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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]

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Morgan Lenoir
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MessageSujet: Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]   Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen] I_icon_minitimeVen 27 Juil - 20:37

Bogny-sur-Meuse, Périphérie de la ville, Octobre 1887



« …Et là le gars m’fait : "Ben c’est justement comme ça qu’l’autre s’est retrouvé avec trois dents en moins !" »

L’aubergiste, qui venait d’achever son anecdote, éclata d’un rire franc. À côté de lui, l’un des rares clients de la gargote sirotait son verre d’un air maussade. L’établissement, situé dans les faubourgs de Bogny, n’était que peu fréquenté en cette fin d’après-midi, et la mine déjà éméchée du gérant ne faisait rien pour attirer une clientèle recommandable. Ici, on n’était pas très regardant sur le registre.

« Ben alors quoi, vous en tirez une tronche ! » Il claqua des doigts. « Eh, Bertha, ramène un digestif ! Qu’est-ce que vous v’nez faire par chez nous ?
- Je suis là pour la chasse.
- Ah oui ? Et alors ? De bonnes prises ?
- Pas vraiment. »

Le tavernier, qui écoutait d’une oreille distraite, prit un peu vivement la bouteille des mains de son épouse, une femme mure et bien replète, alors qu’elle s’apprêtait à les servir. Celle-ci s’installa sur le banc à côté de lui, penchée sur la table pour mieux examiner leur hôte. Le dos de son mari se contracta légèrement.

« Ah, mais ça, vous savez, quand ça veut pas, ça veut pas !
reprit-il en remplissant leurs deux verres. Mais on peut trouver d’autres distractions dans c’patelin. Pas des masses mais quand même. Tenez, y’a quoi, deux semaines, on avait même des artistes, nous, ici.
- Oooh, ceux-là ! intervint Bertha. Des rigolos. Raconte-lui comment i-
- Des jumeaux, en plus, des vrais de vrais, oui M’sieur ! l’interrompit-il d’un geste impatient de la main. Ils en sortaient des bonnes en plus, un festival. Un qui vous crachait du feu, des flammes… Comme ça ! Et l’autre-
- Eh ! Et quand l’deuxième a disparu après qu’l’autre lui a craché u-
- MAIS ELLE VA LA FERMER, SA GUEULE, À LA FIN ?!!! » rugit violemment l’aubergiste.

La concernée baissa les yeux, se leva en silence, et retourna essuyer les verres, comme une gamine pris en faute.

« …Que j’disais moi. Ah. Oui. Les aut’ zouaves. Ben ils nous ont fait le spectacle, voilà. »

Il reposa les yeux sur son digestif, irrité, et le but. Un ange passa. Puis les traits de l’hôtelier se détendirent et il reprit son air avenant.

« C’était vraiment de drôles de drilles, ces gars-là, pour vous dire. Ils sont repartis par la forêt, j’les ai vus pendant que j’levais mes collets. Y’en avait un qu’arrêtait pas de parler des... Des… Rah ben comment c’était déjà…
- …Des hydres, Toinet, qu’tu disais ! » suppléa une voix depuis le comptoir.

Il ferma les paupières avec agacement, puis reprit.

« Ouais, possible. Mais ils en causaient sérieusement, comme si c’tait d’vrais bestiaux, quoi. Ils préparaient p’t-être un d’leurs nouveaux tours, mais enfin ça c’est du détail : si vous voulez mon avis, ces gars-là étaient surtout un peu cintrés. »

Le chasseur avait redressé la tête au mot « hydre », soudainement très intéressé.

« Y’a deux semaines, vous dites ? Ils s’appelaient comment ?
- Heu… hésita l’aubergiste. Ils ont pas dit, c'est qu'on prend pas les noms, ici…
- Et leur nom de scène, alors, c’était quoi ?
- Ben… J’en sais rien… poursuivit-il avec méfiance. Un truc avec "fée" dedans, dans l’genre, je sais plus, moi. »

Les deux hommes se toisèrent un moment, circonspects. Le chasseur se força à reprendre un air faussement distrait, haussa les épaules, et avala sa liqueur. Au stade où il en était, tout indice était bon à prendre. Il n’avait plus mis la main sur un Légendaire depuis près de six mois. À ce rythme, même le pécule qu’il avait mis de côté n’allait plus suffire pour payer ses nuits dans des cambuses de seconde zone.

« …Ils allaient dans quelle direction ? hasarda-t-il finalement.
- Que j’en sais, moi ? Ils sont passés par la forêt. Pas courant. Mais ils peuvent être n’importe où, maintenant. C’était le genre nomade, vous voyez c’que j’veux dire. »

Il hocha lentement la tête, impassible. Les deux lurons devaient déjà être loin. Frustré et peu désireux de profiter plus longtemps des soliloques du tenancier, il but un autre verre, régla l’addition et sortit, ayant récupéré son attirail. Si les hydres avaient jamais réellement existé, et si un garçon dans les Ardennes savait où en trouver, il pouvait bien toucher le pactole, pour sûr, quoiqu’il y eût de quoi douter que la source fût fiable. En désespoir de cause, il s’était lancé dans des recherches qui avaient duré de longues semaines, achevant de grignoter ce qui subsistait de ses économies.
En vain.
Naturellement.
Jusqu’au jour où, des années plus tard, alors qu’il avait depuis bien longtemps cessé de ressasser, le hasard, le hasard pur, l’avait conduit jusqu’à Paris. Laissant trainer ses oreilles çà et là, il avait entendu parler de ces deux frères à l’accent ardennais et semblables en tous points, qui se produisaient le soir au Lost Paradise.
L’un d’eux crachait du feu…
Et, tout aussi naturellement qu’autrefois, il songea qu’il avait peut-être enfin retrouvé sa piste.

*  *  *

Paris, 6ème arrondissement, 1890

Morgan écoutait calmement le commissaire, les yeux posés sur la Seine.

Il n'y avait guère longtemps que les deux jumeaux avaient pris la décision de se dissocier un peu certains soirs. Installés au bar après leur numéro, ils s'efforçaient de nouer la conversation avec les clients qui les encadraient de part et d'autre - Fred à droite, Morgan à gauche. Ainsi, le mage pouvait signifier d'un regard à son frère que sa façon de s'y prendre lui semblait ou non suffisamment naturelle. S'il était vrai que la discussion se finissait généralement en échange à trois ou à quatre, l'hydre devait bien reconnaître que cette stratégie lui avait permis de faire quelques progrès, malgré ses réticences. Il se sentait légèrement plus assuré en présence d'un étranger, quoique pas forcément plus à l'aise.

Ce soir-là, cependant, les circonstances l'avaient placé à côté de quelqu'un de familier. Depuis qu'ils se connaissaient, le commissaire lui inspirait confiance : c'était l'un des premiers clients qu'ils avaient rencontré après avoir été embauchés, son frère et lui, et Morgan devinait entre eux quelque chose de vaguement commun, d'animal. Fred en avait profité pour s'éclipser, non sans avoir posé sur son épaule une main rassurante, et lui avoir dit à plus tard.

À la fermeture du cabaret, l'acrobate était même allé marcher avec Voelsungen pour prendre l'air. Ses pieds l'avaient naturellement porté le long des quais, quelques rues plus loin. Accoudé à la margelle, entre deux boîtes de bouquinistes, il contemplait les péniches qui oscillaient lentement d'avant en arrière, au rythme du léger reflux.

Lorsque le policier se tut, Morgan hocha la tête, pensif. Il commençait à fatiguer. Ils restèrent un moment ainsi, immobiles face au fleuve. Puis l'hydre se décida à rompre le silence.

« S'cusez, m'sieur le commissaire, mais je crois que j'devrais rentrer... Fred va pas tarder à aller se coucher, de c't'heure. »

Ils se serrèrent la main, et Morgan reprit la route du cabaret. Il s’était éloigné un peu plus qu’il ne lui avait d’abord semblé, mais son sens de l’orientation lui dictait qu’il devait revenir vers le Sud-Est. Il emprunta la première ruelle qui se présenta, croyant qu’il s’agirait d’un raccourci, pour réaliser qu’elle aboutissait en fait à une impasse. Alors qu’il s’apprêtait à revenir sur ses pas, il avisa un homme qui venait de s’y engager. Le lascar ne lui disait rien qui vaille. Il demeura immobile en attendant de le voir regagner sa demeure, dans l’espoir de passer inaperçu ; mais l’individu choisit plutôt de s’approcher de lui, et, chose inquiétante, il semblait savoir parfaitement ce qu’il faisait lorsqu’il lui adressa la parole.

« Dis donc, tu serais pas l’un des jumeaux du cabaret, qu’est pas loin ?... Le cracheur de feu ou l'autre ?
- Pourquoi ça, vous leur voulez quêqu’chose ? »

Il avait répondu avec froideur. La façon qu’avait l’autre de le dévisager, comme pour anticiper le moindre de ses mouvements, était assez suspecte. Morgan le dévisageait en retour. Il n’aurait pas été tellement surpris de le voir sortir un couteau et lui demander son argent, qu’il n’avait pas pris avec lui, ce qui risquait de ne rien arranger. À moins que son vis-à-vis ne fût un « admirateur », mais c’était généralement après les danseuses que ceux-là en avaient.

« Je te connais de Bogny. Ça te dit rien ?
- Désolé, pas souv'nir.
- Ben moi si. Six semaines à vous courir après, ton frère et toi. Tu m'dois bien un verre. »

Il réfléchit aussi loin qu’il put. Il ne se rappelait pas avoir commis de sale coup à Bogny. À cette époque, ils avaient bien l’habitude de jouer quelques tours par ci par là avec Fred, mais rien qui aurait pu justifier de les pourchasser plusieurs semaines durant ; et, quoiqu’il eût plutôt bonne mémoire, le visage de cet homme ne lui disait absolument rien.

« Pardonnez, vous d’vez vraiment confondre…

- J’insiste. Je suis aussi passé par l’auberge de la rue des Aulnes. »

Alors qu'il s'apprêtait à répliquer de nouveau, l'homme écarta lentement le pan de son manteau, dévoilant le pistolet qu'il portait à la ceinture. Les traits de son visage étaient restés calmes, mais ils s'étaient durcis.
Morgan serra les dents.
Au moins, le geste confirmait qu’il avait eu raison de ne pas le sentir. Si ce type avait vraiment l'intention de se servir de son révolver, seul et désarmé qu'il était, il se trouvait dans une posture plus que fâcheuse… Mais puisqu’on ne lui laissait pas le choix, il dut bien se résoudre à obtempérer.

« Bon, si on s'connait, c'est pas pareil...
lâcha-t-il lentement, le regard noir.
- J'aime mieux ça. »

D'un mouvement de tête l'homme l'invita à passer devant lui, de sorte qu'il ne pouvait pas espérer filer sans se placer à la merci de l'arme. Amer et le cœur serré, il fit demi-tour et revint vers les quais en traînant les pieds, l'individu sur ses talons.

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Dernière édition par Morgan Lenoir le Sam 19 Oct - 2:00, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]   Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen] I_icon_minitimeVen 10 Aoû - 18:37

La fumée d'une énième cigarette se dessina dans l'air. Aldrick y inscrivit un nouveau rond, pas peu fier. Il lui en avait fallu du temps pourtant, avant de parvenir à pareil exploit.

~*~*~*~

- T'es pas sérieux ? T'y arrives toujours pas l'bleu ?
- La ferme !
Un rire franc secoua la fine silhouette de son vis-à-vis, qui agita son couteau vers lui en de larges cercles.
- Ça va grogne pas, l'cabot !
- Arrête de m'appeler comme ça !
- Tu préfères "l'animal" ?
- ...
- C'est quand même à la portée de n'importe quel gosse de faire des ronds de fumée ! Même l'p'tit Joyeux y arrive ! T'as vraiment l'odorat trop sensible, l'bleu !
- C'est bon, lâche moi avec ça à la fin !
- Hey ! Vous deux ! Cessez de parler chiffons ! Ces patates ne vont pas s'éplucher toutes seules !
- Oui, mon commandant ! Hurlèrent machinalement les deux bruns avant de s'y remettre plus sérieusement.

~*~*~*~

* Pff, ce qu'on a pu être de corvée de patates tous les deux n'empêche ! *

Un sourire nostalgique s’immisça sur les lèvres de l'agent à cette pensée, avant qu'il ne se détache finalement du muret qui bordait la Seine. Il n'avait pas fait deux mètres qu'une odeur familière le dissuada de bouger d'avantage. Une odeur de sang. Les sens aux aguets, le loup noir identifia rapidement un homme avec un manteau sombre, rapiécé par endroits, troués à d'autres. Mais ce qui le surprit surtout, ce ne furent pas les nombreuses tâches pourpres qui le tâchaient ; mais bien de voir l'un des Lenoir le devancer sans joie, avant que tous deux bifurquent. Il s'élança sans réfléchir à leur suite.

- Hey petit ! Atten...

Les sabots frôlèrent sa joue, l'obligeant à reculer vivement, coupant court à ses dires. Lorsque le cab fut passé –non sans que le conducteur lui ait attribué tous les jurons qu'il semblait connaître pour s'être jeté sous sa voiture– Aldrick les avait perdus de vue. Le policier pesta à peine, la truffe en l'air, il ne lui fallut pas longtemps avant de s'engager à son tour dans l'une des rues les plus étroites de Paris. Le loup eut toutes les peines du monde à s'y glisser et abandonna dans l’instant toute idée de discrétion. C’était comme de placer un éléphant dans un magasin de porcelaine ! Mais la chance joua en sa faveur : l'inconnu bouscula l'acrobate, ils entrèrent dans la rue voisine, puis dans une auberge.

La taverne était sombre, sale et empestait le vin trop cuit. En temps normal, Aldrick aurait fait demi-tour tant c’était une infection pour sa truffe. Il n’en eut pas le loisir, ce qui lui restait d’odorat lui indiqua bien trop clairement à son goût que Morgan descendait dans une cave qui empestait le sang.

Quand il rouvrit enfin les yeux, le gros plan d'un visage inconnu lui arracha un mouvement de recul. Des cordages l'entravaient à une chaise de bois. L'inconnu n'y prit pas garde, préférant observer avec minutie une petite seringue, avant qu'une remarque amère ne lui échappe :

- Pff, cette camelote ! « De quoi t'assommer un géant ! » tu parles ! La belle affaire... Ça n'a même pas tenu 10 minutes ! Enragea le chasseur en jetant l'objet à l'autre bout de la pièce.

Le verre se brisa. En un pas, le chasseur se rapprocha tel un vautour de sa proie, reportant son attention sur Morgan, lui aussi ligoté de façon similaire. Sans crainte, il redressa le visage du plus jeune vers lui, arguant avec dédain, en appuyant son arme contre sa gorge :

- Au moins le sérum de vérité devrait te délier la langue. Allé, je t'écoute, minus. Dis-moi tout ce que tu sais sur les hydres.

Un cliquetis distinctif empli l'espace. La sécurité de l'arme venait de sauter.

- Et n'oublie rien, ou il vous en cuira à tous les deux.


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MessageSujet: Re: Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]   Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen] I_icon_minitimeVen 24 Aoû - 23:36

Il avait d’abord cru que l’homme l’entraînerait dans un caboulot mal fréquenté, afin de lui soutirer ce pour quoi il venait de le prendre en otage en pleine nuit. Il avait entendu les pas qui les suivaient à distance raisonnable, sans savoir s’il s’agissait d’une bonne nouvelle ou d’une mauvaise, et s’était même cru sauvé lorsque Voelsungen était rentré dans la taverne à leur suite, laissant son ravisseur s’éclipser avec ordre de ne pas broncher.
Ses espoirs s’étaient toutefois vite dissipés quand il avait vu l’inconnu revenir en soutenant le commissaire, à demi effondré sur lui comme un ivrogne, avant de les faire tous deux descendre dans une cave sordide. Cela, il ne l’avait pas prévu. Ni les liens, ni le produit qu’il lui avait injecté sans mot dire, et qui n’avaient rien fait pour détendre ses entrailles dont les nœuds n’avaient de cesse de se resserrer de minute en minute.

Il avait cependant dû attendre de se retrouver avec le canon glacé de l’arme enfoncé dans son cou pour véritablement comprendre.

Il était tombé sur un fou furieux.

Il sentit ses yeux écarquillés s’humecter sous l’effet de la terreur, sans qu’aucune larme ne s’en échappât. Une sonnerie assourdissante semblait siffler dans ses oreilles, et le sang s’était retiré de son visage. C’est à peine s’il distingua les mots qu’on lui disait. Les mots s’étaient vidés de leur sens. Dans son esprit même, ils tourbillonnaient comme dans une vasque dont on aurait retiré la bonde, s’effaçant dans un lugubre gargouillis.

« De... Quoi ?... »

La sécurité de l’arme qui saute. On voulait le faire parler des hydres.

À ces paroles, ses yeux se durcirent. Sous la menace où il se trouvait, de vieux instincts prenaient le pas sur ses pensées cohérentes ; des instincts qu’il n’avait, somme toute, qu’assez rarement éprouvés, au cours d’une vie pourtant longue.
Mordre.
Tuer.
Arracher ce sourire triomphant de son visage mauvais.
Le noyer.
Le noyer au plus profond.

Il toisa l’homme de son regard bleu glacial. La colère y formait un étrange contraste avec la peur. Il tira sur ses liens avec amertume, pour s’assurer que le truand n’y avait pas laissé un nœud trop lâche ; peine perdue. Il s’en voulait – il s’en voulait de s’être laissé si facilement prendre au piège.
Non, cela, il ne l’avait pas prévu.
Mais, puisqu’il était pour l’heure sans ressources, il n’allait avoir d’autre choix que de garder son sang-froid aussi longtemps que possible. Et gagner du temps, s’il voulait peut-être espérer sortir de là vivant.

« Les hydres ?... Qui t’dit qu’j’en sais long ?... »

Là où un humain ordinaire aurait bredouillé ou parlé d’une voix plus aiguë, celle de Morgan prenait des inflexions étranges, impersonnelles, et vaguement rauques. Sans ciller, le chasseur laissa glisser son pistolet le long de son torse d’un air patient, avant d’arrêter l’embout contre le creux de son épaule.

« Toi, tu vas me le dire. Ou j’vais finir par te faire mal. »

Sa voix s’était également faite plus basse, comme par mimétisme. L’hydre le regarda sans parler ; sans parvenir à y croire. C’est alors que le coup partit. Il déchira le silence tendu avec la force d’un roulement de tonnerre, et Morgan sentit son cœur faire un bond vertigineux dans sa poitrine. Avec un léger décalage, il laissa échapper un cri d’effroi, sans réussir à déterminer s’il avait mal ou non, et commença à se débattre frénétiquement pour tenter d’apercevoir le trou de la balle. Mais sur son épaule, il ne se trouvait pas plus de blessure que de sang. L’homme avait légèrement incliné son révolver au moment de tirer, et le plomb était allé se ficher dans un mur. Avec un regard froid, il remit le canon dans sa position initiale, et le pressa en donnant de premiers signes d’impatience.

« Allez ! J’t’écoute !
- Y’en avait, dans la Meuse – avant, concéda-t-il enfin. Y’en a plus. Elles sont mortes. C’est l’eau. Ça les a brûlées – du dedans. »

En même temps qu’il le faisait, cet aveu lui perça le cœur. C’était la première fois qu’il avait la réelle impression de trahir son peuple. Le sérum de vérité faisait-il véritablement effet ? Était-ce seulement parce qu’il le croyait, que ces paroles pouvaient franchir la barrière de ses lèvres ? Ou son espèce avait-elle réellement, irrémédiablement disparu du fleuve où il était né ?
Quoi qu’il eût pensé jusqu’à présent, ou se fût efforcé de se dire pour ne rien regretter, la perspective concrète d’une extinction retomba sur ses épaules aussi rudement qu’un poids physique.

Il se sentait impuissant, atrocement impuissant, dans ce cachot suintant la crasse, sans Frédéric pour porter avec lui son angoisse accablée. Pour rien au monde il n’aurait voulu que son frère se trouvât ici avec lui, à la merci d’un assassin ; pourtant, en cet instant, personne d’autre que lui n’aurait su calmer les tremblements de colère du garçon, ni les sanglots qui le secouaient enfin, et tordaient son visage de douleur et de peine.

Il braqua de nouveau son regard haineux vers le malfrat.
Il restait encore en France une hydre de la Meuse qui respirait.
Et cette hydre était bien décidée à le réduire en morceaux sitôt libérée de ses entraves ; en pièces, en charpie – qu’importe que ses dents fussent désormais humaines.

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Dernière édition par Morgan Lenoir le Dim 24 Mar - 1:49, édité 1 fois
Aldrick Voelsungen
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MessageSujet: Re: Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]   Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen] I_icon_minitimeLun 17 Déc - 23:34

Le cordage serré marquait ses poignets qu'il éloignait encore l'un de l'autre pour tenter de rompre ses liens. Le petit gagnait du temps, mais qui savait combien ils en avaient encore avant que... Aldrick sursauta, le coup était parti, le figeant momentanément, avant que l'acrobate ne s'agite davantage. Aldrick vit rouge. La corde s'étiola prodigieusement, se séparant en plusieurs brins tandis que le benjamin, sain et sauf, abandonnait amèrement son savoir. La tristesse qui éclatait de sa voix lui perça le cœur. Il tira davantage sur les fils qui se distendaient. Encore un peu. Bientôt, son poing pourrait s'abattre sur le visage de cet abruti qui les menaçait. Bientôt, il pourrait lui faire ravaler ses fourberies et ses...

- Arrête de râler, Élie ! C'est bon, je vais te la chercher ta sacrée bouteille !

Les éclats de rire extérieurs se stoppèrent aussi rapidement qu'ils leur étaient parvenus, emportés par le grincement désagréable de la porte qui se referma pour laisser apparaître des souliers d'un rouge carmin. Le pas chancelant indiquait toute la difficulté de la descente des trois malheureuses marches qui constituaient l'escalier de la cave, pour la demoiselle. D'elle, ils ne contemplèrent d'abord qu'une paire de jambes d'un blanc nacré, une vision hypnotique qui n'avait rien à envier à celle que la Rose Blanche, alias Églantine Jocor, présentait régulièrement au Lost. Si ce n'était que la robe à froufrous qui la surplombait était un savant mélange de rose sur sa première couche et de carmin pour la seconde. Cette dernière remontait en un bustier aguicheur, pour mettre en avant des formes encore trop juvéniles. Si le buste élégant de la demoiselle lui donnait un air de poupée, ce n'était rien en comparaison avec son visage rond et ses cheveux ébène qui tombaient en cascade sur son épaule droite. Un sourire amusé étira les lèvres de l'indiscrète, laissant supposer que bien trop d'alcool avait dû l'enivrer plus tôt.

- Ooooh ! Voilà une délicieuse surprise ! Ne me dites pas que vous vous amusiez tous seuls les garçons ?

Aucun d'eux ne fut à même de répondre. Comme beaucoup de femmes, elle poursuivit de ce pas langoureux mais terriblement instable des demoiselles éméchées.

- Je m'occupe de tout, ne vous inquiétez pas. ~

À dire vrai, c'était cela qui inquiétait le plus Aldrick, dont les radars d'outrage à la pudeur avaient déjà explosé et dont la liste de crainte ne cessait de s'accroitre au fil des secondes. Il voulu la mettre en garde, mais l'air enchanté qu'elle affichait le laissa bête. En quelques enjambées, elle rejoignit les deux autres, mais vacilla dans un rire adorable, sans tomber pour autant, se rattrapant in extremis à la chaise, elle se glissa même avec plus d'aisance qu'il ne l'avait soupçonné jusqu'à Morgan, qu'elle avisa avec appétit.

- T'es mignon toi. Elle s'assit sur ses genoux. J'adore les jeunes. ~

Ses bras coulèrent sur ses épaules et un baiser sonore éclata sur la joue du benjamin, tandis que le chasseur, interloqué, la regarda faire, avec des yeux ronds comme des soucoupes. Elle dut le remarquer, car aussitôt, elle se redressa et glissa en passant sa main sur son buste pour remonter jusqu'à son cou du bout de l'index.

- J'adore aussi les hommes qui n'hésitent pas à se servir de leur engin. ~

Un clin d’œil entendu et elle sautilla joyeusement jusqu'à Aldrick. L'instinct du loup lui hurla de s'éloigner, il tira davantage sur ses cordes, dans l'espoir de pouvoir fuir, mais ce fut peine perdue.

- Oooh. T'es bien bâti toi, dis-moi... ~

La jeunette lui offrit une large vision de l'intégralité de sa gorge, avant de lui infliger le même supplice qu'à Morgan dans un léger rire et chacun des mots du brun se mua dans un inextinguible charabia, avant qu'il ne s'entende annoncer sans réfléchir, rouge comme une pivoine, ne sachant plus où poser les yeux :

- De grâce, mettez une veste...

La demoiselle arqua un sourcil et son rire cristallin emplit à nouveau l'espace avec innocence, avant qu'elle n'agrippe d'un air fripon le manteau de l'agent, arguant avec la voix enchanteresse d'une amante :

- Tu me donnes la tienne alors ?

À son visage, le loup comprit bien vite, qu'il était probablement un des seuls à lui demander de se rhabiller plutôt que l'inverse, mais il ne put rien objecter de compréhensible cette fois en sentant qu'elle faisait glisser le tissu et la « discussion » s'acheva par un nouvel éclat de rire.

- Ça suffit maintenant ! Tonna finalement le truand en pointant son arme vers eux. Y'en a marre de ce cirque ! On n'est pas là pour taper la discute autour d'une bouteille de vi...
- La bouteille ! Réalisa soudain la brune.

Sans l'écouter davantage, elle se leva et gagna la porte qu'elle ouvrit en grand avant de hurler avec enthousiasme :

- Élie ! Élie ! Viens voir ! Y'a des garçons trop beaux en bas ! Ils ont des pistolets plus vrais que nature ! Faut qu'on leur offre un verre ! Tu préfères quoi ? Du rouge ? Elle frappa du pied et s’époumona : Élisabeth, tu m'écoutes à la fin ?!

Estomaqué, Aldrick observa la belle sans comprendre comment elle avait pu parvenir à pareille conclusion et encore moins comment elle pouvait avoir autant de coffre. En effet, l'espace d'un instant, la salle s'était tut.


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MessageSujet: Re: Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]   Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen] I_icon_minitimeMar 19 Fév - 1:38

Au beau milieu du silence stupéfait, un pas rapide se rapprocha de la porte ouverte de la cave, dans un claquement d’escarpins, et un flot de marmonnements désapprobateurs.

« Cathy, je te jure, c’est pas en assourdissant la moitié du quartier que tu vas faire nos affaires, alors pour une f– »

Les conversations avaient déjà repris dans l’auberge lorsqu’une silhouette blonde parut dans l’entrebâillure. Morgan leva la tête vers la nouvelle venue, le cœur toujours battant après la détonation du pistolet, le visage cramoisi par effet du badinage de la brune, et les yeux comme la bouche démesurément ouverts, ahuri, pantelant, hagard, à peu près aussi coi et décontenancé qu’une carpe suspendue à un fil de pêche. La jeune femme, apparemment en meilleure possession de ses moyens que l’autre, attrapa le poignet de sa comparse, et se pencha pour balayer d’un œil impatient la semi-pénombre ambiante. Son regard tomba sur le trio, et croisa celui de Morgan, encore humide.

« …Oh. »

De toute évidence, elle ne s’était pas attendue, elle non plus, à ce qu’un pareil spectacle vînt agrémenter sa soirée.
Élisabeth se figea et esquissa un mouvement de recul, mais un claquement de langue la retint.

« Tsk, tsk, tsk… »

Morgan tourna sa mine effarée vers leur ravisseur. Ce dernier pointait son pistolet dans la direction des deux filles en secouant la tête. D’un mouvement de son arme, il leur ordonna de descendre, ce à quoi elles n’eurent d’autre choix que d’obéir, l’une de très mauvaise grâce, l’autre sans se départir de son air radieux.

« Tu vois, j’te l’avais dit ~ ! Moi je prends le ténébreux, ça pourra pas lui faire de mal d–

– Chut... »

Cathy fit la moue. À demi affalée sur sa compagne, elle adressa à Aldrick un clin d’œil enjôleur.

L’hydre profita de les voir lentement approcher pour scruter la blonde plus en détail. Elle portait une robe aux tons verts, dont la coupe était presque identique à celle de la première, et non moins aguicheuse. Au-dessus de son décolleté plongeant, elle arborait cependant l’expression farouche et résolue de ceux qui, conscients d’être dans le pétrin, ont la ferme intention de s’en sortir. Morgan était familier de ce froncement de sourcils. Dans le temps que prirent les deux intruses pour arriver en bas des marches, il avait réussi à retrouver une partie de son calme. Élie lui jeta un autre coup d’œil, auquel il répondit par un appel à l’aide silencieux, mais elle détourna stratégiquement le regard.

« On dira rien, on veut pas de problème. »

Bon, il ne pouvait pas lui en vouloir… Toutefois, ce n’était pas à lui que ces mots étaient adressés.

« Ben voyons. Vu l’numéro que vient de nous faire ta copine, pas de risque que j’parie là-dessus.

– On peut aussi faire don d’nos coooo– »

Un coup de coude bien placé interrompit aussitôt la brune, qui adressa à Élisabeth de nouvelles protestations. On devinait néanmoins, à voir se décomposer progressivement le visage de la blonde, que celle-ci peinait de plus en plus à dissimuler son angoisse pour elles deux.

Pendant ce temps, le chasseur, qui les tenait toujours en joue, avait monté l’escalier, tourné la clé dans la serrure de la porte, et venait de la ranger dans l'une des poches intérieures de son manteau. Après quoi il revint à leur niveau, les toisant de toute sa hauteur.

« Avancez. »

Il leur désigna un endroit qui devait se trouver derrière les étagères chargées de vin, et disparut à leur suite entre les rangées d’alcool.

C’est seulement alors que Morgan sembla revenir à lui. Il tira de plus belle sur ses liens, maintenant qu’il n’était plus sous la menace directe du malfrat. Que comptait-il faire aux deux filles ? Peut-être les avait-il emmenées à l’écart pour les ligoter aussi… La présence devant lui de la corde dont l’homme avait précédemment usé ne paraissait cependant pas aller dans ce sens, et il se mit à redouter d’entendre résonner deux nouveaux coups de feu. Le sifflement dans ses oreilles le reprit de plus belle.

Les entraves qui lui retenaient les poignets ne donnaient toujours pas signe de vouloir céder, mais, à force de se débattre, celles autour de ses chevilles avaient commencé à se relâcher. Il redoubla d’efforts, et, avec souplesse, finit par dégager un pied, puis deux. Ses jambes détachées de celles de la chaise, il les replia sous lui, s’accroupit avec prudence pour ne pas faire basculer le siège, et se redressa, faisant ainsi coulisser ses bras par-dessus le dossier.
Il était libre.
Presque libre.
Il aurait voulu pouvoir s’élancer vers la porte et s’enfuir, mais la situation générale était loin d’être réglée – et quand bien même, il restait prisonnier du verrou.

Il réfléchit aussi vite qu’il le put, entre deux poussées d’adrénaline, tandis qu’il enjambait le nœud formé par ses bras attachés afin de les ramener devant lui. Ses contorsions lui rappelaient l’un des premiers numéros qu’ils avaient imaginés avec Freddy. Une reprise du Petit Poucet, où, captifs, ils finissaient par échapper à l’ogre – lui avec les Bottes de sept lieues, qui étaient prétextes à une série de bonds extraordinaires, et Frédéric, en faisant cramer derrière lui la baraque, leur geôlier, sa femme, et leurs « bêtes gosses ».

Nouveau serrement de cœur à l’évocation du frangin…

S’il avait été à sa place, le mage aurait sans doute déjà trouvé une solution. Au lieu de cela, Morgan se tenait, bouillonnant de peur et de colère, au milieu de la pièce – à moitié délivré, mais sans la moindre ressource. Il lui aurait fallu une arme. À défaut, il allait avoir besoin d’aide.

Il se tourna vers Voelsungen. En un éclair, il fut à genoux derrière lui, et se mit à tirer tant bien que mal sur la corde qu’il découvrit déjà étiolée, avec ses mains et avec ses dents. Celle-ci finit par rompre, et il laissa au commissaire le soin de libérer ses pieds tandis qu’il se retournait vers l’endroit où le malfaiteur s’était glissé, dans un murmure à peine perceptible.

« Et maint’nant faut faire quoi ? »

Il resongea aux deux demoiselles, dont la situation n’était guère plus enviable que la leur, et secoua nerveusement la tête.

« On peut pas les laisser là... »

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Dernière édition par Morgan Lenoir le Mar 28 Mai - 23:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]   Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen] I_icon_minitimeLun 22 Avr - 23:06

Décidément, ces jumeaux avaient de la ressource. Entre Frédéric au théâtre et son frère là, mieux valait les avoir à l’œil ces deux zigotos. Loin de s’en plaindre pourtant, le loup accueillit avec une joie silencieuse le coup de pouce de l’artiste.

- Merci.

Il remonta sa veste, acheva de se détacher et fit de même avec les liens de Morgan, libérant ses mains d’un coup sec, tandis qu’il glissait sur un ton à peine audible :

- La blonde essaie de gagner du temps. C’est l’occasion de rendre la monnaie de sa pièce à ce damné chasseur..

Mouvement de tête et sourire goguenard en dirent long sur les intentions du commissaire.

* J’ai l’impression de l’avoir déjà vu ce type. Un vieux barbu dans son genre, ça court plus tellement les rues chez les chasseurs. Surtout avec un style si particulier et un pistolet de ce genre ! *

Un crissement de dents l’arracha à sa réflexion, lui rappelant l’urgence de la situation. Aussitôt, il s’accroupit près de son nouvel allié, de crainte de les faire repérer, tout en se massant machinalement les poignets. Ses iris d’or détaillèrent ensuite la pièce à une vitesse folle. L'espace dans lequel ils se trouvaient comportait en son centre, les deux chaises qu'ils avaient occupées, au fond, un amoncellement de tonneaux de vin couvrait l'un des murs jusqu'au plafond. Une odeur d'humidité et de vinasse âcre s'en dégageait. Plusieurs tâches sur le sol indiquaient que cela faisait probablement des décennies qu'ils étaient là. Derrière eux, l'escalier, petit et assez étroit menait à la salle principale, d'où des notes et plusieurs rires gras leur parvenaient. À leur gauche, ils ne distinguaient qu'une partie de la pièce se terminant en un mur de briques sombres. Le reste leur était masqué par un mur de pierre scindant la pièce en deux. C'était dans ce renfoncement, entre les étagères de fer, gorgées de bouteilles d'alcool, que s'étaient immiscés le chasseur et ses proies.

Il n'y avait pas une seconde à perdre ! L’adrénaline aiguisant ses sens à l’extrême, il ne fallut qu’une poignée de secondes avant qu’il entraîne Morgan près du mur de séparation.

* Raaah ! Si je tenais l’architecte à la noix qui a décrété que les caves devaient toutes être bas de plafond ! Nom d’un chien, il aurait de mes nouvelles ! Quelle idée pourrie ! *

Toujours courbé, il lui intima le silence en posant l’index sur ses propres lèvres, puis désigna la corde abandonnée d’un signe de tête, au cas où il saurait s'en servir à bon escient, et du pouce l'enclavement derrière eux. Il murmura :

- À nous de les sortir de là maintenant..

Plantant son regard dans le sien, il n'attendit qu'un imperceptible mouvement du garçon avant de longer à pas de loup, mur et étagère. En deux enjambées, il fut dans le dos du chasseur, dont la verve ne tarissait pas :

- Z'auriez mieux fais de rester là-haut avec tous vos copains. Voilà c'qui arriv' quand on....
- Et si tu t'en prenais plutôt à quelqu'un de ta taille pour changer ?

L'homme tressailli en sentant une main sur son épaule, qui le fit pivoter de force, alors qu'il resserrait son arme contre lui, ultime barrière contre le poing du commissaire.

Le coup partit, résonnant brutalement dans l'espace clos.


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MessageSujet: Re: Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]   Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen] I_icon_minitimeMer 16 Oct - 2:19

L’instant d’après, la pièce était plongée dans le noir.

La balle était partie toute seule, et avait dû aller se ficher quelque part dans l’installation électrique précaire qui alimentait la seule ampoule de la pièce. Un tintement de métal roula un moment dans l’air, accompagnant les bruits de lutte.

« Commissaire, z’allez bien ?!

– Hiiiiiiiiiiiii ! »

Le sang cognait dans ses tempes ; il n’y voyait pas à deux mètres. Fichus yeux ! Ils ne lui étaient vraiment plus d’aucune utilité, à présent, lorsque les ténèbres venaient à se refermer sur lui.
Faute de pouvoir faire mieux, Morgan resserra le poing sur la corde qu’il avait ramassée un peu plus tôt et s’élança vers l’endroit où il avait aperçu les deux filles, à l’autre bout du renfoncement, en suivant les étagères d’une main. Plusieurs bouteilles de vin basculèrent sur son passage et vinrent s’écraser à ses pieds, avec des éclats de verre brisé et de grandes gerbes d’éclaboussures. À sa gauche semblaient s’élever des bruits de coups et des râles. Il supposa que les deux adversaires en étaient venus aux mains.

Il trébucha soudain contre un obstacle qui lui arrivait au niveau du genou et s’affala sur un amas de tissu. L’amas en question se débattit aussitôt avec un cri de surprise, et l’envoya rouler un peu plus loin. Lui-même n’entendait presque plus que son propre souffle paniqué, mais il chercha à tâtons à rattraper le pan de la robe de l’une des demoiselles, qui avait pris l’initiative de s’échapper à quatre pattes.

Ses mains rencontrèrent deux corps qu’il agrippa aussi fermement qu’il le put. Son geste lui valut de nouvelles protestations alarmées, et, parmi les mouvements confus et les froissements d’étoffe, une gifle particulièrement bien placée qui lui enflamma la joue droite d’un claquement sec.

« Eh oh j’vous veux rien, moi !!!
– Pousse-toi de là ! On doit partir !
– Ça j’sais bien, mais c’est par là ! V’nez !
– Ooooh, un chevalier servant !... »

Il continua de tâtonner jusqu’à ce qu’il parvînt à saisir leurs poignets, ses doigts rencontrant en chemin une bosse tiède qui pouvait fort bien être l’un des deux éléments d’une poitrine, à en juger par les gloussements de la brune. Il ne se donna pas même le temps de rougir ou d’en éprouver de l’embarras, tandis qu’il tirait les deux jeunes femmes derrière lui pour les entraîner de l’autre côté du mur de séparation.

Comme ils se jetaient tous les trois à couvert, ils percutèrent un tonneau qui se renversa sur le côté, et se mit à déverser son contenu sur le sol dans un gargouillis régulier. Eux-mêmes s’écroulèrent de nouveau par-terre, mais au lieu de se relever, ils s’adossèrent à la cloison en briques, haletants. Dans sa chute, par ce que seul un naïf nommerait un heureux hasard, Catherine avait de nouveau fini sur les genoux de l’acrobate, contre lequel elle s’appuya langoureusement en caressant sa joue du doigt. Quand elle ouvrit la bouche, ses lèvres tendres étaient si près de son nez que, même parmi les effluves d’alcool qui imprégnaient toute la cave, il ne put plus entretenir le moindre doute quant à son état d’ébriété avancé, à en juger par sa seule haleine, tant elle sentait le vin.

« Tu ne trouves pas que ça fait tout de suite plus intime, quand il fait noir ?… lui souffla-t-elle d’une voix chaude.
– Rha mais lâchez-moi à la fin ! C’est vraiment pas l’moment !
– Mais quoi, je suis pas ton genre, ou quoi ? Tu trouves qu'Élie est plus jolie, c’est ça~ ?
– Ça ouais, et vach’ment plus intelligente, aussi ! »

Sa propre réplique produisit sur lui le même choc que sur son interlocutrice, qui émit un petit son outré. À côté d’eux, Élizabeth ne put retenir son pouffement amusé, nerveux sans doute.

« Goujat !!! »

Et Morgan reçut une seconde gifle, sur la joue gauche, cette fois-ci.
Il se massa douloureusement les pommettes, à la fois penaud et confus. La remarque qui venait de tomber le plus naturellement de ses lèvres ne lui avait même pas effleuré l’esprit au préalable.  C’était bizarre, vaguement gênant.

…Le sérum de vérité. Il cligna des yeux, incrédule. La camelote du chasseur faisait-elle vraiment effet ? Il se racla la gorge en marmonnant quelques excuses, accompagnées d’un « mais n’empêche, c’est vrai, quand même » qui en compromit légèrement l’effet. Entre temps, Cathy s’était évidemment dégagée, et semblait repartir en arrière avec des mouvements profondément contrariés.

« Cathy, reviens là !
– Si c’est pour qu’on me parle sur ce ton, j’aime autant…
– Eh ! Prends pas la corde ! »

Sa silhouette rampante avait presque atteint l’angle du mur, qui donnait sur le renfoncement d’où ils venaient. Morgan tenta de la rattraper par la cheville, tandis qu’il reprenait brutalement conscience de la situation.

« Commissaire ! Commissaire, ça va aller ?! »

Et il tendit l’oreille pour tenter de deviner ce qui se passait, de l’autre côté de la parois.


ENFIN:
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MessageSujet: Re: Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen]   Mauvaise Rencontre [PV Aldrick Voelsungen] I_icon_minitimeSam 28 Aoû - 16:18

*~*~*~*
Pendant ce temps, de l'autre côté du renfoncement
*~*~*~*

La balle siffla près de l'oreille d'Aldrick. Un fin filet de sang coula le long de sa joue. Mais la douleur fut trop insignifiante pour l'empêcher d'abattre avec force son poing sur le visage du chasseur. Ce dernier recula d'un pas, trébuchant, mais resta miraculeusement debout, abasourdi.

Brusquement, les ténèbres. Aldrick sourit de cet avantage de taille, qui compensait son ouïe malmenée par la détonation.

La douille rebondit au sol alors que Morgan hurlait. Le chasseur surprit, pensant qu'un nouvel ennemi était proche, tourna son arme dans la direction de la voix, réarmant à une vitesse folle, prêt à tirer. Erreur. Une fraction de seconde trop tard, il se souvint du loup. Son buste heurta de plein fouet le mur derrière lui dans un bruit sourd. Aldrick ne desserra pas les poings, se rapprochant à pas de loup, il frappa de nouveau. Violent coup de coude dans le ventre. Le corps ennemi se cabra entièrement en crachant du sang. Puis retomba lentement contre le mur.

* Parfait, il est h.s *

De l'autre côté de la séparation, les jeunes eux aussi se battaient. Contre qui ? Le lycan, en les rejoignant, ne vit rien qui représenta une source de danger. Le mystère restait entier.

Qu'est-ce que vous fich-

Un jet lumineux éclata près de lui. Il sursauta, dans un cri de surprise simultané avec les filles. La balle n'était pas passée loin malgré l'obscurité. Elle fit un trou supplémentaire dans le tonneau qui se déversa de plus belle.

Le lycan bondit de côté par réflexe. S'affalant plus qu'il n'aurait voulu, glissant au passage, sur une flaque de vin. Le cœur affolé, il se redressa au mieux derrière son abri de fortune.

* Il est coriace le vieux ! Je ne pensais pas qu'il serait encore d'attaque après ça ! *

Accroupi derrière la séparation, Aldrick aurait épuisé mentalement tout son répertoire natal de jurons s'il n'avait pas senti sur sa hanche la main fine de Cathy. Tremblante, elle plissa les yeux, comme pour tenter de percer l'intense pénombre, fixant son autre main avec horreur.

- Du sannng ! S'égosilla-t-elle subitement. Je suis blessée ! Je saiiiiiigne ! À l'aide, Élie ! À l'aide !
- La ferme !  Il plaqua intégralement sa large main sur sa bouche. Vous voulez nous faire tuer ou quoi ? Réprima-t-il plus bas. C'est du vin !

Il tendit l'oreille, pas complétement certain d'avoir entendu le cliquetis d'une arme qu'on recharge.

- Cathyyy ! Ça va ? Ça va ? Parle-moi !

Une autre détonation emplie l'espace. Le projectile acheva sa course juste au-dessus de la tête d'Élisabeth, s'ancrant dans le mur froid, en éclaboussant la belle de copeaux de brique. Affolée, elle s'agrippa à Morgan.

Nouveau cri. Le sien cette fois.

- Vous êtes folle ?! Abandonna-t-il sans réfléchir, en reprenant sa main qu'elle venait de lécher.
- Humm, t'as un petit goût d'alcool... d-i-v-i-n.

* Il lui manque vraiment une casse, ma parole ! C'est pas possible d'être ivre à ce point-là en se faisant tirer dessus ! *

D'un geste brusque, il lui arracha la corde des mains, lui soutirant un petit cri aigu. Au même moment, telle une pulsation vitale, une lumière vive traversait la pièce, illuminant le sourire mauvais du chasseur.

Le visage tuméfié, percé d'un rictus morbide, le carabinier, tenant à peine debout, s'était appuyé contre la séparation, pointant le long canon de son arme sur Élisabeth.

* Merde ! Il lui reste encore au moins deux balles ! * Songea le loup avant que la majorité des regards ne se braque en haut des marches, vers la voix claironnante :

- N'ayez pas peur, bande de moules ! Moi, Camille Du Lac, je vais tirer tout ça au clair et decouvrir la source de tout ce raffut ! La silhouette éblouissante, reprit plus bas, loin du panache précédent : Cathy, Élie, vous z'êtes là ? On y voit rien ! Où est la lampe à huile ?

C'était maintenant ou jamais.

- Morgan, maintenant ! Hurla Aldrick en se redressant d'un bloc, prêt à en découdre.






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