laissa descendre avant elle, se disant qu'il avait plus de priorités, dont celle de s'habiller...

La journée se déroula lentement et d'une manière assez ennuyeuse. Ménage dans les loges des artistes et sur la scène, sans oublier les couloirs menant aux chambres des dames. Peu importe le rang social, quand il fallait nettoyer de fond en comble, tout le monde retroussait ses manches et gare aux fesses de ceux qui dédaignaient les tâches que leur donnaient.
Trinité pu même assister à une scène de réprimandes juteuses. Une jeune danseuse nouvellement embauchée faisait la fine bouche. Soit disant qu'elle avait déjà dansé pour les plus grands avant d'arriver ici, elle méritait une haute distinction. La magicienne ne comprenait pas pourquoi des personnes pouvaient autant prendre les autres de haut. Venant d'une famille modeste, jamais il ne lui serait venu à l'idée d'agir de la sorte.
Heureusement, une des plus anciennes du Cabaret que l'albinos appelait respectueusement les 'Matriarches' vint remonter les bretelles de l'insolente. Bientôt, elle du apprendre à baisser les yeux devant l'autorité et au bout de quelques minutes, on la retrouva en train de laver le parquet et grommelant. Quelle idée ingénieuse de n'avoir aucunes robes passe partout sur soit, elle était en train de salir une de ses tenues d'apparat.
Même si Trinité trouvait la sentence pour cette robe plutôt sévère, elle ne pu par contre pas s'empêcher d'afficher un sourire sardonique en passant à côté de la petite diva. Étrangement, la méchanceté gratuite était une chose qu'elle arrivait encore très bien à imiter...

Pour la pause repas, la magicienne pu s'isoler tranquillement dans un coin de la salle de spectacle, alors que quelques artistes venaient s'entrainer sur la scène. Elle-même n'avait pas besoin de perdre du temps à cela. Elle connaissait par cœur les moindres gestes et tours de magie de son répertoire et autant dire qu'il était plus que vaste. N'étant pas très sociable, s'exercer aux cartes était également synonyme d'animation pour les autres employés du Cabaret qui viendraient alors la regarder... Comme ils étaient en train de faire avec les artistes sur la fameuse scène.
Elle tourna d'ailleurs son regard vers ces travailleurs en pause, se demandant si Andréa était parmi eux. Mais ce ne fut hélas pas le cas. Plusieurs fois encore elle surveilla les alentours durant le temps qu'elle resta dans la salle, que se soit durant son repos ou sa reprise de travail en nettoyant un peu les alcôves destinés aux habitués.
Ce ne fut que lorsque le rouquin de barman débarqua qu'elle eu enfin finit. L'heure devait être bien avancé étant donné qu'il était un vampire et n'apparaissait donc qu'en fin d'après midi pour s'occuper de préparer le bar et les tables. Elle soupira légèrement, finalement, le garçon n'avait pas eu le temps de venir la voir. Étrangement, alors qu'elle avait l'habitude d'être solitaire, voilà qu'elle se surprenait à le regretter.
Faisant un petit signe de tête en guise de salutation à James -cher confrère sans émotions- elle partit se nettoyer et se préparer pour la soirée.

Comment décrire rapidement celle-ci ? Longue, bruyante, bondée et assez éreintante. Par chance, la robe avait tenu bon et Trinité avait encore une fois eu un franc succès auprès des spectateurs. Des applaudissements et quelques brava, rien de particuliers étant donné que ces hommes tous plus ou moins ivre réagissaient de la même manière pour chacun des artistes.
Puis s'en suivit alors sa petite balade vers les habitués qui aimaient parfois lui demander quelques petits tours de passe passe exclusif. Elle ne le refusait jamais, ne crachant pas sur un éventuel pourboire. Et plus ils buvaient, plus ils étaient impressionnables et bien évidemment, plus le pourboire augmentait. C'était également une des raisons qui faisait que la magicienne connaissait bien le barman: il prenait malin plaisir à aider certaines artistes. Que se soit en enivrant les clients pour qu'elles arrivent à faire croire n'importe quoi aux gens ou en expédiant vite fait les perturbateurs dehors avant qu'ils ne tentent quoi que se soit avec une des danseuses. Ce n'était pas plus pour sauver les demoiselles que pour éviter aux clients de se retrouver la gorge déchirée. Il y avait tellement de créatures dans ce cabaret que le moindre soucis pourrait nuire gravement à l’établissement.

La lune avait déjà fait un joli bout de chemin dans le ciel quand l'heure du repos fut enfin annoncé. Les clients ivres d'amusement et d'alcool avaient finit par partir et les artistes retournaient déjà à l'étage pour se rafraichir et allaient dormir, ou se nourrir selon les races/malédictions/pactes...
Par politesse, la jeune Albinos -seulement d'apparence bien évidemment- se dirigea vers le bar où elle apporta un plateau rempli de verres vides. Tous venaient des tables qu'elle avait visité et sa nuit avait été assez fructueuse. Avec un sourire reconnaissant elle donna un pourboire au vampire et le laissa à ses occupations de fin de soirée.
Il y avait tellement d'animation dans son couloir qu'elle se crispa immédiatement. La pauvre était à bout niveau bruitage en tout genre et sentait soudain une furieuse envie de réduire tout le monde au silence. Ces femmes ne pouvaient-elles pas converser sans pousser des gloussements stupides ? Et ces hommes, pourquoi trouvaient-ils toujours une excuse pour venir s'incruster dans ces lieux ?!
Aussi longtemps qu'elle travaillait ici, jamais elle n'avait vu l'endroit vide de mâles alors que pourtant, le panneau indiquant que c'était réservé aux femmes était placardé à l'entrée ?
Essayant de rester calme, elle attendit un peu qu'une troupe surexcitée aille jusqu'aux salles de bain afin de pouvoir s'élancer jusqu'à son 'repaire' mais alors qu'elle laissait son esprit vagabonder ailleurs, son visage redevenant tel une poupée de porcelaine, une scène attira ses yeux de couleur sang.
Un des serveurs qu'elle avait pourtant cru parti avec les demoiselles glousseuses, taquinait quelqu'un qui avait du avoir l'erreur de rentrer dans son champ de vision.
Tout le monde dans le coin savait pourtant qu'il était un véritable 'gourmet'... Même elle le savait, c'était pour dire. Trinité l'aurait bien laissé continuer ses âneries si elle n'avait pas reconnu Andréa...

"Diantre... Voilà qui est fort fâcheux..."

Elle ne savait vraiment pas comment agir, elle qui n'aimait pas les interactions avec les autres. Dur choix que celui qu'elle choisi en s'avançant vers eux deux, la ferme intention de secourir ce pauvre garçon.
Avant même qu'elle n'ai la moindre idée de quoi dire, elle tapotait déjà sur l'épaule de l'incube. Que dire que faire ? Elle n'avait plus d'autre choix que d'improviser alors qu'il tournait la tête vers elle.
Il sembla la détailla du regard et afficha un léger frisson, la reconnaissant. La Glaciale petite Spade sans émotions...


"Excusez moi mais... ce garçon a rendez-vous avec moi pour... que je lui tire les cartes. J'aimerais m'en occuper immédiatement, j'ai d'autres obligations et je me vois mal avoir du retard dans mon emploi du temps à cause d'un Incube trop Gourmand..."

Elle avait la voix hésitante et un peu mal à l'aise, mais tenta du mieux qu'elle peu de tenir un timbre monocorde. Histoire d'en rajouter, elle n'oublia pas de le toiser de son plus beau regard sans émotions. Cela au moins, elle savait le faire à la perfection. Le serveur sembla hésiter un peu puis, par miracle, une des fêtardes vint l'appeler, ayant remarquer son absence et lui demandant de les rejoindre. Il finit par partir, non sans jeter encore un regard convoitant vers le jeune loup. Il était évident qu'il l'avait à présent dans sa liste d'amants potentiels... le pauvre.
Trinité n'attendit cependant pas de savoir s'il allait encore lui jeter des petits coups d’œil au loin et attrapa délicatement le bras d'Andréa, le tirant rapidement vers sa chambre. Il valait mieux qu'il soit là dedans plutôt que dans le couloir à la portée de se consommateur de plaisir charnelle.


"Veuillez me pardonner du désordre, je n'avais pas prévu de vous accueillir chez moi. Mettez vous à l'aise, ici, il ne risquera pas de venir frapper à la porte. Il serait en revanche plus prudent de vous munir d'une arme avant de rentrer dans votre chambre... Il a mauvaise tendance à se glisser dans le lit de ses conquêtes. Mais bien sûr ce ne sont que des rumeurs outrageantes... "

Elle le lâcha et se pressa d'aller retirer quelques robes d'une chaise de bureau, allant les ranger dans son armoire. Un peu partout, des cartes et autres accessoires de magies, les plus étranges les uns que les autres. Pas qu'elle tentait un peu tout, mais elle aimait avoir toujours une connaissance des autres genres de magie. A part cela, sa chambre était, il fallait le dire, plutôt lugubre. Une boule de cristal, une tablette de Ouija, des bougies de couleurs sombres et tout au fond de la pièce, cachée derrière l'armoire et couvert de tissus quelque chose qui avait la forme d'un sarcophage ou... d'une dame de fer... Le seul détail humain de cette endroit était une très vieille photo monochrome accroché au dessus du bureau. Elle représenté un garçon aux traits familiers.


"Vous aviez quelques occupations dans ce couloir ? Il me semble en tout cas qu'il s'agit de la première fois que l'on se croise... je crois."

Trinité sourit, son visage prenant enfin quelques couleurs, puis forma une légère moue en cherchant dans ses souvenirs si elle l'avait déjà éventuellement croiser sans s'en rendre compte...


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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeSam 16 Juin - 11:02

    Andréa n'avait pas pour habitude de se rendre à l'étage des employés lorsque celui-ci était animé. Il s'y rendait tôt le matin, très tard le soir, ou au beau milieu de la journée quand chacun avait à faire dans son coin. Ce n'était pas son étage après tout. Il y mettait les pieds pour travailler ou pour se laver, quoi qu'il lui arrivait également d'emprunter la salle de bain d'Edward le plus souvent possible. Il n'était pas très à l'aise avec les autres, et mis à par quelques employés, il préférait éviter tout ce beau monde qu'il savait totalement non-humains. Résultat, si son statut de neveu du directeur était connu de tous, son visage l'était un peu moins et il tenait énormément à ce que cela reste ainsi. Il passait plus souvent pour la tête de mule maladroite et son caractère changeant n'aidait pas les autres à le cerner.

    Mais revenons au moment décrit et à l'arrêt d'Andréa à l'étage des employés. S'il n'avait pas songé s'y arrêter au début, la vue d'une petite tresse argentée le dit vite changer d'avis. Espérant tenir parole et parler des employés à Trinité, il se glissa entre garçons et filles jusqu'à atteindre la demoiselle. Il aurait pû être content de son exploit s'il ne s'était retrouvé nez à nez avec un incube aux pensées mal tournées. On lui avait vaguement expliqué en quoi un incube était différent d'un démon, mais l'explication ne parvenait pas à le revenir en tête. L'esprit embrouillé par son erreur et le jeune homme qui se montrait beaucoup trop entreprenant, il bégaya quelques excuses tout en essayant de s'échapper de l'étage. Mais le demi-démon le talonnait de prêt et bien qu'Andréa le surplombe de dix bons centimètres, le louveteau n'en menait pas large. Coincé contre le mur, conscient qu'on les observait, il sentit son esprit s'agiter de désespoir, allant jusqu'à hurler sourdement un appel au secours.

    C'est alors qu'une deuxième tresse de nacre rejoignit la première. Une main se posa sur l'épaule de l'incube et une voix froide et légèrement intimidée se fit entendre. Le souffle court, Andréa retint un cri de joie en voyant que Trinité, la vrai Trinité. Elle avait mis fin à son supplice. S'il n'avait pas craint la réaction de l'incube, il lui aurait certainement sauté au cou et embrassé amicalement ses joues de poupées. Un court mais intense silence s'abattit alors sur le trio. Il fut brisé par la voix nasillarde d'une danseuse qui invitait l'incube à les rejoindre. Celui-ci jeta un coup d’œil brûlant au jeune Lycanthrope et s'en alla rejoindre ses amis avec le déhanché d'un grand charmeur. Le cœur d'Andréa se resserra en songeant à quel sort aurait pu être le sien. Il se tourna vers Trinité et murmura d'une voix encore faible :

    « Merci. »


    Il ne saurait pas dire si la jeune femme l'avait entendu. Celle-ci lui saisit le bras et l'entraîna sans un mot vers son antre. La porte s'ouvrit avec douceur et il entra dans un tout autre univers. Il était toujours dans une chambre, cela ne faisait aucun doute, mais la lumière semblait s'être échappée du lieu. Ça et là de petite bougies éclairaient faiblement un espace de leur flammes vacillante, laissant se dessiner la silhouette d'une boule de cristal et d'autres instruments bien plus inquiétant. Le regard d'Andréa s'arrêta sur une dame de fer légèrement entrebâillée et il frissonna. Jamais, ô grand jamais, il n'aurait pû rester seul dans un tel endroit. Le jeune homme, fortement impressionné par la pièce, se raccrocha à la présence rassurante de Trinité qu'il ne lâchait plus du regard. Celle-ci lui adressa quelques paroles qui lui arrachèrent un gémissement inquiet.

    « Il serait en revanche plus prudent de vous munir d'une arme avant de rentrer dans votre chambre... Il a mauvaise tendance à se glisser dans le lit de ses conquêtes. »

    Une arme ? Se glisser dans le lit ?! Mon dieu mais dans quel pétrin s'était-il encore fourré ! Le visage d'un blanc laiteux, il se demanda si Edward accepterait de partager son lit pour ce soir… Et peut-être demain…

    Trinité s'affairait à débarrasser sa chambre du léger désordre qui s'y trouvait. Andréa ne souhaitant pas jouer les invités non désirés songea d'abord à l'aider, mais il renonça bien vite ne sachant pas s'il pouvait toucher aux affaires de la demoiselle en toute sécurité. Il s'assit sur la chaise précédemment déblayé de façon à ne plus avoir l'inquiétant objet de torture en ligne de mire.

    « Laissez le désordre, ça ne me dérange pas, ma chambre est dans un état plus lamentable encore. »

    Un timide sourire se dessina sur ses lèvres encore pâles. Il ne voulu pas quitter des yeux le lit et sa propriétaire, craignant de rencontrer des têtes réduites, morceaux humains ou autres talismans de magie noire. Il faut dire que le garçon avait grandis dans une famille superstitieuse et les rumeurs sur sorciers et mort-vivants allaient bon train dans son petit village de montagne. Lui-même avait plus ou moins cessé d'y croire en découvrant le monde des monstres et autres créatures fantastiques, mais la magie restait l'un des domaines auquel il prêtait le plus de terribles pouvoirs bien qu'il se plaise à observer toutes sortes de tours. Heureusement, son hôtesse retrouva son soudainement des couleurs et lui demanda ce qu'il avait de sa journée et les raisons pour lesquelles il avait atterrit dans ce couloir. Il lui répondit franchement

    « En réalité j'ai cru vous apercevoir et pensant vous rattraper pour vous signaler que j'avais un peu de temps devant moi, je me suis retrouver dans le pétrin duquel vous m'avez heureusement tiré. »

    Un sourire reconnaissant éclaira son visage et en balaya toutes les inquiétudes.

    « J'ai été plus occupé que prévu aujourd'hui, je n'ai même pas pu voir votre numéro tant j'avais à faire en cuisine. »

    Un soupire fatigué s'échappa de ses lèvres et il marqua une petite pose, remettant vaguement ses mèches de cheveux à la teinte charbonneuse en place. Il desserra sa cravate et défi le premier bouton de son col, ne supportant plus cet étranglement permanent. Essuyant d'un revers de main ses yeux, ceux-ci se posèrent malencontreusement sur la vieille photographie. Ils ne s'y attardèrent que quelques secondes, sentant qu'il y avait là un sujet sensible. Préférant ne rien demander à ce sujet, il reprit la parole d'une voix bienveillante :

    « J'ai réfléchi toute la journée aux personnes qu'il faudrait vous décrire. J'avais même fait une liste, mais je ai malencontreusement renversé du café dessus et j'ai dû la jeter… Mais je me souviens de tout ! »

    Il marqua une courte pose et leva les yeux au ciel, certain qu'il oubliait quelque chose. S'en rappelant soudainement il lâcha une exclamation victorieuse avant d'annoncer un large sourire aux lèvres :

    « Le couturier dont vous aviez dérangé la table ne s'est rendu compte de rien. C'est si exceptionnel que je pense me permettre de demander votre aide la prochaine fois que j'aurais à nettoyer sa table de travail. Enfin… Si vous voulez bien. »
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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeDim 2 Sep - 20:31

Il avait été dur pour elle d'envisager un jour accueillir quelqu'un dans sa chambre. Pourtant, c'était bien le cas, un individu était bel et bien installé là, observant l'endroit. Voyant son expression, Trinité devina rapidement qu'il ne devait pas être bien rassuré.
Peut-être approuverait-il si elle avouait que personne ne voulait entrer en général. Il n'était pas rare qu'on lui demande la bonne aventure ou quelques petites malédictions contre un peu d'argents ou des services rendus -qui était généralement de faire des ménages à sa place-. Mais il s'agissait toujours de venir frapper à la porte et de reculer d'un pas lorsqu'elle apparaissait sur le seuil.
Il n'y avait que dans sa loge qu'on acceptait de venir. Était-elle si effrayante ? Avaient-ils tous peur qu'elle leur jette le mauvais œil ? D'accord, elle ne nierait pas qu'elle l'avait déjà fait, mais ce n'était qu'au début, lorsqu'elle n'était que fraichement débarqué ! Depuis elle avait changé et avait un peu murit... Enfin normalement.

Andrea préféra finalement focaliser son regard sur elle alors qu'elle terminait de ranger. Ah, l'ambiance ne lui plaisait vraiment pas. Elle finit par observer le lieu, repérant les éléments perturbants et chercha comment diminuer l'angoisse qu'ils provoquaient. Les bougies ? Non elles éclairaient plutôt bien... La boule ou la tablette ? Son regard se posa alors sur la vierge. Flûte, cela devait le point culminant.
D'un geste vif, la magicienne s'empara d'un drap dans son armoire et s'empressa de referma l'objet et de le recouvrir entièrement. Il était temps qu'elle revoit sa décoration intérieure...
C'était plutôt embarrassant pour elle se devoir dissimuler son intérieur. Cela lui donnait un peu l'impression de devoir se mentir à elle-même. Même si son âme était damnée, elle n'empêchait pas de vouloir extérioriser un peu la noirceur qui l'envahissait lors des nuits sans lune.

Le garçon finit par lui expliquer un peu sa situation et pourquoi était-il dans les embrouilles jusqu'au cou lorsqu'elle était venu à lui.
Apparemment, il avait cru l'apercevoir et l'avait confondu avec l’incube. Elle ne prononça rien, se contentant de hausser les sourcils, surprise de cette erreur. Se ressemblaient-ils autant de dos ?
Probablement qu'Andrea n'était pas habitué à fréquenter les artistes. Tous les autres personnes traînant dans cette section du bâtiment ne commettait jamais ce genre de bêtise. De un, parce que cet incube était un vrai pervers et n'était fréquentable que par ses congénères. De deux, parce qu'elle dégageait une aura glauque qui calmait généralement tous les perturbateurs. Il était fortement déconseillé de s'amuser à lui sauter dessus sous peine de se prendre un regard noir qui ne présageait rien de bon.
C'était d'ailleurs pour ce comportement froid qu'elle avait besoin de l'aide d'Andrea.

Il finit par évoquer une liste qu'il avait rédigé durant la journée, mais qui avait finit à la poubelle à cause d'un fâcheux accident avec du café. Heureusement, il semblait se souvenir de ce qu'il avait écrit donc cela ne semblait pas poser de problèmes.
Il conclut par une remarque qui, involontairement, fit rire Trinité. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu ce sentiment euphorique qui avait le don de provoquer un bien fou à son âme.
Levant une main vers ses lèvres, elle ne put s'empêcher d'être prise d'un petit rire et cela pendant quelques minutes. Ce ne fut que lorsqu'elle arriva à se calmer qu'elle leva son regard vers le garçon et lui répondit avec un petit sourire.

"Ce sera avec plaisir que je viendrais vous aider. J'ai une bonne mémoire visuelle, si cela peut être utile, je ne dis pas non."

Un peu plus détendu, elle se tourna vers son placard et l'ouvrit, observant son contenu avec attention. James avait eu la gentillesse de lui donner quelques bouteilles de jus de fruits et une de limonade. Faisant souvent des nuits d'insomnies, elle n'arrivait à tenir durant la journée que grâce aux vitamines de ces liquides colorés.
Hésitante, elle sortit les bouteilles et ce tourna vers le jeune loup.


"Vous désirez quelque chose ? N'hésitez pas, ce ne sont que des jus de fruits."

Affichant un petit sourire amusé face au regard d'Adrian, elle sortit deux verres et les posa sur une petite table près de sa chaise, l'invitant à se servir s'il avait soif. Elle-même focalisa son attention sur un jus de tomate que James faisait lui-même, semblant beaucoup apprécier les préjugés lorsqu'il présentait la bouteille à la couleur si singulière. Personnellement, la magicienne aimait beaucoup ce breuvage, le trouvant idéale et très nutritif. Sans parler de la couleur qui, tout comme le vampire, lui donnait envie de sourire face aux idées reçues que les autres avaient.
Elle s'assit en face de son invité et prit un air curieux.


"Je suis toute ouïe, que contenait cette liste ?"


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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeDim 9 Sep - 12:29

    À bien y réfléchir, Andréa ne se souvenait pas de s’être déjà occupé de la chambre de Trinité. En fait, il était déjà certainement venu y faire le ménage ou en changer les draps, mais le geste était devenu tellement mécanique, que le jeune homme ne faisait même plus attention à ce qui l’entourait. Il lui arrivait d’entrer dans des chambres où régnaient d’étranges odeurs, où les draps étaient teintés de traces rouges et autres inquiétants détails, mais le louveteau ne s’y arrêtait pas. C’était un automate et il n’avait pas envie de perdre son temps en futilité. Alors habitée ou non, il entrait dans la chambre, retirait les anciens draps et les remplaçait par de nouveaux. Il ressortait et passait à la suite. Dans ces moments, il valait mieux éviter de le déranger. Il était d’une humeur massacrante et à la moindre remarque désagréable c’était une pile de linge qui vous arrivait en pleine face. Faire les lits était l’une des choses qu’il détestait le plus dans son travail au Lost Paradise. Il s’en acquittait tout de même, mais avec toute la mauvaise volonté dont il était capable.

    Lorsque l’on est invité, c’est un peu différent. Qu’on le veuille ou non, le regard à tendance à s’égarer ça et là. Le cerveau enregistre chaque petite information et les stocke quelque part, pour les traiter plus tard. C’est comme cela que peuvent naître de nombreuses rumeurs. Les plus curieux farfouillent du regard au moindre entrebâillement et murmurent les pires inepties pour une histoire de tache de vin sur les draps. Andréa ne fait pas exception à la règle. Ses iris noisette se promènent vaguement. Il y avait d’abord eut cette photographie, puis la dame de fer où son regard s’égara une seconde fois. Ah ? On l’avait couverte. Un immense soulagement lui détendit une bonne partie des muscles et il se retrouva même à rougir légèrement lorsqu’il entendit le rire timide de Trinité. Elle accepta avec une grande gentillesse d’aider Andréa dans sa bataille contre le terrible Kaito et ses manies.

    En excellente hôtesse, Trinité sortit alors quelques bouteilles aux contenus variés. Tout d’abord plutôt inquiet, le jeune homme est vite rassuré lorsque la jolie magicienne lui explique que ce n’était là que du jus de fruit. Il laissa tout de même de côté l’étrange jus rouge pour s’intéresser à la limonade. Il n’avait pas le droit à l’alcool, Edward le lui avait interdit, alors il se rattrapait sur le reste et la limonade faisait partie de ces petits délices qu’il affectionnait tant.

    « Merci c’est vraiment gentil. Je prends juste un fond de limonade. »

    Il se servit avec précaution, prenant soin de ne pas mettre une seule goutte en dehors du verre. C’est un succès. Il regarda un moment le verre avant de boire une gorgée. Son regard se posa à nouveau sur la jolie Trinité et il songea que si Edward avait vent de cet entretien, il ne se priverait pas pour le rappeler à l’ordre avec le peu de finesse dont il était capable.

    « Je suis toute ouïe, que contenait cette liste ? »

    Andréa cligna des yeux, l’air interloqué. La liste ? Plongé dans ces pensées, le louveteau mit plusieurs secondes avant que ne lui revienne en mémoire les raisons se sa présence entre ces murs. Il était comme ça. Toujours un peu tête en l’air, à rêvasser plutôt qu’à aller droit au but. Il sourit légèrement à la jeune femme avant de se lancer.

    « En réalité, il n’y a pas tant de monde que cela à connaître. Il y a Edward, bien sûr, mais vous l’avez déjà vu s’il vous a embauché. Son second c’est Snorri qui s’occupe de tout ce qui concerne la salle et le service. Vous n’avez pas pu le rater, il dépasse tout le monde d’une bonne tête et il est bâti comme un ours. Ensuite il y a le médecin. Je ne le connais pas vraiment. En fait j’essaye de l’éviter, je le trouve un peu effrayant. »

    Un peu gêné, il passa sa main sans sa sombre chevelure, histoire de remettre en place des mèches qui n’avaient absolument pas bougé. Il n’aimait pas trop parler de ses faiblesses et de toutes ces petites choses qui faisaient de lui un piètre loup-garou. Son regard se perd sur la tapisserie, il ne sait plus vraiment quoi dire. Et puis il repense à son hôtesse, à cette jolie fille qui sourit si rarement. C’est un peu du gâchis pour quelqu’un de si joli. Timidement, le jeune homme ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt. Ce qu’il s’apprêtait à faire n’était du plus poli, mais il se disait qu’avec une petite réponse peut-être comprendrait-il mieux la demoiselle. Alors il prit son courage à deux mains et se lança :

    « Euh… Et vous ? Ce matin, vous m’avez dit que vous êtes une âme maudite. Mais j’avoue que je n’y connais pas grand-chose. C’est… C’est à cause de cela que vous avez l’air triste ? Parce que si vous ne vous sentez pas bien, il vaudrait quand même mieux aller voir le médecin, même s’il n’est pas sympathique. »

    Il lui adressa un léger sourire qu’il voulait rassurant, mais lui-même n’en menait pas large. Il craignait de l’avoir vexé. Il n’avait plus qu’à espérer qu’une âme maudie fâchée ne soit pas trop dangereuse…


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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeLun 1 Oct - 3:05

Andréa semblait plutôt timide et cela surprenait un peu Trinité. Quand elle l'avait vu à l'atelier, il ne l'avait pourtant pas semblé. Pourtant elle ressentait chez lui comme un malaise dont elle n'arrivait pas à en expliquer la cause. Elle avait pourtant caché sa dame de fer... Interrogative, elle resta perdue dans ses pensées pendant qu'il buvait son verre de limonade, qu'il s'était servi avec un doigté expert. Pas une seule goutte ne prit la peine d'apparaître sur la bouteille, ce qui arrangeait quelque peu la demoiselle. Une fois sec, ce vilain liquide sucré avait la manie de rendre le verre collant, ce qui n'était pas aux goûts de tout le monde... Dont elle.
Elle ne comprit également pas pourquoi, à sa question, il resta silencieux. Mais il finit par retrouver la parole et lui parla un peu de trois personnes importantes dans le cabaret.
Pour Edward, évidemment, elle ne pouvait connaître que lui puisqu'il l'avait engagé. Elle ne se rappelait plus très bien comment s'était passé l'entrevue, mais apparemment, elle avait été assez convaincante pour qu'il veuille bien l'accueillir au cabaret. Surement avait-elle sortit un petit tour de magie en plus d'une prédiction sans importance.
Elle n'aimait pas trop dévoiler ses facultés avant d'être certaine de pouvoir faire confiance à une personne.
Le temps avait passé. Trinité ne pourrait dire si à présent elle avait accordé sa confiance à cet homme qu'elle trouvait particulièrement charismatique, mais dans tous les cas, elle se pliait à ses demandes, même si l'occasion de le voir en personne était extrêmement rare dans son cas.

Par réflexe, la magicienne se demanda malgré elle à qui il pouvait donc rendre visite le plus souvent. Les stars du cabaret ? Ou des employés dont le rôle lui était obscure ? Elle se posait la question et pourtant, ne pas en connaître la réponse l'indifférait totalement. Après tout, il s'agissait du patron, il pouvait bien faire ce qui lui chante, cela ne la regardait pas...
Ah, voilà qu'elle recommençait avec ça !
Se concentrant sur la conversation, elle entendit également parler de Snorri. Ah, ainsi donc ce géant se nommait ainsi. Elle l'avait croisé de nombreuses fois sans jamais porter réellement attention à lui. Elle ne savait même pas s'il était de nature amicale ou ronchonne. Il avait l'air froid, mais parfois les apparences étaient trompeuses, aussi n'avait-elle pas son mot à dire là dessus, étant très mal placée pour cela.
Puis vint le moment de mentionner le docteur... Ce qui la fit légèrement froncer les sourcils. Comment ne pas le connaître celui là ? Même elle qui ne ressentait rien, elle le trouvait antipathique et dénué de tout sens logique 'humain'. Combien de fois était-elle passée devant la porte menant à ses sous sol, combien de fois en avait-elle entendu s'échapper des cris de terreurs et de douleurs que poussaient ses pauvres victimes.
La science avant tout avait-il dit. Mais même si anesthésier signifier perdre de précieuses informations, était-il vraiment nécessaire d'opérer sur des personnes parfaitement consciente ? Non cela était beaucoup trop horrible pour elle. Et c'était pour cette raison qu'elle n'appréciait pas cet individu...

Son regard se focalisa sur son verre, observant ses doigts qui s'étaient inconsciemment resserrés, comme un réflexe de dégout alors qu'elle pensait à Vincent. Et elle, allait-elle finir en enfer sous la torture de pareilles monstruosités ? Si elle le pouvait elle prierait pour son salut... mais il y avait longtemps que dieu lui avait tourné le dos...
Redressant la tête, elle écouta la question d'Andréa, puis sa délicate intention... même si en tentant de se montrer gentil, il lui proposait une cruelle suggestion.
Avec un semblant de sourire poli, elle reposa son verre et prit la parole, essayant de paraître le plus calme qu'il soit. Expliquer son état n'était pas une chose des plus aisés, mais après tout, pourquoi ne pas le lui dire, qu'avait-elle à perdre ? Il semblait être un garçon respectable et très gentil.


"Je vais très bien... du moins aussi bien que peut être une maudite telle que moi... "

Elle se laissa le temps de prendre une bouffée d'air, réfléchissant à comment elle allait pouvoir le lui dire. Ce n'était pas une chose que l'on explique, mais que l'on "ressentait", si elle pouvait se permettre cette expression dans son état. Finalement elle se tenta dans une explication.

"Par un incident fâcheux, mon âme a été maudite, me faisant devenir tel que je suis. Je ne peux plus vieillir, ni même mourir... En revanche, mes cheveux et mes yeux ont changé de couleurs et je ne suis plus capable de ressentir d'émotions dites "humaines"... Car c'est ce que j'étais avant. Cela remonte à tellement longtemps que je ne pourrais expliquer ce qui s'est passé pour que je devienne ainsi mais hélas, ce qui est fait est fait... J'ai longtemps accepté le fait d'être indifférente aux gens et au temps qui passe, mais je crois que... je m'en lasse. C'est étrange de dire cela, mais depuis peu, c'est ce qui me vient quand je regarde autour de moi ces visages familiers mais pourtant inconnus. J'ai à présent envie d'en savoir d'avantage sur ce qui m'entoure... Je ne pourrais en expliquer la raison..."

Ses yeux perdirent le semblant d'émotions qu'elle avait tenté de faire jaillir et plongea dans un mutisme léger. Il était vrai que ce soudain intérêt était suspect, mais elle avait beau chercher, impossible de comprendre pourquoi ce soudain changement. Qu'est-ce qui avait bien pu se produire ?
Elle l'ignorait mais peut-être que c'était une bonne nouvelle pour elle. L'occasion ou jamais de ressentir quelque chose et de ne plus faire fuir les autres...


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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeDim 13 Jan - 15:33

    Andréa n’avait jamais été très bavard, ni même très sociale. Depuis tout petit, il s’était fabriqué un énorme cocon où il vaquait tranquillement à sa petite vie d’enfant. Il y englobait sa très chère famille et cela lui suffisait. Il avait besoin de points de repère et en limitant son monde, il avait réussi à se créer un environnement stable et coupé du reste de la réalité. Hélas, un monstre était venu briser ce paradis d’innocence entraînant avec lui la chute de l’enfant. Ce fut un mal pour un bien, car en l’arrachant à son univers restreint, la bête lui ouvrit les portes de l’amitié et de l’amour. Enfin… Elle les a légèrement entrebâillées. Car si le jeune homme a beaucoup moins de peine à discuter avec les autres dans des conditions professionnelles, dès que l’on vire de bord pour se rapprocher un peu plus d’une conversation naturelle, le jeune homme devient bien plus mal à l’aise. Et ne parlons pas des relations amoureuses, il y coule à pique.

    L’apparente insensibilité n’était pas d’une grande aide, car si avec des personnes expressives comme Acesmé, le louveteau parvenait à savoir s’il venait de sortir une énormité, face à la jeune fille, il se trouvait bien incapable de déduire quoi que ce soit. Lorsqu’il fit part à la jolie magicienne des trois noms qui lui semblaient les plus importants au cabaret, celle-ci n’eut aucune réaction, si ce n’est une légère crispation à l’évocation du médecin. Mais qui ne se tend pas comme un arc lorsque l’on parle de lui ? Je vous le demande !

    Et puis il se risqua à une petite question sur son hôtesse. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être si direct, mais elle avait l’air tellement triste et si souvent… Dans son ignorance, il était bien incapable de dire si cela venait de sa nature ou d’un malheur récent. Heureusement pour lui, Trinité ne s’outra nullement de sa demande et lui répondit avec calme et réflexion après l’avoir rassuré.

    Son explication le laissa sans voix. Il fallait dire que tout cela lui semblait assez extraordinaire. Ne plus vieillir, ne pas mourir, un peu comme un fantôme de chair et d’os et cette insensibilité contrainte d’être endurée pour l’éternité… Voilà qui était bien dur à supporter pour une jeune femme. Il en venait presque à préférer sa condition de loup-garou. Mais la magicienne n’en avait pas fini et la suite de son histoire fit tressaillir le louveteau. Humaine. Trinité avait donc été une humaine, elle aussi, avant de se retrouver propulser dans ce monde étrange et dangereusement peuplé. Il n’y avait pas que lui !

    Tâchant de masquer sa surprise, Andréa écouta avec plus ou moins d’attention la fin des explications, concentré sur l’unique idée qu’elle était un peu comme lui. Il attendit sagement qu’elle ait terminée. La faible flamme qui s’était éveillée dans son regard disparu, et la chambre retomba dans un silence pesant. Seul Andréa se dandinait timidement sur sa chaise, des milliers de questions lui brûlant les lèvres. Comment, pourquoi, quand, qui ? Il voulait tout savoir et ce, sans doute par pur égoïsme. Il souhaitait comparer, voir s’il était normal que le tout jeune homme qu’il était réagisse si mal à son nouvel état.

    « Est-ce que vous vous sentez… monstrueuse ? »

    La question ne se voulait pas méchante, mais le louveteau s’aperçut immédiatement qu’elle serait sans doute perçue comme telle. Monstrueuse. Le mot était fort, trop sans doute, mais c’était le seul qu’Andréa trouvait juste lorsqu’il parlait de lui. Innocemment, il l’avait appliqué à l’état de Trinité sans réellement songer au mal qu’il pourrait faire.

    Pâlissant légèrement, il tira nerveusement sur son col, se sentant soudain bien à l’étroit dans cette petite chambre. Mon dieu. Comme il avait été bête. Le voilà bien seul dans son idiotie désormais. Détournant le regard comme un enfant ayant fait une bêtise, il chercha à s’occuper les mains le temps de trouver une façon de réparer son erreur. Dans son angoisse, il arracha un bouton à la manche de sa chemise. Rien. Il ne trouvait rien. Sa maladresse le perdait. Finalement, prenant son courage à bras le corps, il làcha, les yeux fixés sur les pointes de ses chaussures usées :

    « Je suis désolé. Ce n’était pas… Enfin… Je ne voulais pas vraiment… Le mot ne… »

    Un soupire. C’était peine perdue. Il ferma les yeux, passa sa main grêle sur son visage d’adolescent dépassé. Le mot « sociable » n’était définitivement pas pour lui. Reposant avec soin son verre de limonade vide, il leva ses iris noisette vers Trinité. Son malaise était visible, et il lâcha finalement :

    « Je comprendrai que vous désiriez que je sorte. Je n’ai vraiment pas été futé ce soir. »

    Il dissimula médiocrement un bâillement, prêt à se lever pour quitter celle qu’il avait dûe cruellement offenser. Il était presque debout lorsqu’un étrange bruit parvint de la chambre voisine. Ou plutôt, un sordide vacarme. Soit on était en train de massacrer un instrument de musique, soit on massacrait un cochon, soit… Andréa surpris, tourna la tête vers la magicienne :

    « Qu’est-ce qui se passe là-bas ? C’est une habitude ou votre voisin de chambre vient de vilainement perdre pied ? »


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MessageSujet: Re: Un soucis de couture... [pv Andréa]   Un soucis de couture... [pv Andréa] I_icon_minitimeSam 26 Jan - 19:11

Elle n'était pas entré dans les détails dans son explication, ne voulant pas trop s'aventurer dans des souvenirs trop lointain. Ses grand parents n'étaient même pas nés alors qu'elle foulait déjà le sol de ses pieds maudits. Il ignorait tout et il valait mieux pour lui que cela reste ainsi. C'était important pour elle...
Mais lorsqu'il demanda si elle se sentait monstrueuse, un déclic se fit en elle. Le souvenir de cet artiste peintre... Ce stupide décérébré qui l'avait traité de monstre. Jamais elle n'aurait voulu réentendre cela et il venait de le lui rappeler. Cela la rendit soudain sombre.
Toutes expressions, même feintes, disparurent de son visage. Mais curieusement, elle parvenait tout de même à ressentir une sorte d'agacement profond.
Tout sauf ça... Qu'il lui demande si elle n'était une chose sans âme serait passé, mais évoquer le mot monstre...

Andréa sembla lui-même comprendre qu'il n'aurait pas dut employer ce mot. Il tenta vainement de s'excuser, mais il ne semblait pas réellement doué et elle-même n'avait plus l'esprit à pardonner cette bêtise. Il était peut-être temps à tout les deux de se dire au revoir pour la journée. Il se faisait tard et évoquer son passé l'avait épuisé mentalement.
Il leva les yeux vers elle, très mal à l'aise, mais le pauvre ne put recevoir qu'un regard froid et complétement vide. Il avait en face de lui la poupée sans vie qui faisait fuir tant de gens. Elle ne bougeait pas, faisant réellement penser qu'elle n'était qu'un objet de décoration en porcelaine.
Puis ses paupières s'abaissèrent, puis se rouvrirent, dénonçant qu'elle était bien vivante.

Si elle s'était écoutée, elle lui aurait demandé pourquoi cette question. Pourquoi avait-il soudain évoquer ce mot tabou. Et lui, pourquoi était il devenu loup ? Sa cicatrice en était la preuve mais qui lui avait fait cela et dans quel contexte. Elle se promit de lui demander, mais quand à savoir à quel moment, elle ne savait pas encore. Le lendemain sans doute... Pour le moment tout deux étaient fatigués et il valait mieux cesser leur petit entretient avant que son esprit ne s'échauffe.
Il se leva pour prendre congé, toujours embarrassé par ses mots déplacés. Elle approuva en hochant lentement la tête et en se levant afin de le conduire à la porte. Elle n'était certes pas bien loin mais elle restait courtoise envers son hôte. Il ne s'agissait que d'une maladresse après tout, rien que ne valait sa colère.


"Très bien... je comprend, vous devez être fatigué après cette dure journée de travail. Je vais moi-même aller me coucher. Si vous le désirez nous continuerons cette conversation une autre fois. Ne craignez rien à mon encontre, je ne vais pas vous maudire pour avoir mal prononcé votre question. Évitez juste... de redire le mot Monstre devant moi. Il me rappel de très mauvais souvenirs... Quant à votre question mal dite, sachez que je ne me sens pas ainsi. Je suis certes différente, mais j'ai apprit à vivre ainsi. Il faut parfois savoir faire preuve de courage et accepter ce que l'on est car, étant devenu ce que nous sommes, nous ne pouvons plus faire marche arrière. Cela vaut pour vous aussi je pense. Est-ce que vous vous considérez comme une bête parce que vous changez d'apparence lors des pleines lune ? Votre oncle est comme vous, pourtant il semble le vivre parfaitement bien."

Alors qu'elle allait se diriger vers la porte, un bruit désagréable la fit sursauter. Quelqu'un produisait un son typiquement horripilant et elle savait parfaitement de quoi il s'agissait.
Elle soupira et ouvrit en grand sa porte, allant frapper avec force sur celle de son voisin. Celui-ci finit par ouvrir lentement la porte, ne dévoilant que la moitié de son visage, son seul oeil visible dévoilant une expression démente. N'importe qui aurait prit peur en voyant cela, mais Trinité était protégée de la peur et fronça les sourcils.


"Que vous ai-je dit la dernière fois ?! Si vous avez envie de chanter allez le faire ailleurs ! M.White vous a pourtant dit que vous n'aviez aucune chance de devenir chanteur alors cessez donc et entrainez vous à vos pas de danse qui eux sont merveilleux. Je tiens à mes heures de sommeil, n'allez donc pas attiser ma colère et finir maudit. Ce serait idiot, non. Sur ce, passez une bonne soirée et... Dormez !"

Elle croisa les bras et attendit qu'il referme la porte en soupirant. Elle le connaissait très bien. Cet étrange créature avait le don d'attiser la peur des gens en criant et en leur courant après, tel un poltergeist. Mais étant elle-même assez fantomatique d'apparence, elle n'avait que faire de son apparence et même, se sentait à l'aise à côté de lui. Ce danseur avait du talent, mais uniquement dans ses déhanchements, pas dans sa voix: une vraie crècerelle ...
La magicienne tourna la tête vers Andréa et afficha un semblant de sourire.


"Ne vous en faites pas, il ne recommencera pas. Il n'est pas méchant, juste un peu trop rêveur. Il se croit capable de devenir un jour chanteur mais comme vous l'avez entendu... ça ne ressemble pas du tout à un chant."

Elle fit une petite courbette poli et prit un ton plus agréable, tachant de pas le laisser partir dans l'idée qu'il était en faute avec son manque de délicatesse.

"Tâchez de vous reposer et passez une bonne nuit. Ah, n'oubliez pas de vérifier votre chambre et de vous enfermer à clé. L'Incube doit toujours penser à vous, ne prenez pas de risques."

Elle se mit sur le seuil de sa chambre et hocha gentiment la tête pour l'encourager. Elle n'aurait peut-être pas dut lui rappeler ce détails, mais il valait mieux prévenir que guérir. Ce démon était de nature gourmande et s'il n'avait pas sa dose de câlins, il avait tendance à en rechercher ailleurs. Avec de la chance, les danseuses qui étaient avec lui lui en avaient assez donné pour la semaine, mais qui savait vraiment...
Elle l'observa et attendit de voir s'il partait ou s'il avait encore quelque chose à lui dire, mais en attendant, elle gardait le silence, son sourire ne quittant pas ses lèvres fines.


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