Ce sentiment oppressant de n'être en sécurité nul part, que quoi que l'on fasse, on serait considéré comme un monstre... A chaque pas cette pensée l'assaillait, envahissait son esprit et la terrorisait. Voilà déjà un long moment qu'elle avançait en toute hâte, des lueurs de torches ennemies provenant de derrière elle. Impossible de dire comment ils l'avaient repéré et soupçonné de sorcellerie, mais il était certain que si jamais elle tombait entre leurs mains, ses chances de survit étaient faibles.
Malgré la malédiction qui l'assaillait depuis peu, Trinité se savait encore incroyablement vulnérable et chétive face au monde entier. Elle ne savait rien de ce qui l'attendait et appréhendait la suite des évènements. Qu'allait-elle faire, toute seule, sans foyer ?
Elle le savait, le port était le seul moyen d'échapper au danger. Partir le plus vite possible pour l'Irlande où là-bas, la magie n'était pas un sacrilège. Elle devait traverser ce pont de pierre, enjamber un muret et disparaître dans les broussailles quelques heures avant de s'aventurer vers un bateau qui l’emmènerait loin des soucis de l'Angleterre. Oui, elle savait par cœur le trajet et les événements. Combien de fois les avaient-elles rêvé ?

Curieusement, elle parvenait à se rendre compte de quand elle rêvait et c'était le cas actuellement. Probablement qu'elle s'était finalement assoupi après une journée laborieuse... Elle ne faisait pas réellement des rêves, ce n'était juste que des souvenirs qui revenaient dans son esprit lorsqu'il était au repos. Ainsi, il lui arrivait bien des fois de refaire son histoire de fille maudite pendant ses nuits de sommeils.
Elle savait d'avance tous les gestes qu'elle allait faire, ce qui allait passer... ou pas ?

Curieusement, alors qu'elle n'avait plus qu'à sortir des buissons et dévaler la petite colline, quelque chose n'allait pas. Une étrange impression qu'un détail n'avait pas sa place dans ses souvenirs. Comme si on avait rajouté des éléments malgré elle.
La magicienne se redressa et tourna la tête à gauche, semblant vouloir sortir de son chemin déjà tracé et prendre une toute autre direction. Malgré le fait qu'elle était consciente qu'elle ne devait pas agir ainsi, son corps se mit en mouvement et s'élança à toute vitesse vers un lieu inconnu. Il lui était soudain nécessaire d'aller là-bas, de voir ce qui n'avait jamais été vu jusqu'à ce jour.
Ce ne fut que lorsque ses poumons lui crièrent leur souffrance qu'elle ralentit l'allure, semblant déjà savoir qu'elle n'avait plus à avancer d'avantage.

Un peu plus bas de sa position, on pouvait distinguer un petit village aux allures pittoresques, mais quelque chose n'allait pas. Sur la place, des flambeaux étaient dressés, tenus par des villageois en colère, tous tournés vers une monticule de bois. Un frisson désagréable parcouru tout le dos de Trinité, alors qu'elle identifiait cela comme étant un bucher. Était il là pour elle ? Piaffaient-ils tous d'impatience qu'on l'attrape et qu'on la jette dans le brasier encore inexistant ?
Mais ce qu'elle aperçu par la suite lui glaça le sang. Elle qui était pourtant si loin, elle pouvait apercevoir deux hommes du village s'avancer vers le bucher, tenant un garçon qui se débattait, effrayé. Pourquoi avaient-ils attrapé un homme ? N'était-ce pas les femmes qu'ils aimaient le plus traquer ?! Mais le pire était à venir...

Ce jeune homme fut attaché solidement pour éviter toutes fuites, sous le regard haineux des braves gens rassemblés autour de lui. Mais comment pouvaient-ils rester indifférent devant une mise à mort aussi horrible ? Le sadisme humain lui avait toujours échappé... Ils allumèrent le feu sans attendre et reculèrent, attendant que les flammes montent jusqu'à la pauvre victime de leur monstruosité. Elle ne pouvait rien faire pour lui et cela la désolait. Mais pourquoi était-elle venue jusqu'ici... ? Les cris que poussa le garçon le lui révélèrent. Cette voix lui était affreusement familière et lui glaça le sang. Son âme elle-même vibrait d'une peur qu'elle n'avait plus ressentit depuis fort longtemps. La personne était de son propre sang, il s'agissait de son frère ainé.
Sous la panique, elle oublia toute sécurité et poussa un cri horrifié, un cri qui résonna dans l'espace, surpassant même quelques instants ceux de son frère... et dépassant le rêve pour apparaître dans la réalité.

Trinité se réveilla en sursaut, apeurée parce qu'elle venait de rêver.
Ses mains tremblaient de peur, une sensation qu'elle n'avait pas cru capable de refaire un jour, et pourtant, son corps entier agissait de la même manière qu'à l'époque où elle était encore humaine. L'image de son frère, dévoré par les flammes, l'avait profondément choqué. Pourquoi une telle chose avait bouleversé ses souvenirs nocturnes ?!
Il était évident qu'elle n'allait plus fermer l'oeil à présent.
Se redressant, elle sortit de son lit et reprit son calme, attendant que son souffle se stabilise et que son cœur redevienne paisible. Mais même si son corps reprenait une activité normale, son esprit était à présent tourmenté.
Avant de réaliser ce qu'elle faisait, elle s'était déjà préparé comme à son habitude... Sauf qu'au lieu de s'occuper de deux ou trois corvées, elle s'empara de son manteau et s'échappa du cabaret.

Il était encore trop tôt pour croiser des passants et cela l'arrangeait. Trinité avait besoin de prendre l'air, de se vider la tête et de tenter d'oublier ces infâmes cauchemars. Elle traversa la grande rue et avança à grandes enjambées vers les Jardins publics. Cet endroit avait le don d'apaiser son esprit et la détendre. Après une nuit comme celle qu'elle venait de passer, un petit moment là-bas était indispensable si elle ne voulait pas être préoccupée toute la journée.
Bien sûr, elle ne prenait pas le temps de regarder autour d'elle et fuyait le plus possible les regards, son esprit se focalisant sur le banc qui l'attendait parmi les végétations.

Elle le retrouva d'ailleurs en moins de temps qu'il ne fallait le dire, isolé et vide. C'était parfait...
S'asseyant, elle soupira longuement et leva les yeux vers un platane magnifique qui brillait sous la rosée du matin. De telles visions rappelaient qu'il existait encore des choses belles en ce monde, ce qui rassurait la jeune femme.
Avec un léger sourire, elle laissa son esprit vagabonder, le vidant de toutes ces choses terribles qui la hantaient toujours. Cela lui fit du bien, mais en contre partie, elle ne faisait plus attention à ce qui l'entourait, ne remarquant pas que quelqu'un semblait aller dans sa direction...

Spoiler:

Spoiler:

Une personne normale n'aurait pas appréciée les événements, une personne normale aurait surement eu un début d'arrêt cardiaque face à ça, une personne normale aurait levé la voix face à cette injustice...
Sauf que Trinité n'était pas une personne dite "normale", loin de là.
Alors qu'elle contemplait les feuilles d'un arbres danser au rythme de la petit brise matinale, un homme semblant complétement fou, surgit de nulle part et se plaça juste devant elle en lui criant dessus.
Impossible de comprendre ce qu'il lui reprochait, la surprise de sa venue lui donnant l'incapacité d'écouter ce qu'il disait. Elle voyait ses lèvres bouger, des sons parvenaient jusqu'à ses oreilles, mais elle n'en comprenait pas le sens.
Avait-elle fait une bêtise en venant s'assoir ici ? Elle n'avait pas l'habitude de venir aussi tôt le matin, peut-être qu'à cette heure là, cet homme avait l'habitude de s'installer sur ce banc. Crier pour si peu semblait quand même un peu exagéré, non ?

Il finit par afficher un semblant de calme lorsqu'il alluma une cigarette, la regardant avec attention, surprit. Elle ne comprenait vraiment pas ce qui passait dans la tête de l'individu, mais il changea complétement de comportement, ne cherchant plus à l'incriminer... avant de se jeter à nouveau sur elle, lui posant des questions dont elle n'avait la réponse. Aussi, elle préféra rester muette et attendre que cela passe. Le silence était parfois la meilleure solution face à des mentalités aussi échauffées que celle qui se trouvait en face d'elle.
Apparemment, elle n'était pas la seule a avoir passé une mauvaise nuit...

Trinité fronça légèrement les sourcils lorsqu'elle le vit donner un coup violent à un lampadaire qui trembla et se plia sous le choc. Cet homme semblait beaucoup trop puissant pour être seulement un humain. C'était en tout cas ce qu'elle pensait. Elle aurait surement sursauté sous la surprise, mais son esprit maudit ne s’inquiétait plus de rien.
Mais qui était donc cette étrange personne sortit des buissons ?

Chose amusante, dans un sens, car il sembla comprendre le questionnement silencieux qu'elle posait. Peut-être que son regard la trahissait finalement. Ce rêve l'avait-il rendu un peu plus humaine ? Étrange qu'un simple cauchemars ne la change autant, non, quelque chose clochait, elle en était sûre.
L'homme sortit de sa veste une plaque et se présenta sous le nom de Commissaire Aldrick Voelsungen. Ainsi donc il était de la police ? Alors il l'avait prit pour un suspect ? Quel étrange confusion !
Avait-elle l'air d'un vieil homme, elle qui portait une robe et un air féminin ? Elle pouvait comprendre que l'on pense qu'elle était une femme d'âge mûr au premier regard à cause de ses cheveux, mais un homme...

Pourtant, au lieu de se vexer, quelque chose marqua son esprit. Un individu lui ressemblant... ce rêve...
Dans un geste vif, elle se redressa vivement et s'approcha d'Aldrick, le regard soudain brillant d'une lueur surnaturelle. Elle avait besoin de savoir, il fallait qu'il lui donne plus de détails, il en avait trop dit et un étrange sentiment l'avait soudain envahit.

"Vous avez bien dit que cet individu me ressemble beaucoup ?! Puis-je avoir une description ou un nom ? Je vous en prie, c'est vraiment important !"

Malgré agressivité qu'il avait montré, Trinité ne le craignait pas. Aussi, elle n'hésita pas à s'approcher suffisamment pour le convaincre de lui en dire d'avantage. Elle ne savait pas si elle n'allait pas tout simplement l'agacer encore plus, mais dans l'instant présent, elle s'en moquait.
Ainsi devant lui, elle pu le détailler avec attention. Plutôt décoiffé, il avait tout de même belle allure et présentait bien, même si son caractère actuel faussait son jugement définitif. Le plus intéressant restait ses iris dorés. Ayant elle-même des yeux couleurs feu, elle savait que ce genre de pigmentation était plus que rare.
Penchant légèrement la tête sur le côté, soudain curieuse, elle se calma et recula d'un pas. Se montrer trop rentre dedans n'allait surement pas lui délier la langue et elle avait besoin d'informations. Trinité devait repartir à zéro et se montrer courtoise, chose assez comique quand on savait comment lui l'avait accosté.

"Je ne me suis pas présentée. Je me nomme Trinité Hawkins. Je fais des spectacles de magie dans un Cabaret. Le Lost Paradise plus précisément... Pourquoi avez vous dit qu'il me ressemblait ? Avait-il le visage d'une jeune fille ?"

Par soucis de paraître humaine, elle afficha un petit sourire ironique, espérant qu'il allait se détendre et accepter de lui en parler plus en détails. Son arrivée précipitée avait réussit à attiser sa curiosité et elle espérait réellement pouvoir communiquer avec ce Commissaire sans qu'il ne la gratifie d'autres grognements incompréhensibles... Mais aussi qu'il ne casse pas un autre réverbère au passage.

Spoiler:

Spoiler:

Depuis combien de temps n'avait-elle pas sentit son coeur battre la chamade comme cela ? De l’inquiétude et de l'appréhension l'envahissait à présent, à mesure que le policier semblait changer à nouveau de comportement. Il était de plus en plus dur pour elle de le suivre et de saisir le sens de ses expressions.
La plus effrayante figea Trinité, alors qu'il répété son nom de famille, ses lèvres se fixant sur une sorte de rictus mauvais. Malgré le geste de la main pour dissimuler cela, elle l'avait vu et comprenait à présent qu'il n'était pas humain. Une aura qui lui était familière sans pour autant qu'elle ne mette le doigt dessus.
Mais la suite fit qu'elle oublia de chercher plus loin, au moment même où il mentionna le nom de Law Hawkins.

Si la magicienne avait été une femme normale, elle se serait probablement évanouie sous le choc, son esprit ne supportant pas la nouvelle. Mais son corps résistait, refusait de bouger et pire, se mit à trembler légèrement pendant que son esprit assimiler l'information. Alors elle ne l'avait rêvé, tout ce qu'elle avait vu durant son sommeil étaient les souvenirs de son frère ?! Non, elle refusait d'y croire, c'était tout bonnement impossible. Il s'était passé tellement de siècles, un humain ne pouvait vivre aussi longtemps...
Ce Commissaire mentait et se jouait d'elle, elle ne voyait que cela. Son frère adoré était mort...

Elle leva les yeux vers Aldrick qui l'observait tout en grognant contre quelqu'un... du cabaret ? Trinité ne comprenait plus rien à ce qui se passait, tout était trouble, elle se sentait mal, elle voulait retourner dans son lit pour ne plus jamais en sortir. Sa vie sans émotions lui convenait parfaitement quand elle savait à quel point le sentiment qu'elle ressentait à ce moment précis était plus que douloureux. La tristesse de repenser à son frère qu'elle pensait disparu, le choc d'apprendre qu'il devait être finalement en vie et la frustration et l'incompréhension sur le fait qu'il ne s'était jamais manifesté auprès d'elle depuis tout ce temps... Plus que jamais elle avait l'impression d'avoir été trahit... Même si elle savait pertinemment que si Law apparaissait devant elle dans la seconde qui suit, elle se jetterait dans ses bras sans la moindre hésitation.

Elle sursauta malgré elle en réalisant que la distance entre eux deux s'était réduite et se réduisait encore. Que lui voulait-il à présent ? Allait-il l'achever en lui racontant d'autres nouvelles troublantes ? Elle ignorait si son esprit allait en supporter d'avantage pour aujourd'hui...
Le fait qu'il l'attrapa au niveau du bras la déstabilisa et lui fit perdre légèrement l'équilibre, elle dont le corps s'était soudain décrispé sans prévenir, lui laissant des jambes tremblantes et incertaines. Finalement elle accueilli la démarche d'aller s'assoir avec plaisir. Elle avait besoin de faire le point et de comprendre ce qui se passait.

"Law est mon frère ainé. Je... J'ignorais qu'il était toujours en vie... Je suis désolée de ne pas pouvoir vous aider"

Involontairement, son corps recommença à trembler, prit soudain de mélancolie. Ressentir autant d’émotions en si peu de temps était assez affolant pour elle, cela faisait des centaines d'années qu'elle avait cessé d'afficher tout comportement typique d'un humain.
Était-ce la proximité de Law qui faisait cela ? Est-ce que le simple fait qu'il soit en vie et près d'elle suffisait à lui redonner un semblant de vie ? mais bon sang, comment pouvait-il être toujours en vie ?!
Elle ferma les yeux un instant et réfléchit intensément au problème. Il y avait bien une raison. Et si...
La magicienne rouvrit les paupières et tourna la tête vers Aldrick, beaucoup plus sérieuse que ce qu'elle avait montré depuis le début.

"Vous dites qu'il me ressemble énormément, cela veux donc dire qu'il a la même couleur d'yeux et de cheveux que les miens, c'est bien cela ?"

Au regard de l'homme, cela semblait être effectivement le cas. Si elle avait raison alors il était temps de s’inquiéter. Comment avait-il réussi à se faire maudire lui aussi ? Elle avait tué le peintre qui l'avait condamné à une vie éternelle, impossible pour Law d'emprunter le même chemin qu'elle... Non elle ne comprenait pas comment il était devenu comme elle.
Et bien sûr, elle ne pouvait pas en parler au Commissaire, il ne savait rien de ce qu'ils étaient... à moins que...

Se redressant, elle réalisa enfin pourquoi elle avait l'impression de connaître son aura. Elle ressemblait à celle de son patron, celle d'Edward White. Ce n'était pas à cause d'un lien de parenté, non... Il dégageait une agressivité animale... Lupine même.
Trinité frissonna en comprenant enfin le problème. Elle était en face d'un loup garou qui commençait à s'affolait la veille de la pleine lune. Elle savait parfaitement quand Selené montrait toute sa splendeur, faisant de la divination, c'était le BA.ba.
A présent elle en était sûre, il était comme elle.

"Cela n'est pas dangereux de s'exposer à autant d'agacement alors que la lune se dévoilera ce soir sous sa plus belle apparence ? Puis-je vraiment vous faire confiance ? Car vous dévoiler l'origine de mon apparence requiert un esprit ouvert et je n'ai pas l'habitude de parler de ça. Aussi j'aimerais que vous me disiez pourquoi vous recherchez autant mon frère... je dois savoir."

Spoiler:

Spoiler:

Elle hésitait toujours, pouvait-elle se confier à un inconnu ?
Une petite voix à l'intérieure la poussait à le faire, à enfin raconter pour la première fois de sa vie, cette cruelle histoire. Mais qu'est-ce qu'elle avait bien à raconter ? Connaître la raison de sa malédiction n'avait aucun intérêt et ne l'aiderait aucunement à retrouver son frère. Law.. Pourquoi n'était-il jamais venu à elle depuis tout ce temps ? Était-il fâché ? Cela semblait stupide... Il était si gentil, pourquoi ressentirait de la colère envers elle ? Elle le pensait mort, il devait bien le savoir...

La chaleur d'une veste posée sur ses épaules la fit légèrement sursauter, ne s'attendant aucunement à ce geste galant de la part du Commissaire. Oui, elle allait lui raconter l'histoire. Lune ou pas, il était dans les ordres et connaissait l'existence des créatures, il était donc parfaitement capable de comprendre sans en sourciller.
Chose curieuse, il sortit du chocolat noir et lui en proposa. Elle ne savait pas quoi répondre à cela. Il était si rare qu'on lui prête autant attention... Elle allait peut-être y prendre goût. Ce n'était pas désagréable.
D'une petite voix, elle le remercia et prit un morceau, croquant dedans avec curiosité.
Elle n'éprouvait plus la sensation euphorique que pouvait provoquer la gourmandise, mais l'amertume du cacao la réchauffa de l'intérieur. Quelle sensation bienfaitrice...

Il lui parla et elle écouta attentivement. Elle ne savait pas si elle voulait vraiment entendre ce qu'il avait à dire, mais elle ne prononça aucun mot, attendant qu'il finisse dans le grand silence, le regardant. Il plongea son regard dans le sien, sa conviction brillant dans ses prunelles. Oui, il méritait bien qu'elle sacrifie son secret.
Soupirant, résignée, elle tourna la tête vers le paysage qu'offrait le parc. Tout était si calme...
Sans prévenir, comme pris par une soudaine pulsion elle commença à parler, son timbre de voix restant doux et quelque peu mélancolique.

"Il y a bien longtemps, à une époque beaucoup trop lointaine pour être contée, je vivais en Grande Bretagne avant même qu'elle ne porte ce nom. Je vivais dans une ferme avec ma famille... et donc avec mon frère. Mon ainé, protecteur et tellement gentil... On ne se séparait presque jamais. Nous étions insouciant... Et humains. Je n'ai pas toujours eu cette apparence... J'étais blonde aux yeux verts... Mon frère aussi.
je ne saurais dire pourquoi nous sommes partit à la capitale tous les deux, je ne me rappel pas de ce détails... Mais par un phénomène que je ne saurais expliqué, j'ai... j'ai été maudite. Law... avait été blessé, ma colère m'avait fait faire des choses que je regrette à présent... Mais le mal était fait. J'étais maudite et mon frère avait peur de ce que j'étais devenue. J'ai dut fuir sans même dire adieu à ma famille... je ne sais même pas s'ils m'auraient reconnu... J'ai beaucoup voyagé durant un nombre incalculable d'années avant d'arriver en France. Je ne vieillis pas, ne ressens plus rien. Je me demande parfois si mon cœur bat toujours...
Je ne sais pas par quelle miracle... plutôt, par quel malheur, j'ai pu transmettre cette malédiction à Law. J'avais pourtant fait ça pour lui. Peut-être que notre lien fraternel si fort à ce moment là, nous a fait partager ce supplice... Il n'était pourtant pas changé quand je suis apparut devant lui. Un effet secondaire qui sait.
S'il est vraiment ce que vous dites, alors cela voudrait dire qu'il ne subit pas cette malédiction comme je la subis. Je ne devrais pas me réjouir, mais s'il est capable de se sentir toujours en vie malgré ces interminables années, j'en suis heureuse... je crois."

Elle ne voulait pas qu'il la juge, l'accuse d'avoir céder à la tentation du mal... Mais pourtant, elle avait l'impression que cela la soulagerait. Lui dire qu'elle n'aurait pas dut faire cela... Même si cela était bien trop tard à présent. Elle n'avait pas mentionné le fait qu'elle pensait être maudite par un démon et non un humain, ni le fait qu'elle vivait avec un portrait d'elle qui était probablement l'objet qui avait scellé son avenir. Elle avait si peur que ce tableau tombe entre de mauvaises mains. Et si jamais il brûlait ? Etait-elle libérée ou serait-être condamnée à brûler avec lui ? A présent qu'elle savait que son frère était en vie, elle ne voulait plus prendre de risques. Elle voulait vivre et le revoir, le prendre dans ses bras et lui demander pardon pour lui avoir fait peur, pour lui avoir fait subir le même sort qu'elle... mais était-ce vraiment à elle de s'excuser ?
Elle ne savait plus vraiment et restait du coup muette. n'osant regarder Aldrick dans les yeux.

Trinité pensait avoir tout dit, ou du moins les informations qu'il fallait, mais apparemment Aldrick en voulait plus. Il lui posa une question qui la prise un peu au dépourvu. Comment se frère avait-il était blessé ? Pourquoi ce détails allait-il l'aider à mieux comprendre la situation ?
Elle resta muette, réfléchissant et se souvenant du moindre détails de cette affaire. Cela la chagrinait encore, chose qu'elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi. Elle ne ressentait plus rien, pourquoi le simple fait de penser à son frère et à l'époque où elle était encore humaine, lui redonnait des sentiments ? De plus il ne s'agissait que de tristesse, une chose qu'elle aurait préféré oublier pour de bon.

Cependant ce qu'il lui dit après, lui donna une curieuse sensation de chaleur. Il était tellement rare pour elle de ressentir de la compassion de quelqu'un à son égard, cela la déstabilisait, elle ignorait comment réagir face à cela, tellement peu accoutumée.
Interdite, elle eu soudain envie de lui accorder cette réponse, aussi futile était-elle à ses yeux.
L'albinos le regarda un instant, puis laissa ses yeux se perdre dans le vague, se remémorant cette dure épreuve.

"... Nous avions quitté notre petite ferme afin de nous rendre à la Capitale. Nous devions acheter une liste d'objets pour notre père. Nous avions avec nous l'argent de ses dures labeurs... Mais un soir, des brigands ont attaqué Law dans une ruelle, alors qu'il regagnait la chambre miteuse que nous avions réussit à trouver pour passer la nuit... Ils l'avaient battu et volé l'argent. Nous n'avions plus de quoi acheter... Alors j'ai servit de modèle pour un peintre en secret, afin de gagner assez pour remplacer ce vol... Mon frère mit 2 jours à se remettre, mais lorsqu'il fut à nouveau sur ses pieds il... repartit les chercher pour se venger. Je l'ignorais et ce ne fut que trop tard lorsque je l'ai retrouvé, couvert de sang... Le sien... celui des bandits... Je ne sais plus je... je crois que lorsque j'ai comprit pourquoi il avait disparu j'ai commencé à le rechercher par automatisme. je ne me souviens plus de comment je m'y suis prise pour le retrouver. Je ne me rappel avoir reprit conscience de mes actes que face à lui... Moi aussi j'étais couverte de sang, je ne sais pas comment cela à bien pu se produire mais ces hommes... je crois qu'ils étaient morts."

Elle trembla se souvenant soudain des cadavres, se vidant de leur sang. Ils avaient été déchiquetés comme si une bête furieuse les avait attaqué. Mais il lui était impossible de se souvenir. Ce n'était qu'après cela que son apparence avait définitivement changé. Cela voulait dire qu'elle était l'assassin de ces meurtres répugnants ?! Elle ne se souvenait que de la peur de perdre son frère tant aimé... et la haine de ces hommes qui avaient changé son frère. Lui qui était si gentil, il ne criait plus qu'à la vengeance durant toute sa convalescence...
Se prenant la tête entre ses mains tremblantes elle se sentit paniquer.

"Et si... et si c'était moi qui les avait tué ? Si ma malédiction s'était déclenchée à cause de cela ?! Je ne me souviens plus de rien... tout ce sang... dans cette rue, sur nos vêtements et nos mains... Je ne sais plus... j'ai peur, je ne suis pas une meurtrière..."

Elle était soudain prise de panique. Elle se souvenait de chaque détails d'avant sa transformation et pourtant il s'agissait du seul et unique moment où elle ne parvenait pas à se remémorer. Pourquoi ?!
Elle avait osé avouer cela à un Commissaire. Aussi non humain qu'il pouvait être, comme elle, il ne restait pas moins un agent des forces de l'ordre, il pouvait très bien l'arrêter pour ce crime commit il y a des siècles de cela, non ?!

[hs: voilà ! désolée pour l'attente, aujourd'hui je suis inspirée donc j'ai enfin pu le faire ♥ encore désolée ^^"]

Trinité pensait avoir tout dit de ce passé tumultueux au combien pénible, mais le commissaire n'en avait pas finit avec elle et se fut un peu contre son gré qu'elle entendit à nouveau des questions lui demandant de replonger dans ces désagréables souvenirs.
Des noms... des détails... S'en souvenait-elle au moins ? Et ce peintre... Ce mécréant qui avait osé la pointer du doigt en la traitant de monstre. Qu'était-il devenu au juste ? Elle avait la réponse sur le bout de la langue mais aussi désireuse était-elle de retrouver la fin de cette histoire, c'était le trou noir.
A croire que plus elle se forçait et plus ses souvenirs tentaient de se carapater le plus vite possible de son esprit tourmenté.

"Ce... n'était pas vraiment un hotel à proprement parlé, je n'ai donc aucun souvenir de ce détail; seule l'image d'un endroit répugnant à la hauteur de nos économies, c'est à dire misérable... Pour ces bandits, je n'ai en mémoire que l'allure de l'un d'eux. Il se faisait passer pour un sans abri pour mieux nous tromper et pour nous détrousser, puis s'entourait de gros lascars sans scrupules qui calmaient les victimes trop téméraires... C'était comme ça qu'ils s'y prenaient... Je crois."

Elle réfléchit un peu plus à la question concernant le peintre, à présent qu'elle se concentrait uniquement sur cette bribe de souvenir, des choses lui revenaient et là encore, il était peut-être préférable de ne pas le dire. Même si elle ne se rappelait pas du massacre des malfrats, elle se remémorait parfaitement ce passage lugubre. Elle était encore sous la colère, elle avait envie de vengeance. C'était lui qui l'avait mis dans cette situation, lui qui l'avait traité de monstre, lui qui avait conclu l'issue fatale de sa vie d'humaine.
Son visage devint froid et sa voix ne montra plus aucune émotion lorsqu'elle le mentionna.

"Ce peintre... je sais qu'il tenait une boutique. Il vendait son travail. Il vivait juste au dessus, fallait bien avouer qu'il dessinait bien. Mais il avait une tête d'excentrique et il l'était. Aucune galanterie, il semblait sortir de l'hospice pour les fous... Je... Je le hais tellement. Il n'a pas eu de descendance... Il n'en a pas eu le temps. Il m'a traité de monstre, de démon... Il refusait que je l'approche, que je reprenne ce qui était à moi. Alors j'ai prédit sa mort. Cet idiot à cru que je l'avais maudit et il s'est enfuit... Mais il est tombé et s'est brisé la nuque dans les marches... Comme je l'avais prédit. J'ai donc ramassé mes affaires et je suis parti en prenant soin de brûler son établissement. Faute de retrouver son échoppe, se renseigner sur un incendie est une bonne piste..."

Elle émit un petit rire sans émotions et cessa tout aussi rapidement qu'elle avait commencé. Elle ne semblait plus rien ressentir, elle était redevenue la coquille vide qu'elle avait l'habitude d'être. Mais lorsqu'il mentionna à nouveau la réaction de son frère, quelque chose dans son regard brilla de nouveau. Elle sembla chagriné et tourna la tête vers Aldrick.

"Mon frère... a d'abord tenté de rester calme, mais je crois qu'il a finit par prendre peur de ce que j'étais devenue... surtout lorsqu'il a apprit pour le peintre. Il a soudain disparu et je... je ne sais pas, prise de colère envers moi-même, je crois bien que j'ai préféré fuir le plus vite possible, voulant mettre une distance entre ma vie d'avant et celle que j'allais devoir subir pour le restant de mon existence. J'ignore quand il a reçu la malédiction, mais je n'étais pas là pour le voir..."

Elle soupira et cligna lentement des yeux. Il s'agissait de beaucoup d'informations et il lui était impossible de savoir si cet homme avait tout bien enregistré. Elle l'observa un long moment sans rien dire ni rien faire, semblant soudain n'être qu'une poupée de porcelaine à taille humaine, puis bougea à nouveau, curieuse.

"Avez vous d'autres questions à me poser ? Et surtout, pouvez vous me dire ce que vous ferez à mon frère lorsque vous aurez mit la main dessus ? Je sais que ses actes doivent être grave et même horripilant à vous entendre, mais il reste mon frère, je n'aimerais pas souffrir à nouveau de sa disparition, pas maintenant que je sais qu'il est encore en vie... J'ai besoin de le voir, de lui parler... Comprenez vous ?"

La matinée semblait commençait paisiblement à jugé par les chants délicats des oiseaux. Depuis combien de temps parlaient-ils ? Si seulement elle avait pris sa montre à gousset. Trinité était toujours maniaque sur le temps, semblant prendre cela comme une provocation de la part de celle-ci de continuer à tourner, à s'écouler, tandis qu'elle, elle devait rester éternellement prisonnière, comme si l'horloge de son existence avait cessé de fonctionner. Arriverait-elle un jour à remettre en route l'aiguille immobile ?

La magicienne secoua légèrement la tête à la question que lui posa Aldrick sur le nom du peintre ou de la galerie. Non à vrai dire, elle ne s'était jamais donné la peine de retenir l'identité de cet idiot. Le simple fait qu'il soit mort était la seule chose qui satisfaisait son esprit maudit. Puis elle attendit patiemment qu'il réponde à ses questions, qu'ils la rassure plus ou moins dans ses pensées troublées. Mais avait-il vraiment raison ? Pensait-il un seul instant ce qu'il disait ? Et surtout, fallait-il réellement qu'elle cherche à connaître la réponse à ces questions ? Non, il valait mieux qu'elle renonce, qu'elle passe à un autre sujet.
Elle tendit la main lorsqu'il lui présenta sa carte. Un numéro privé dirigé vers le Comissariat y était inscrit. Il s'agissait de son numéro privé ? Son titre lui accordait bien des choses, elle l'enviait un peu... Enfin, même si elle ne voyait pas pourquoi puisqu'elle n'avait personne à qui parler.

"Oui, je voudrais que vous me préveniez si jamais il venait à être enfermé. Il n'a jamais tenté de me contacter, j'ignore s'il le fera à ce moment là mais... Peu importe son avis, je veux le revoir et cela de gré ou de force... Je crois que ma patience s'est évaporée... S'il est là, je dois lui parler, lui poser des questions. Croyez moi que votre interrogatoire ne sera rien par rapport à tous ce que j'aimerais lui poser."

Elle afficha un semblant de sourire. Etait-elle amusée par ses dires ou frémissait-elle d'agacement au point d'en rire jaune ? Elle l'ignorait elle-même, mais une chose était sûr: Il allait avoir droit à un florilèges de réactions imprévisibles et excessives de sa part. Elle n'était pas ainsi normalement mais là... une envie d'imploser la prenait, elle avait besoin de crier. Elle ne savait plus si elle voulait prendre Law dans ses bras, pleurer de joie en l'embrassant, ou lui sauter au visage, criant sa colère et sa frustration en le griffant. Il était en vie... Mais il l'avait abandonné...

Elle garda son regard sur la carte qu'il lui avait donné, observant avec attention l'écriture, comme si cela avait quelque chose de réellement fascinant. Avait-elle le droit de s'acaparer le telephone du Cabaret pour joindre Aldrick ? La voir parler à quelqu'un allait troubler plus d'une personne, elle n'était vraiment pas du genre à communiquer avec autrui, alors par téléphone, cela signifiait qu'elle connaissait quelqu'un à l'extérieur. Chose étrange...
Il lui proposa de venir avec lui.
Quelle heure était-il ?
Elle allait bientôt devoir se mettre au travail, nettoyer un peu le cabaret, préparer son numéro encore et encore. Si elle arrivait en retard, allait-elle se faire gronder par Edward. Il allait surement lui repprocher de ne pas être très sérieuse aujourd'hui, mais quoi d'autres ? Elle qui était toujours si ponctuelle, pour un retard unique, est-ce que cela méritait des griefs ?
Surement pas. Et puis, elle n'avait plus la tête à travailler. Elle devait agir dès à présentn tant que le fer était encore chaud. Qui pouvait dire si le lendemain elle aurait été capable d'émettre la moindre émotion ? Non il fallait qu'elle agisse vite.

"Je vais vous accompagner, je ne me suis jamais accordée une journée de repos. Du moment que je sois sur scène ce soir, quelle importance ? Montrez moi le chemin et je vous aiderais du mieux que je le peux."

Elle se leva et ressera sa veste autour de sa taille. Elle se sentait remontée à bloc.
Un nouveau bruissement se fit non loin dans un arbre. Encore un oiseau ou peut-être était-ce un écureuil ?
Qu'importe l'animal, elle eu soudain envie de narguer cette chose qui semblait les observer. Et si jamais il s'agissait de son frère ? Ah ! Il n'avait que se montrer devant elle. S'il l'aimait toujours autant, il n'avait qu'à se montrer brave et venir près d'elle, défiant le commissaire. Mais elle en doutait.
Elle se retourna vers Aldrick et afficha un sourire aimable, animant son visage de manière singulière.

"Allons-y, Commissaire Voelsungen."