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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)

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Eglantine Jocor
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MessageSujet: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMar 20 Jan - 11:17

C’était l’hiver, il faisait froid dehors, et la neige avait recouvert les toits des maisons parisiennes, transformant la ville en illustration de livre de Noël. Après un spectacle la veille au soir, la jeune Dryade avait décidé d’aller survoler la capitale, qu’elle allait voir ainsi pour la première fois. Vêtue d’un manteau assez chaud, gris, de bottines, qui, malheureusement, ne l’isolaient pas tout à fait de l’humidité, mouillant ses collants de laine, qu’elle portait sous une chaude robe violette. Ses mains étaient protégées par des gants et elle avait mis en écharpe tricotée afin de ne pas pendre froid. Ses cheveux étaient organisés en un savant chignon retenu par des épingles à son chapeau orné de fleurs de saison. Elle avait marché rapidement, chantonnant gaiement, du Lost Paradise au lieu d’embarquement dans les ballons captifs. Ses petits pieds avaient laissé des traces légères dans la neige fraiche, comme si elle avait marché sur la pointe des pieds dans cette étendue blanche qui craquait et crissait. Sa sacoche heurtait sa cuisse droite au rythme de ses pas. Elle avait, au passage aidé un enfant à retrouver un tissu perdu, son doudou en fait, mais assez informe. Puis, lorsqu’elle avait commencé à apercevoir le ballon, elle avait accéléré le rythme, les yeux un peu brillants. Lorsqu’elle était arrivée au pied de l’énorme chose gonflée d’hydrogène pur, ses joues avaient un peu rougi, tant à cause du froid qu’à cause de la chaleur produite par son corps. Elle fut par contre un peu étonnée de ne voir aucune queue devant le ballon. Etonnée, aussi, de ne voir personne à l’intérieur. Son sourcil blond se leva. Elle s’approcha, et se retrouva près d’un homme d’une quarantaine d’années, qui lui sourit gentiment.

- Mais ma bonne dame ! Il est tout juste douze heures trente ! Les gens mangent à cette heure-ci !

Eglantine rit. Il est vrai qu’elle avait un peu oublié ce « léger » détail, puisqu’elle vivait finalement plus la nuit que le jour et que son organisme s’était légèrement décalé. Aussi, c’était pour elle le matin.

- Ce n’est pas grave. Puis-je avoir un billet pour le prochain vol, s’il vous plaît ? J’attendrai avant de monter.

L’homme accepta sans peine, et elle paya le petit ticket, avant d’aller s’asseoir sur un banc dont elle avait enlevé la neige d’un revers de main. La jeune fille attendit patiemment dans le froid ambiant, soufflant parfois des nuages de vapeur sur ses mains refroidies, réchauffant, en les mettant en coupe autour de son joli minois, son nez, rougi. Elle regarda la neige tomber sur sa jupe et son manteau, l’imaginant alourdir son chapeau. Son sourire était un peu rêveur. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait la neige, mais elle l’avait découverte assez tardivement, puisque le clair manteau recouvrait rarement sa Bretagne natale. De fait, elle retrouvait son âme d’enfant en voyant les flocons tomber calmement. Ses jolis yeux brillaient de joie, et elle ne se sentait même pas ridicule. Elle se dit que, ce soir, elle chanterait sur ce thème. A cette pensée, elle resserra un peu l’écharpe sur sa gorge fine.
Peu à peu quelques personnes arrivèrent, et lorsqu’ils furent quatre à vouloir monter, soit un jeune couple et son enfant et elle, il était déjà plus de treize heures et il ne neigeait plus. L’homme qui lui avait vendu son billet, rejoint par un autre plus âgé, qu s'avéra être l'homme aux commandes, lui fit signe, et elle se leva, très refroidie, allant calmement vers le ballon, dans lequel elle monta. Avant d’y entrer, elle dégagea la neige qui était tombée sur elle. C’est alors qu’ils allaient décoller qu’un grand homme aux cheveux longs les rejoignit. Il se plaça non loin d’elle, soit à l’opposé de la petite famille. Elle lui sourit, alors que, peu à peu, ils s’éloignaient du sol, avant de, de nouveau, resserrer sur elle son manteau et son écharpe enfin de se protéger du vent qui, insidieux, s’infiltrait partout et risquait de lui faire perdre sa voix. Pour l’instant, il n’y avait rien à voir, sinon ses compagnons de voyage.


Dernière édition par Eglantine Jocor le Dim 10 Mai - 13:08, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeJeu 5 Fév - 21:58

Il devait être midi quand finalement Ryden sortit de la maison de joie où il avait passé une chaude nuit en compagnie de quelques spécimens de la gent féminine. Il aimait ses endroits. Non seulement pour les services offerts, mais aussi parce qu’ils lui rappelaient de bons souvenirs. Dès qu’il mettait les pieds dans ces établissements de vieux souvenirs refaisaient surface. Ça lui évoquait la merveilleuse époque où il en tenait un avec le seul ami qu’il n’ait jamais eu. C’est probablement pour cette raison qu’il réussissait toujours à les trouver même quand ils étaient très bien caché.

Il marchait donc dans les rues de Paris sous ce froid dans l’espoir de sortir un peu des méandres de ses excès de la nuit. Se promenant sans réellement savoir où il allait, laissant ses pieds le mener, car son esprit était perdu dans les brumes.

Quand finalement, il revint entièrement à lui, il regarda tout autour, se demandant où il pouvait bien se trouver. Il chercha un point de repère, un indice. C’est à ce moment-là qu’il vit le gigantesque ballon gonflé à l’hydrogène. À dire vrai, il était difficile de ne pas le voir tellement il était gros.
Il se souvenait qu’une des filles de la maison close lui en avait déjà parlé. Un de ses meilleurs clients lui avait offert une promenade dans cet engin. Elle avait tout simplement adoré voir la ville sous cet angle. Quand elle le lui avait révélé, il y avait vu une bonne opportunité pour avoir une femme facilement. En y réfléchissant mieux, avec de bonnes conditions, ça semblait être un bon piège à femme. Cependant, comme il n’avait jamais été dans les airs auparavant, il savait qu’il était préférable de l’essayer seul la première fois pour avoir une meilleure idée. Le moment était donc venu de tenter une nouvelle expérience. Avec un peu de chance, il pourrait aussi y avoir de jolies demoiselles à contempler.  

Heureusement pour lui, il arriva juste à temps. Le ballon s’apprêtait à partir, mais il réussit à entrer dans la nacelle. Une fois à l’intérieur, il fut quelque peu déçu. Elle était pratiquement vide. Il vit en premier une petite famille qui avait l’air tout ce qui a de plus banale et inintéressante. Mais en regardant mieux, il remarqua que la mère semblait mal à l’aise depuis qu’elle l’avait vu. En l’observant plus attentivement, il comprit pourquoi. Ils avaient déjà eu une brève et folle aventure ensemble. Elle devait craindre que son infidélité soit révélée au grand jour et avec raison. Il ne pouvait passer à côté d’une si belle occasion pour mettre un peu de malheur dans la vie des gens. C’est pourquoi il alla les voir et parla seul avec le père de famille. Comme il s’en était attendu, le mari fut hors de lui, mais le remercia tout de même avant d'aller rejoindre sa femme. Même s'il était difficile d'entendre leurs paroles en partie à cause du vent, il était évident que le couple avait une forte discussion. Le démon se délecta de les voir ainsi, mais, il se désintéressa vite d’eux.

Son regard ambré avait été attiré par une fragile petite chose beaucoup plus intéressante. Une femme emmitouflée dans son manteau se tenait non loin de lui. Leurs regards se croisèrent et elle lui fit un sourire, plus par politesse que pour autre chose. Il vit qu’elle tentait tant bien que mal de se protéger du vent froid de l’hiver. Fidèle à lui-même, il s’approcha de la demoiselle avec son air charmeur et agissant comme si rien ne s’était passé. En s’approchant, il remarqua les fleurs qui ornaient son chapeau.


- Il est rare de voir de si magnifiques fleurs en cette saison.

Il lui avait parlé avec son plus beau sourire tout en s’accotant nonchalamment sur le rebord de la nacelle. Il la détailla du regard pour finalement s’arrêter à ses grands yeux bleu-vert. Elle lui disait quelque chose. Il avait vaguement l’impression de l’avoir déjà vu auparavant, mais il n’arrivait pas à se rappeler où.  

- Pardonnez mon manque de délicatesse, mais sommes-nous déjà rencontrés à quelque part ? Il me semble vous avoir déjà croisé ?

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMar 10 Fév - 16:33

Il avait parlé à la famille, puis s’était mis près d’elle, souriant, charmeur. Elle sourit à son tour, amusée. Accoudé contre le bord de la nacelle, il venait de remarquer les fleurs. Du moins, c’est ce qu’elle pensa, et qu’elle décida d’interpréter ainsi –en effet, la phrase aurait aussi pu la désigner elle comme une fleur : en général, en hiver, les femmes restaient dedans, ou rougissaient à cause du froid piquant. Elle lui sourit et fit un mouvement de tête de remerciement, un peu de rose aux joues, les yeux pétillants. Elle vit son regard s’accrocher à elle, la détailler, s’arrêter sur ses yeux. Elle soutint son regard ambré, sans faillir. Elle ne craignait pas vraiment les hommes, et il y avait quelque chose en lui qui lui faisait penser qu’il manquait un peu d’honnêteté. Elle se sentait assez proche de lui, une proximité anormale. La même que celle qu’elle ressentait envers ses collègues du Lost. Elle tenta de se défaire de cette sensation un peu pesante, se disant que c’était très certainement car elle l’avait déjà vu auparavant. Il lui confirma ceci par sa double question suivante –quoique ceci puisse tout à fait être une technique de séduction, ce qu’elle décida de ne pas prendre ainsi-.
Elle lui sourit, tout en resserrant encore sur elle son manteau.

- Peut-être … Vous fréquentez les cabarets ?

Ce n’était certes pas tout à fait une réponse, mais c’était le moyen le plus simple de savoir si oui ou non ils s’étaient déjà croisés. Un nom ne l’aurait pas aidé de toute façon : les gens ne connaissaient d’elle que son pseudo, et se présenter ainsi au quotidien la gênait un peu : la Rose Blanche était un personnage, ce n’était pas elle, et ça ne le serait jamais.  C’était une jeune femme timide, mélancolique, cultivant le mystère. Toujours amoureuse, assez égoïste, souvent triste, elle ne lui ressemblait en rien. Elle se préférait joyeuse, profitant du rayon de soleil qui venait caresser ses joues ou du flocon de neige qui venait se poser au bout de son nez, toujours prête à aider les autres, à leur donner le sourire. Certes, elles avaient des points communs, comme cette capacité à redonner espoir, cette jolie voix, ou ce corps fin. Mais elles n’étaient pas vraiment la même personne.  Il fallait distinguer Eglantine la joyeuse dryade guérisseuse par les plantes et la Rose Blanche la belle danseuse qui chantait aussi ses tristes chansons pleines d’espoir.  
Un joli sourire flottait sur son visage. Elle semblait un peu mystérieuse, ainsi, sans pourtant rechercher cet effet.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMar 17 Fév - 3:14

Ils étaient à présent à une bonne hauteur dans le ciel. Ryden profita du moment de silence pour observer le panorama. Après tout, il était venu pour cette raison. Le paysage était de toute beauté avec la neige qui recouvrait le toit des maisons et les rues. C’est à ce moment précis que le père de famille vint le déranger dans sa contemplation. Il lui asséna  un coup de poing au visage tout en le menaçant. Il faut dire que Ryden avait omis de mentionner plutôt que c’était avec lui qu’elle l’avait trompé. Ce dernier venait de le découvrir. Nullement étonné, le toxicologue encaissa le coup sans broncher, il afficha même un sourire carnassier à son attaquant. Une fois son message délivré, le mari préféra retourner auprès de sa famille sans pour autant le quitter des yeux. Il y avait quelque chose dans le regard du démon qui le perturbait et le terrifiait à la fois.

Voyant qu’il avait eu le résultat escompter avec la famille, Ryden essuya le sang qui coulait de sa lèvre fendue et les ignora complètement. Il reporta plutôt toute son attention sur la dryade.
Le cabaret ? Était-ce là qu’il l’avait vu ? Il savait qu’il y en avait quelques-uns dans tout Paris et bien qu’il n’y aille pas si souvent, le seul qu’il fréquentait le plus était le Lost Paradise. En farfouillant plus attentivement dans sa mémoire, un souvenir quelque peu flou lui revint. Il étudia à nouveau la femme devant lui, portant plus attention à ses courbes afin de comparer avec son souvenir.


* Voilà où je l’ai vu ! Comment ai-je fait pour ne pas me rappeler ce corps divin ? *

La réponse était très simple. Il ne l’avait rencontré qu’une seule fois. C’était une soirée où il avait eu le besoin d’être parmi ses semblables, de ne pas être obligé de cacher sa nature démoniaque. Attablé au le comptoir du bar, tout en étant déjà très bien alcoolisé, il discutait avec le barman quand elle avait commencé son numéro.  Au premier abord, il avait pensé que c’était une autre artiste mélancolique parmi tant d‘autres, mais il lui avait trouvé quelque chose de plus. Une aura mystérieuse entourait la femme et cela l’intrigua. Il l’avait regardé pendant quelques minutes, jusqu’à ce qu’une serveuse au corps aguichant passe dans son champ de vision. Il se souvenait ensuite l’avoir suivi, mais après ça, c’était le néant, le trou noir. Avait-il fait une bêtise ? Oui, car la vérité était quelque peu différente de son souvenir. En effet, avec tout l’alcool qu’il avait englouti lors de cette soirée, sa vision et sa raison lui avaient joué de mauvais tours. Comment ? Eh bien, la séduisante serveuse en question était en fait le maître des lieux et en voulant le suivre, il avait trébuché à de nombreuses reprises dans les chaises. Quand finalement, il avait rejoint sa cible, ses avances n’avaient pas très bien été acceptées. Tout cela, c’était passé avec un manque total de subtilité et de discrétion. Tout compte fait, c’était peut-être mieux qu’il ne sache pas ce qui s’était réellement passé. Il pourrait se sentir quelque peu humilier.

- C’est cela, je vous ai vu au Lost Paradise, il y a de cela un mois, je crois. Vous y chantiez et dansiez, si je ne me trompe pas ? Vous êtes la Rose… blanche ? Il n’était pas certainement du nom de scène de l’artiste. Il se souvenait vaguement avoir entendu le barman le lui dire, mais il n'avait pas vraiment porté attention à ce moment. Vous ne devez probablement pas vous rappeler de moi. J’étais dans le fond de la salle…

Il fit une pause pour se déplacer de façon à ce que son corps musculeux protège la femme des bourrasques de vent. S’il avait agi ainsi ce n’était certes pas par bonté d'âme. Quand il faisait acte de gentillesse envers autrui, il y avait toujours une arrière-pensée. Cette fois-ci ne faisait pas exception à la règle. Les gens ont tendance à se dévoiler plus facilement quand ils croient être en présence d’une bonne personne. Il voulait découvrir ce plus qu’il avait remarqué lorsqu’elle avait fait son numéro au cabaret. C’était l’endroit idéal pour cela, elle ne pouvait pas fuir tant qu’ils étaient dans les airs et avec ce paysage à couper le souffle, ça donnait une petite touche romantique. Il allait donc en profiter tout en essayant de jouer la carte du gentilhomme.

- Oh, mais où sont mes bonnes manières ! Laissez-moi me présenter, Ryden Haesmar pour vous servir, ma gente damoiselle, lui dit-il avec un regard espiègle en lui baisant la main. Si je ne m’abuse, j'ai cru discerner un très léger accent dans votre magnifique voix. Vous n’êtes pas originaire de Paris, n’est-ce pas ?

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMer 4 Mar - 15:27

Eglantine vit avec étonnement le père de famille venir vers eux alors que l’homme semblait prêt à lui répondre. Il lui semblait le sentir fulminer de colère de là où elle était, et, par réflexe, elle s’éloigna un peu et se mit bien contre la balustrade, histoire d’éviter ce monsieur dont les yeux lançaient des éclairs. Celui avec qui elle discutait se prit, sans qu’un seul mot soit échangé, un coup de poing en pleine mâchoire, porté très haut par le bonhomme en face, du fait de la grande taille de son adversaire, qui ne broncha pas, ne se donna pas la peine de répliquer, et osa même adresser à l’homme un sourire qui, pour le peu qu’elle le vit, la fit un peu frissonner. Elle se dit qu’il avait dû faire quelque chose de mal, et le savoir, pour ainsi accepter le coup. Il essuya sa lèvre fendue, et le sang qui en coulait, tout en reportant son attention sur elle.
Il la détaillait, son regard ne se cachait pas de chercher sur elle un détail qui lui rappellerait autre chose. Elle le laissait faire sans broncher : selon son éducation, une femme ne prenait pas la parole en premier face à un homme, surtout un homme adulte. Puis, il y eut une étincelle dans ses yeux. Il se souvenait, et cela lui fut confirmé par la suite. Elle esquissa un sourire, alors qu’il se déplaçait de façon à la protéger du vent. Cet acte la ft sourire. Ce monsieur était un séducteur, ou elle ne s’y connaissait pas. Son sourire devint plus franc, et se teinta d’une nuance d’amusement lorsqu’il en profita pour lui faire un baisemain. Elle finit par laisser échapper un petit rire.

- Enchantée, monsieur Haesmar. Je suis pour ma part Eglantine Jocor, mais on me connaît également sous le nom de la Rose Blanche, en effet.

Elle lui sourit.

- Quant à mon accent, je suis d’origine bretonne.

Puis elle lui tendit son mouchoir de tissu blanc, qu’elle avait sorti alors qu’ils parlaient, afin qu’il puisse essuyer le sang qui perlait de nouveau. Son côté guérisseuse ressortait toujours.

- Tenez, ce sera plus simple pour essuyer le sang. C’est une habitude de vous faire ainsi frapper lors de vos sorties, ou c’est spécifique à ce jour ?

Il y avait un éclat de rire contenu dans sa voix. Ses yeux pétillaient un peu. Il l’amusait.

- Le spectacle du Lost vous a plu, j’espère ?

Sa voix, malgré son amusement précédent, restait très douce, musicale. Elle remit un peu son écharpe en place, de peur de la perdre, dans les vents au-dessus de ce magnifique paysage, incroyablement beau sous toute cette neige. A chaque fois que ses yeux s’y attardaient au lieu de se fixer sur son compagnon de voyage, ils scintillaient d’émerveillement, comme très certainement, ceux de l’enfant de la famille non loin, dont le couple se disputait, elle pleurant, lui fulminant.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMer 11 Mar - 2:39

Alors qu’elle lui tendait son mouchoir afin qu’il essuie le sang qui coulait de sa lèvre, Ryden remarqua que la jeune femme était amusée par ses manières. Ce qui, selon lui, était bon signe. C’est pourquoi, il décida de continuer sur cette voie. Il lui prit donc des mains le tissu qu’elle lui offrait pour ensuite, faire une révérence très théâtral voire presque grotesque.

- C’est un réel plaisir de rencontrer la mystérieuse et mélancolique Rose Blanche. Je dois dire que votre spectacle était très… Il prit quelques secondes pour choisir le bon terme. Envoûtant. Votre côté sibyllin m’a totalement captivé et intrigué. Tout du moins le début, car je n’ai guère de souvenir de la fin...  

Il s'arrêta cherchant désespérément dans sa mémoire les fragments qui lui manquaient, mais rien ne venait. Ce qui le rassura un peu, c’était que l’artiste ne semblait pas le reconnaît. Il osa donc croire qu’il ne s’était pas trop humilié durant cette fameuse soirée.

- Et pour vous remercier de votre gentillesse à mon égard, si vous me le permettez. Je serai votre preux chevalier tout au long de notre petite balade dans les airs. Je vous protégerai de ce terrible vent.

Tout en parlant, il fit de grands gestes avec le bras qui tenait le petit carré de linge, comme s’il se battait contre les rafales de vent.


- Vous pourrez même vous réchauffer dans mes bras si le désir vous prend. Ce serait la moindre des choses que je puisse faire pour remercier celle qui m'a gentiment prêté son mouchoir, ajouta-t-il sur un ton de la plaisanterie.

Évidemment, il savait qu’il faisait un fou de lui et il s’en foutait, car tout cela faisait partie de son personnage. Mais  il y avait aussi une autre raison cachée derrière ses actes. Il désirait avoir l’attention d’Églantine. Il avait l'impression que le paysage l’intéressait et l’émerveillait davantage que sa personne. Et bien sûr, cela l’agaçait même s'il tentait de le cacher.

Devenant un peu plus sérieux, sans pour autant de départir de son air taquin, il enchaîna :


- Pour répondre à votre question, mademoiselle Jocor, c’est malheureusement une habitude. J’ignore pourquoi, mais les gens que je rencontre ont la mauvaise manie de vouloir me frapper… et à l’occasion, ils désirent même ma mort. Il fit une courte pause.J’imagine qu’ils n’aiment tout simplement pas mon honnêteté. Étrangement, le monde n’aime pas recevoir certaines vérités sur eux ou sur leurs proches.

Bien sûr, c’était très ironique. Il savait pertinemment le pourquoi de cette agressivité envers lui et pourtant, il ne faisait absolument rien pour changer.

Quand finalement, il eut fini de parler, il tamponna sa lèvre fendue et en profita aussi pour masser sa mâchoire endolorie. Il jeta ensuite un regard indéchiffrable au père de famille.


- Oh, mais s’il avait su les conséquences que son geste va lui rapporter, il s’en aurait abstenu. Il va constater que l’adultère de sa femme n’est rien à comparer à ce que l’avenir lui réserve, murmura-t-il à lui-même.

Il lui arrivait d’être très impulsif. À dire vrai, il l’était trop souvent, mais cette fois-ci, ce n’était pas le cas. En fait, pas complètement. Ryden avait manigancé tout ce manège dès qu’il avait décidé de révéler l’infidélité de la femme à son mari. Il avait parié avec lui-même la réaction du couple face à la nouvelle. Si l'un des deux ripostait en le frappant, il mériterait le privilège d’être sa prochaine victime. Sinon il les laisserait tranquille. C’était pour cette raison qu’il avait accepté le coup sans broncher et en souriant. Il se réjouissait des atrocités que ce dernier allait vivre dans un futur plus ou moins proche.

Mais au moment où il s'arrêta de parler, il prit conscience qu’il venait de faire une grosse bévue. Il avait encore pensé à voix haute. Même s’il avait murmuré, il y avait des chances qu’Eglantine ait entendu ses paroles. Si c’était le cas, ce serait un problème pour lui et pour ses futurs plans. C’est pourquoi, il changea aussitôt de sujet.


- Alors que fait une petite hermine comme vous si loin de sa maison familiale? Est-ce pour la gloire et la richesse que vous êtes venue vous installer dans cette ville aux 1001 mystères ? Ou êtes-vous comme ces nombreuses filles qui rêvent de trouver leur prince charmant dans la cité de l’amour ? Il fit une pause et la regarda sérieusement. Ou, peut-être, cherchiez-vous à fuir quelque chose ou quelqu’un ?

Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre sa réaction.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeJeu 12 Mar - 12:12

Ses révérences, ces manières un peu grotesques, assez théâtrales, très exagérées, la firent sourire, encore. Ses jolis yeux pétillaient. Lorsqu’il la complimenta sur son spectacle, elle rosit un peu, et baissa la tête, autant par réelle modestie que pour se plier à son éducation. Sa remarque la fit sourire. Oui, le côté mystérieux de la Rose Blanche captivait toujours. Les hommes comme les femmes la regardaient avec une certaine fascination : elle sortait un peu du lot avec sa mélancolie et son air de naître de la lumière, et aussi son espoir toujours étonnant. Cependant, il n’avait pas vu la fin du numéro, et elle sourit. Etait-ce encore-là un homme qui venait au cabaret pour se souler et oublier en regardant ces merveilles. C’était bien possible. Il était fréquent que ceux-là fassent des scandales, confondant les uns et les autres, tentant de passer le reste de la soirée avec artistes ou serveuses (ou serveurs, aussi).  Elle se souvenait rarement d’eux ; à vrai dire, ils n’étaient pas les spectateurs ni les plus intéressants, ni les plus agréables. Et puis, elle était nouvelle, donc on s’attaquait rarement à elle, puisqu’elle se promenait rarement en salle. De fait, elle les connaissait assez peu ces gens-là.
Puis il sembla se battre contre le vent, sorte de Don Quichotte de pacotille, ses grands bras moulinant à vide. Un éclat de rire sortit de la petite bouche de la jeune dryade. Elle mit ses doigts devant sa bouche, espiègle et malicieuse. Comme si elle avait besoin d’un protecteur contre le vent.  Par contre, sa réplique suivante la fit virer au rouge vif. Peu habituée à être abordée de manière aussi cavalière, elle détourna le regard, et se tourna un eu vers le paysage. Ils étaient à présent à bonne hauteur, et la vue était réellement imprenable. Elle laissa échappe un léger soupir d’admiration, qui créa devant elle un petit nuage de buée. Elle oublia un instant sa compagnie, dévorant des yeux les splendeurs sous eux. La Seine, entourée de blanc, Notre-Dame, toute blanchie et … Il l’interpela, et elle se retourna vers lui, fixant de nouveau son attention sur son interlocuteur.
Ce qu’il lui dit l’interpela. Honnêteté ? Cette auto –définition l’étonna. Pour l’instant, à vrai dire, elle voyait plus un homme de théâtre devant elle, charmeur, très charmeurs, mais pas forcément honnête. Elle sourit, et allait lui répondre, sur un ton peut-être un peu ironique, mais de façon très certainement assez évasive sur les réactions humaines face à la vérité nue, qui n’était, évidemment, pas toujours simple à entendre, et surtout, à admettre, en particulier de la part d’un total inconnu, lorsque soudain, il se mit à marmonner un peu trop fort. Elle ne comprit pas tout, mais ce qu’elle entendit lui fit hausser un sourcil, à la fois étonné et inquiet. Elle avait entendu « adultère », « rien », « avenir », et « réserve », ce qui avait suffi à piquer son attention. C’était un peu inquiétant, surtout de la part d’un homme assez sombre, qui paraissait être vif, encaissait les coups sans broncher et même en souriant. Son regard clair s’était un peu assombri. Il sembla se rendre compte qu’il en avait trop dit, et changea de sujet de façon immédiate.
Si elle était un peu méfiante, sa façon de lui parler, ses hypothèses un peu farfelues, et en particulier la dernière, lui firent presque oublier les deux incidents précédents. Un éclat de rire sortit de sa gorge.

- Mais qu’allez-vous imaginer là, monsieur Haesmar ?


Sa voix chantait, hésitant entre la parole et le rire.

- Non, aucune de ces options ne me concerne. Je suis venue ici afin d’étudier. Malheureusement, ce fut un échec, mais je suis restée. C’est une ville plaisante, où on peut plus facilement danser que chez moi, en Bretagne. Et puis regardez cette beauté ! C’est absolument incroyable.


Ce disant, elle désignait du bras la ville enneigée sous eux. Un sourire illuminait son visage de porcelaine. Elle se tourna un peu, et s’accouda contre le rebord, regardant sous elle, savourant le paysage.

- Je ne suis pas ici depuis bien longtemps,  et pour moi, le paysage parisien est vraiment fascinant. Regardez cette architecture ! N’est-ce pas magnifique ? Le Champ de Mars est sous la neige, et le Louvre est tout blanc. Je trouve ça incroyable.


De nouveau, elle soupira un peu, ses yeux brillants. Elle ne faisait plus face à son interlocuteur, et se rendit vite compte de son impertinence. Elle tourna la tête vers lui, resserrant un peu son écharpe, encore, craignant d’attraper froid.

- Pardon, je m’emporte un peu, je le crains …


Elle avait l’air un peu gênée, et son visage avait un peu rougi. Elle lui aurait bien demandé si lui était un parisien de souche, ou bien si lui aussi était un expatrié, mais elle avait appris à ne pas poser de questions aux hommes, ou en tous cas pas trop personnelles, ou qui ne rebondissaient pas vraiment sur leur sujet de conversation. Alors, elle se tut.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMar 24 Mar - 0:51

Même si Ryden étudia les moindres réactions d’Eglantine, il n’arriva à aucune conclusion. Il ne savait pas quoi en penser. Pendant une seconde, elle avait eu l’air intriguée, ensuite méfiante et maintenant,  elle riait. Et lui, il était complètement perdu. Avait-elle vraiment entendu ses paroles ? Ou bien, elle ne se souciait pas du sort du mari ? Il n’était pas totalement sûr de la réponse. C’est pourquoi, il préféra faire comme s’il ne s’était rien passé. Mais tant et aussi longtemps qu’il n’aurait pas une réponse claire, il préférait rester sur ses gardes. Elle jouait peut-être la comédie et lui mettrait des bâtons dans les roues plus tard.

Il écouta sa mélodieuse voix et la raison pour laquelle elle avait emménagé à Paris. Il lui avait fallu beaucoup de volonté pour ne pas rire. Étant peu habitué à cela, il avait de la misère à concevoir qu’une femme puisse vouloir apprendre outre le nécessaire pour être une bonne épouse. Il savait qu’elles étaient mieux instruites qu’auparavant, mais il se doutait que la dryade n’avait pas quitté son patelin pour apprendre la couture ou d’autres maniements féminins. Sinon, elle aurait sûrement été acceptée. Alors, il se demanda si elle avait voulu étudier dans un domaine généralement réservé aux hommes. Grâce à son collègue, Axel, il avait constaté qu’on acceptait parfois des femmes dans les universités, car bien sûr, il savait qu’elle était une femme. Il n’avait pas été dupé par son subterfuge. Pour lui, elle sentait l’œstrogène et la progestérone à plein nez. Mais il l’avait toujours considéré comme une exception, qu’elle était un homme dans un corps de femme.

Cela le fit réfléchir, écoutant d’une oreille ce que la jeune artiste lui disait à propos de la ville. Il essaya d’imaginer ce qu’aurait l’air du futur si les femmes étaient éduquées comme les hommes. Elles seraient probablement moins dépendantes du sexe fort. Serait-ce une bonne chose pour lui ? Il n’en savait rien, mais il sentait qu’il devrait faire face à ce changement dans les siècles à venir.


- Vous êtes réellement quelqu’un de surprenant, mademoiselle Jocor. Cependant, corrigez-moi si je me trompe, vous n’êtes pas très persévérante. On vous dit non et vous abandonnez. Il fit une pause. Ce ne devait pas vous tenir tant à cœur. Mais je n’aurais jamais cru que vous étiez venue pour étudier. Vous avez piqué ma curiosité, dans quel domaine souhaitiez-vous apprendre ?

Tout en attendant la réponse, il porta ensuite son regard au loin, observant les environs. C’était une belle journée nuageuse, mais on pouvait constater que le soleil commençait à se montrer. Il dût se déplacer un peu afin de rester dans l’ombre. Étrangement, ses yeux n’arrivaient plus à supporter la lumière de l’astre solaire qui reflétait sur la neige des toits et des rues.

- Certes, l’architecture et les paysages parisiens sont magnifiques, mais vous ne m’avez pas l’air de quelqu’un qui a beaucoup voyagé ? Si vous aviez vu toutes les splendeurs qui m’ont été données de voir, celle-ci ne serait rien à comparer.

Puis, il se mit à regarder plus en détail l’embarcation à la recherche de quelque chose. Depuis qu’il était monté à bord du ballon captif, il avait soif. Cependant, plus le temps passait et plus c’était intolérable. Il avait la bouche pâteuse comme si ses glandes salivaires avaient décidé d’arrêter de fonctionner. Il avait même la sensation que son corps se desséchait à vitesse accélérer. Finalement, il remarqua qu’un peu de neige avait infiltré l’intérieur. Se foutant royalement que ça soit hygiénique ou pas, il alla en ramasser et il s’en remplit la bouche. À son grand malheur, ça ne le soulagea pas.

C’est à ce moment-là qu’il se rendit compte que quelque chose clochait chez lui. Tous ses symptômes, ce n’était pas normal. Il avait même une impression de déjà-vu, qu’il avait déjà vécu quelque chose de similaire, mais son esprit refusait de lui donner la réponse. Puis, il entendit une voix très familière qu’il reconnut aussitôt. C’était celle du surintendant des maisons de jeu des enfers, Asmodée :

* C’est elle la cause de ton état. Elle tente de t’affaiblir par un charme. Ne vois-tu pas clair dans son petit jeu ? Elle se cache sous une apparence douce et fragile, mais tout ce qu’elle veut c’est te faire payer tes crimes ! ALLER ! Jette-la par-dessus bord ! Teste la loi de la gravité sur elle. *

Cherchant nullement à comprendre d’où venait la voix ou même pourquoi il l’entendait après tout ce temps, il avait finalement reconnu la cause de son problème. Malheureusement, cela ne le réjouit pas, au contraire. Il se rapprocha d’elle pour n’être plus qu’à quelque centimètre, la forçant même à reculer de sorte qu’elle soit coincée entre la rambarde et lui. Plissant des yeux à cause de la lumière, le démon la regarda avec au fond du regard un petit quelque chose de menaçant. Il ne jouait plus maintenant. Il lui parla doucement, mais froidement et juste assez fort pour qu’elle soit la seule à entendre.

- Qu’est-ce que vous êtes ? Le Lost Paradise à la réputation d’être un endroit rempli d’êtres… particuliers. Il n’engage pas de vulgaires humains sans pouvoir. Alors, je réitère ma question. Qu’est-ce que vous êtes, miss Jocor ?

Il était à deux doigts d’écouter la voix de son hallucination. Heureusement pour la dryade, son instinct lui dictait de se retenir… pour l’instant.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMer 1 Avr - 9:17

Son cœur s’accéléra alors que ses reins touchaient la rambarde, ses mains s’y accrochant. Elle ne savait pas voler, et si cet homme décidait de la jeter par-dessus bord, elle mourrait en touchant le sol. A vrai dire, c’était le genre d’expérience qui la tentait très peu.
Evidemment, il s’était jeté sur elle sans qu’elle ait pu lui répondre. Certes, elle avait mis du temps, d’abord parce que ses propos l’avaient étonnée, un peu agacée aussi : comment pouvait-il ainsi la juger ? Evidemment, pour un homme, c’était bien simple … Tout était plus simple quand on était un homme, encore plus si on avait de l’argent, et ceci était encore facilité par une belle figure. Et il lui avait bien l’air de regrouper ces trois critères. Elle lui avait lancé un regard noir, et avait levé les yeux au ciel, un peu amusée, un peu agacée, lorsqu’il avait évoqué ses voyages. Elle allait se moquer un peu, lorsqu’il s’était presque jeté à terre afin de boire de la neige. Ses sourcils se levèrent.
 
- Monsieur Haesmar … ? Tout va bien ?


Déjà des regards s’étaient tournés vers eux, entre autres celui du copilote. Il ne semblait pas vraiment l’avoir entendu, et son regard fou lorsqu’il se redressa lui confirma que non, ça n’allait pas. Mais il n’y avait rien qui lui permettait de comprendre pourquoi cela. Il s’était approché d’elle de façon soudaine, la plaquant contre la rambarde, et soudain, alors qu’elle analysait au plus vite ce qu’elle apercevait : soif donc sècheresse buccale, nervosité soudaine, presque paranoïa, une certaine violence, les pupilles dilatées, et quelques plaques rouges dans le cou, un peu sur le visage … Le cerveau de la dryade tournait à toute vitesse, cherchant comment se sortir de là sans mal et l’aider, lui, puisqu’il n’était manifestement pas dans son état normal.
 
- De quoi parlez-vous monsieur Haesmar ?


Ses yeux cherchaient une issue, alors que l’extrême bord de la paume de ses mains était déjà dans le vide. Elle s’accrocha d’une main à la nacelle, parce qu’on ne savait jamais. Elle avait peur soudain : s’il en savait autant sur eux, soit il faisait partie d’eux, et tant mieux, soit ce n’était pas le cas et si elle lui répondait … elle les enverrait tous en prison et à la guillotine ensuite. Ce qui serait … dommage. Oui, c’était le mot. Dommage.
 
- Je ne suis que danseuse …


S’il s’y connaissait assez, peut-être saurait-il faire le lien avec une dryade, surtout avec les fleurs sur elle … fleurs qui avaient semblé se flétrir de façon soudaine, d’ailleurs.
Soudain, son cerveau lui fournit la solution qu’elle cherchait.
 
- Monsieur Haesmar … Vous … Vous avez pris de la drogue, n’est-ce pas ? Je sais soigner par les plantes, et repérer quand les gens vont mal. Vous avez pris de la drogue ou été drogué.


Elle reprit son souffle. Elle jouait quitte ou double. Elle avait appris à repérer les effets des drogues, de certaines drogues, et elle ne reconnaissait pas là les effets de l’opium, ou des autres drogues de ce type. C’était autre chose, et ce n’était pas, elle l’aurait parié, un produit chimique. Pourtant, elle ne trouvait pas, pas encore.
 
- Je peux vous aider si vous me laissez faire …


Elle tentait de gagner du temps, comme elle pouvait. Elle imaginait qu’il avait des hallucinations, peut être visuelles, peut-être auditives, peut-être les deux, et savait que cela pouvait la tuer, et ça, elle aurait bien aimé éviter. Tout de même. Et son cerveau tournait, tournait.

*Datura !*
 
- Faites-moi confiance, Monsieur Haesmar, je vous en prie … Je suis presque sûre que c’est du datura.


Elle était inquiète, et avait peu de souffle.
 
- Vous devez boire, beaucoup, et vous calmer. Je vous en prie écoutez-moi … Vous pouvez en mourir …


S’il ne la croyait pas, elle était prête à parier qu’elle passerait par-dessus bord. Très vite. Ses yeux étaient fixés sur lui en cet instant, eux qui jusque là faisaient l’aller-retour entre lui et le sol.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMar 21 Avr - 2:44

Ryden continuait à regarder la Rose Blanche, attendant une réponse, mais surtout il tentait par tous les moyens de rester le plus conscient possible de son environnement. Malheureusement, il sentait qu’il perdait rapidement cette bataille. Ses hallucinations commençaient à prendre dangereusement le dessus sur lui. Il avait de plus en plus de mal à différencier le vrai du faux. Par exemple, les fleurs sur le chapeau de la danseuse s'étaient-elles réellement flétries? Il aurait été incapable de le dire. À dire vrai, il ne faisait plus confiance à ce qu’il voyait ni à ce qu’il entendait. Pour l’instant, il restait planter là sans bouger à écouter les paroles de la jeune femme, mais surtout à essayer de comprendre la situation. Le démon avait encore suffisamment toute sa tête pour savoir qu’il était drogué. Cependant, il était incapable de savoir à quel moment ni comment il avait pris la drogue en question. La seule chose dont il était convaincu était qu’on la lui avait donnée sans son consentement.

Par contre, il ne resta pas de marbre quand il entendit la femme parler du datura. Il eut une petite réaction, un léger mouvement de tête. À ce mot, il devint encore plus suspicieux, devenant par la même occasion encore plus menaçant. Comment avait-elle pu faire le lien aussi rapidement ? Même lui, qui s’y connaissait très bien en drogue n’aurait pas suspecté cette plante aussi vite. Et pourtant, il s’y connaissait. Il en avait expérimenté à de nombreuses reprises et de tous genres. Même dans son état actuel, il trouvait tout cela étrange.

Voulant agir rapidement, il se rapprocha encore plus près d’elle avec une démarche qui commençait à être chambranlante. Il emprisonna sa victime entre son corps musculeux et la rambarde. Puis, il lui agrippa fermement le cou, lui comprimant partiellement la trachée. Le toxicologue avait entièrement le contrôle sur elle. S’il le désirait, il pouvait facilement mettre fin à ses jours en lui brisant la nuque ou en la jetant par-dessus bord. Il avait le choix.

Rapprochant sa tête près de la sienne, il lui parla à l’oreille d’une voix basse et rauque dû à la sécheresse de sa bouche :


- Ne me prenez pas pour un idiot. Vous faire confiance. Ah, j’aurai tout entendu ! Commencer donc par me dire comment vous avez fait le lien avec cette plante ? Il fit une pause, essayant de garder sa concentration sur ce qu’il avait à dire. Avouez que c’est tout de même suspect ? Après l’observation de quelques signes plutôt vagues, vous découvrez comme par magie la réponse à mon petit problème !S’arrêtant encore une fois, il peinait à rester en équilibre sur ses deux jambes. La mydriase et la déshydratation ne sont pas exclusives au datura et vous n’avez aucune idée de ce qui se passe dans mon esprit. Alors comment avez-vous fait pour arriver à un diagnostic aussi précis ?

Il laissa planer entre eux un silence, desserrant inconsciemment sa prise sur le cou de la dryade. Quand il reprit la parole, il avait un petit sourire qui était apparu sur son visage.

- Êtes-vous en communication avec l’extrait de la plante dans mon organisme ? Ou bien, est-ce parce que c’est vous qui me l’avez administré ? Je peux vous dire qu’il y a quelqu’un ici qui meurt d’envie de vous voir prendre vos premiers cours de vol. Alors, pensez clairement aux prochains mots qui sortiront de votre jolie bouche, si vous tenez un tant soit peu à votre vie.

Au même moment, il vit un être immonde chevauchant un dragon apparaître derrière la femme. Il avait trois têtes dont une était celle d’un buffle, l’autre était un homme et la dernière était celle d’un bélier. Il possédait même une queue de serpent et des pattes d’oie. Ryden savait pertinemment qui il était puisqu’il lui devait obéissance. Jusqu’à présent, il n’avait qu’entendu la voix d’Asmodée, mais maintenant il se tenait en chair et en os devant lui, continuant à lui dicter ce qu’il devait faire. Craignant de subir le courroux de son maître, il se décida à l’écouter. Cependant, au moment où il s’apprêtait à la jeter dans le vide, il se sentit pousser violemment vers l’arrière. L’élan fut tel qu’il en perdit l’équilibre et tomba à terre, lâchant par la même occasion la Rose Blanche. Durant sa chute, il crut entendre la voix d’un homme :

- Est-ce que cet homme vous importune, mademoiselle ?

Étalé de tout son long sur le plancher de la nacelle, il était à présent complètement perdu dans les néants de la drogue. Il n’avait plus vraiment conscience de ce qui l’entourait. Toujours couché sur le dos, il regardait avec ébahissement le ballon. Il avait l’impression d’avoir un spectacle de flammes qui jouait devant lui. Quand soudainement son maître et une délicieuse déesse de la beauté apparurent dans son champ de vision. Parlant toujours avec la même voix qu’auparavant, mais encore moins articulée.


- Maître ? Suis-je de retour en Enfer ?

Il se mit ensuite, sans réellement s’en rendre compte, à se déshabiller avec difficulté. Le démon se sentait brûlant, mais pas brûlant de désir pour la femme au côté de l'affreuse chose… En fait si, mais il y avait autre chose. Était-ce vraiment juste dans sa tête cette chaleur ou il y avait une autre raison ?

HRP:

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeDim 10 Mai - 13:38

Spoiler:

Eglantine se retrouva, alors qu’auparavant le vide semblait l’appelait alors que sa vision s’obscurcissait, dans les bras d’un homme complètement inconnu, manifestement inquiet pour elle.
Ryden s’était agacé après ce qu’elle lui avait dit, la plaquant violemment contre le bord de la nacelle, la tenant d’une main au cou, comprimant sa trachée pour l’empêcher de respirer normalement, et donc de parler. Il avait clairement assez de force pour la passer par-dessus bord. Et la tuer. Ou bien lui tordre le cou, littéralement. Alors sa nuque émettrait un crac sonore et elle tomberait, poupée de chiffon, sur le sol. Morte.
Manifestement, ses remarques sur le datura n’étaient pas très bien passées. Bon. Comment lui expliquer, sans se faire tuer, que d’une part elle s’y connaissait assez en plantes pour pouvoir déduire ça, et qu’elle ne risquait pas de le lui avoir administré puisqu’ils ne s’étaient pas croisés et qu’elle ne lui avait rien donné qu’il ait pu ingérer ?
Il était de plus en plus menaçant lorsque soudain ses yeux s’étaient écarquillés, comme s’il avait vu quelque chose, et la pression sur sa gorge avait augmenté. Des papillons noirs avaient fait leur apparition, et quelques secondes plus tard, il avait été poussé violemment, et un homme l’avait prise contre lui.

- Est-ce que cet homme vous importune, mademoiselle ?

Elle leva les yeux vers lui et reconnut l’homme qui lui avait vendu son billet, en bas. Elle cligna des yeux, un peu perdue. La question n’était pas des plus malines : il semblait clair qu’Haesmar n’avait pas tenté de lui offrir gentiment des fleurs. Elle reprit son souffle, et regarda son agresseur, à terre, comme en transe. Il semblait voir quelque chose … Puis il parla, et elle pâlit.

Démon.

OU fou. Mais Démon expliquerait pourquoi il avait ainsi parlé du Lost. Il savait, tout simplement car il en était. Elle sentit qu’elle suait un tout petit peu. S’il parlait trop, il risquait de se trahir, et de la mettre en porte-à-faux avec lui. Il fallait qu’elle intervienne. Vite.
 
- Je … Oui. Mais il est drogué et …


Il se déshabillait. Elle se sentit rougir et détourna le regard, et remarqua que la femme en face faisait de même, alors que le mari semblait tenter de les protéger de façon un peu ridicule. Si Haesmar était bien un démon, et qu’il décidait, sous l’emprise de la drogue de tous les tuer … Ils n’auraient aucune chance d’en réchapper.
 
- Ne faites pas attention à ce qu’il dit ou fait … Il … Il délire.


Elle peinait à trouver quoi faire.
 
- Faites se poser le ballon ... Je vous en prie …


Elle regardait l’homme à côté d’elle, qui parut hésiter –cela se comprenait : comment faire confiance à une jeune fille inconnue qui semblait vouloir aider un homme qui se déshabillait à terre après avoir tenté de la faire passer par-dessus bord ?-, puis il fit signe à son compère, qui commença à virer de bord, afin de pouvoir rentrer se poser.
 
- Il nous faut l’aider … Il risque de devenir violent … Ou de mourir ici …


Ces deux possibilités firent blanchir l’homme près d’elle. Elle commença à se dégager de ses bras.
 
- Il faut … essayer de le maintenir à terre. Et qu’il boive de l’eau, beaucoup d’eau. Vous en avez ?


Il hocha la tête, et alla échanger quelques mots avec le conducteur du ballon, alors qu’elle fouillait dans sa sacoche, sans rien trouver. Le datura était très fort et en réduire les effets était très compliqué. Il fallait boire, dormir … Elle savait qu’on pouvait pratiquer des lavages d’estomac, mais n’avait rien pour en faire. Les effets pouvaient durer plus ou moins longtemps, et surtout, il y avait des risques de rechute. Il n’avait pas conscience de ce qu’il faisait, ce qui le rendait encore plus dangereux … Elle n’avait plus qu’à espérer qu’il se calme. Elle n’osait pas s’approcher. L’homme revint avec une outre d’eau.
 
- Merci.


Elle lui sourit, et il lui rendit son sourire, avant d’aller mettre à contribution la famille qui était là elle aussi, tandis qu’elle s’approchait du démon, puisque selon elle c’était ce qu’il était –rares étaient les peuples qui avaient un rapport aux Enfers- , prudemment, lentement. Ses joues étaient en feu. Autant voir des corps ne lui importait pas trop, autant une crise comme celle-ci l’impressionnait, et elle craignait fort le regard des autres personnes présentes dans la nacelle s’il continuait à se déshabiller ainsi.
La nacelle tanguait, la neige leur arrivait dessus. Les deux hommes vinrent tenter de l’aider en maîtrisant les bras d’Haesmar, alors qu’elle le faisait boire, lentement.
 
- Je vous en prie, monsieur Haesmar, revenez parmi nous … S’il vous plaît … Tout cela n’est pas là, nous sommes dans le ciel de Paris …


De sa main libre, elle fit signe à la femme d’approcher, et lui demanda de la neige, qu’elle lui donna, et que la dryade appliqua sur le visage du démon gesticulant, pour le rafraîchir, lui dont les joues brûlaient tant.

Spoiler:

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeDim 14 Juin - 18:10

Se bataillant toujours avec ses vêtements, il n’avait pas conscience de tous les regards rivés sur sa personne. Tout ce qu'il désirait, c’était de se débarrasser de ses maudits bouts de tissus qui lui donnaient l’impression de le brûler. Au moment où il tenta d’enlever son pantalon, il eut l’impression que sa vision s’éclaircit un peu. La femme devant lui, elle lui rappelait quelqu’un. Arrêtant ce qu’il faisait, il l’observa intensément. Soudainement, la représentation féminine devint plus claire. Devant lui, se tenait une silhouette avec une longue chevelure rousse, des yeux sombres où on percevait une intelligence perfide, un corps aux dimensions parfait vêtu d’une tenue très légère. Il l'a reconnu. Lilith. Tout désir envers elle disparut aussitôt. Il pouvait  facilement percevoir la joie faussement cachée dans le regard de la femme alors que tout le reste de son corps démontrait un mépris total pour ceux qui l’entouraient.

* Je vous l’avais bien dit que je vous l’amènerais, lâcha Asmodée de sa grosse voix caverneuse à Lilith affichant un sourire hargneux à cette dernière. Puis, s’adressant à Ryden. Tu connais la règle : un pari est un pari…*

* Et s’en ai un que tu as perdu, vieux débris, coupa froidement la femme. Il est à moi pour les deux prochains siècles. *

* … Donc ferme ta gueule et endure-la, reprenant Asmodée là où il s'était fait interrompre. *

Ryden était convaincu que devant ses yeux se dévoilait son pire cauchemar. Heureusement pour lui, ce n’était que pure création de son esprit drogué. Car beaucoup de démons connaissent l'histoire entre Lilith et Ryden. Depuis la fois où il lui a joué un mauvais coup très humiliant, il l’évite comme la peste. C’est pour cela qu’il n’aurait voulu pour rien au monde être au service de cette succube. Et ce n’est un secret pour aucun démon, Lilith est d’une nature très rancunière et quand elle se venge, elle ne fait pas les choses à moitié. Il était donc sûr qu’il allait payer au centuple l’humiliation qu’il lui avait fait vivre.

Toujours couché dans la nacelle, Ryden sentit soudainement des bras le retenir.Il tenta de se défaire de cette emprise, mais rien n’y faisait. Se sentant de plus en plus anxieux, il pouvait sentir le cœur dans sa poitrine battre à toute vitesse. Persuadé que son calvaire allait bientôt commencer, il observa sa maîtresse pour les deux cents ans à venir s’approcher de lui. Elle tenait dans ses mains un contenant, mais il ignorait ce dont il contenait. Désemparé, il se laissa faire, ne montrant aucune résistance, mais il gardait ses yeux rivés sur la femme au regard cruelle. Il entendait ses paroles, mais ne les comprenait pas. Qu’est-ce qu’elle lui disait ? Dans le ciel de Paris ? Malgré sa vision floue, il était évident qu’ils se trouvaient en Enfer. Tentait-elle de le rassurer ? Impossible. Il la connaissait trop bien pour savoir que la gentillesse ne faisait pas partie de sa nature. Si elle agissait ainsi c’est qu’il y avait une raison derrière tout cela et ça mettait ses nerfs encore plus à vif. Cependant trop confus pour penser normalement, il laissa son instinct de survie prendre le dessus.

Il se mit soudainement à se débattre, à grogner et même à mordre dans l'espoir que la prise des hommes se relâche autour de ses bras. Tout ce que Ryden voulait, c'était de fuir ce cauchemar. Durant sa tentative de fuite, il perdit pendant une microseconde le contrôle de lui-même et reprit sa forme démoniaque. Le changement de forme fut trop rapide pour l'œil humain pour qu'ils puissent réellement voir la transformation. Cependant, ce bref moment permit au démon de se libérer. Voyant que c'était trop difficile de se relever, il entreprit de fuir à quatre pattes. Malheureusement, il n'alla pas très loin avant de se heurter à une petite créature hideuse et effrayante. Leurs yeux se rencontrèrent et le toxicologue atteignit le paroxysme de la terreur. Devant lui, se tenait l'une des races de démons les plus craintes. Ils vous font vivre vos pires peurs encore et encore.  
Leurs regards ne se croisèrent que brièvement, car Ryden baissa aussitôt ses yeux ambrés pour ne plus voir la chose. Toujours à quatre pattes, il se remit à avancer tout en marmonnant des paroles totalement incompréhensibles.

Finalement, il trouva une cachette qui étrangement bougeait beaucoup. Elle ressemblait étrangement à une tente, mais la toile ne touchait pas à terre et il y avait deux gros poteaux en son centre qui se déplaçaient constamment. Ce dont Ryden ignorait, c'est qu'il essayait tant bien que mal de se dissimuler sous la robe d'une des femmes.


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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMer 16 Sep - 21:27

L’homme se débattait à terre. Il s’arrachait ses vêtements, marmonnait des choses qui risquaient fort de faire découvrir sa nature aux gens présents. Ses yeux fous, brillants, allaient partout. Il ne s’était pas relevé, fuyant à quatre pattes après un certain changement que la jeune fille avait senti, sans réellement le voir. Il allait les compromettre tous les deux, s’il continuait. C’est alors qu’elle tentait de trouver un moyen de le calmer qu’il alla se réfugier sous la jupe de la seule autre femme présente à bord. Celle dont le mari avait assené un coup de poing à Haesmar. Ledit mari ne parut d’ailleurs pas du tout apprécier l’arrivée d’un intrus sous les jupes de sa femme, manifestement paniquée. Alors qu’Eglantine s’apprêtait à tenter de le faire sortir, l’homme brandit sa canne, et assena un grand coup au démon à travers la jupe. Manifestement sonné, il cessa de bouger, et l’épouse infidèle put le dégager de ses dessous. La dryade se précipita pour le ramasser mais fut trop lente : un second coup de canne s’abattit, et assomma l’homme aux yeux déjà vitreux, alors qu’on se rapprochait du sol. Elle s’agenouilla, foudroyant du regard l’homme violent.


- Vous … Vous auriez pu le tuer !


Il ne se donna pas même la peine de lui répondre, se contentant d’un reniflement des plus dédaigneux. Elle serra les dents, et sortit de sa sacoche des feuilles qui, à la fois feraient passer la douleur des coups, et le maintiendraient endormi. Alors que la Rose Blanche administrait sa préparation au drogué, ils atterrirent, et elle donna aux pilotes une pièce en dédommagement, tout en s’excusant platement. Puis, l’un d’eux l’aida à mettre l’homme sur son dos. Les jambes trainaient par terre, mais elle ne voyait pas comment faire autrement. Elle sortit de la nacelle, le démon pesant sur elle. Elle s’arrêta un instant reprendre son souffle, devenu rauque. Puis elle redressa la tête.

Elle avait une idée.

Elle parvint à le trainer avec elle jusqu’au bord de la route.

*Dieu qu’il est lourd !*

Là, elle fut forcée d’attendre, avant d’enfin pouvoir héler un taxi. Plusieurs passèrent sans s’arrêter, sûrement peu rassurés par cet étrange duo. Enfin, un fiacre finit par stopper, et elle put embarquer, avec son étrange chargement. Lorsqu’elle donna l’adresse, le cocher fouetta, et le transport bougea. Elle finit alors de s’affaler sans élégance sur le sol, Ryden occupant la banquette. Il était lourd, et elle n’avait pas de force. Ou en tous cas pas assez pour porter un démon adulte, surtout de cette taille. Elle ferma les yeux. Au loin, une horloge sonna quatorze heures. Ce soir, il lui faudrait être revenue au Lost. Elle devrait reprendre un taxi. S’il n’allait pas mieux, elle reviendrait le lendemain. Elle soupira. Ses économies allaient y passer.
Elle ouvrit les yeux lorsque le fiacre stoppa. Etaient-ils déjà arrivés ? Elle s’était sûrement endormie … Elle regarda l’homme. Il était toujours inconscient.
Le cocher la héla. Elle soupira, et remit tant bien que mal, puisque seule, Haesmar sur son dos, puis sortit. Elle donna la somme due, et partit.

Montmartre.

Elle eut soudain envie de pleurer. Il neigeait, elle commençait à avoir froid, et il pesait sur son dos, alors que pour aller là où elle voulait, il allait falloir monter. Beaucoup. Elle regretta à cet instant de n’être que dryade : elle ne maîtrisait pas la lévitation.
La jeune fille fronça les sourcils, et commença son périple. Pentes glissantes, escaliers minuscules, elle traversa tout, avant d’enfin arriver devant son objectif. Une maison plutôt petite, à un étage, qui ne dénotait pas de ses voisines. Verrouillant sa prise sur un des bras du démon, qu’elle avait passé autour de son cou frêle, elle le lâcha de l’autre main, afin de la passer sous le pot de fleurs mortes qui ornait le bord de la fenêtre. S’il avait changé ses habitudes, tout tombait à l’eau. Tout.
Elle sourit lorsque ses doigts rencontrèrent la clé de la porte d’entrée. Emile ne changeait jamais ses habitudes.
Elle inséra la clé, la tourna. La porte s’ouvrit dans un grincement ; évidemment, depuis qu’elle n’était plus là, les gonds n’étaient plus huilés : son cousin ne le faisait jamais. Elle entra avec qu’elles difficultés, les pieds du démon bloquant légèrement au niveau des fondations. Elle le traina dans l’entrée, et ferma la porte d’un coup de pied, la clé toujours à la main.
Elle était soulagée. Puis elle se tourna, l’homme toujours sur son dos, et vit les escaliers dans la semi obscurité. Cette sensation s’évanouit. Il y avait 17 marches à monter. De petites marches en pierre, étroites, souvent un eu glissantes. Elle ne pourrait pas les monter avec lui sur le dos. Avec un soupir, elle le mit sur une marche, et l’enjamba. Elle le tira sur la marche suivante, puis revint sous lui pour le placer correctement, et répéta 17 fois l’opération. Une fois en hait, elle l’appuya contre le mur, et se laissa glisser contre la porte, reprenant son souffle.
Environ une minute plus tard, elle se redressa et le regarda. Il était pâle, et suait. Son teint semblait cireux, ses cheveux collaient le long de son visage, et il semblait tout débraillé. Elle soupira. Sa respiration était heurtée. Son état l’inquiétait assez. Qui avait pu le droguer ainsi ? Et pourquoi ? Parviendrait-elle à le soigner ? Elle secoua la tête. De toute façon, les deux premières questions n’auraient pas de réponse sans lui, et la dernière, c’était à elle d’agir : se la poser ne servait à rien.

Elle prit la clé sous le paillasson, et ouvrit la porte. L’appartement glacial était plongé dans l’obscurité, et sentait le renfermé. Depuis combien de temps Emile n’était-il pas venu ici ? Elle savait qu’Alexandrine préférait l’avoir à la maison l’hiver : généralement il délaissait l’appartement. Laissant le démon sur le palier, elle alla ouvrir les volets, et la fenêtre, le temps d’aérer. Elle se frotta les mains, et alluma une bougie, avant de mettre un peu de bois dans le poêle, puis elle alla chercher Ryden , qu’elle traina à l’intérieur, avant de le hisser sur le lit avec difficulté. Après cela elle alla fermer la porte. Quelque part, une horloge sonna quinze heures. La dryade se passa une main sur le visage. Elle posa sa sacoche et son chapeau, mais garda son mante et son écharpe : il faisait trop froid pour les enlever. Eglantine remplit une bassine d’eau, et prit dans les placards des récipients corrects pour faire un cataplasme, des mixtures, et le faire boire. Elle prit aussi une éponge et une serviette, afin de pouvoir laver l’homme et lui faire une compresse d’eau fraîche. Un frisson la secoua, et elle décida que l’appartement état assez aéré comme ça, ce qui lui fut confirmé lorsqu’elle vit que des feuillets avaient volé et que de la neige entrait. Elle alla fermer la vieille fenêtre, puis alluma le poêle.

Il commençait à s’agiter, et elle lui fit reprendre quelques plantes pour dormir encore un peu, d’un sommeil assez léger. Elle mit de l’eau à chauffer, et enleva son manteau et son écharpe. Au moins, le poêle était efficace. Emile en avait acheté un neuf l’an dernier. Elle se rapprocha du démon qu’elle déshabilla doucement, le lissant juste en pantalon, pieds nus. Les corps ne l’effrayaient plus. Elle le lava, à la fois pour le réchauffer et enlever sa sueur d’homme drogué, à l’eau tiède et à l’éponge. Puis elle l’allongea correctement, et le recouvrit, afin qu’l n’ait pas froid. Elle le fit boire, doucement, lentement, mais beaucoup et longtemps. Puis elle lui fit une tisane, qui apaiserait sa douleur à la tête au réveil, qu’il but dans son sommeil. Elle lui toucha le visage, doucement. Il allait un tout petit mieux. La jeune fille commença à chanter, tout doucement, et fit une sorte de pâte, qui contenait des substances qui atténueraient grandement ses hallucinations. Elle en fit plusieurs cuillères, qu’elle lui mit à la bouche. Comme il dormait artificiellement, il la mangea, comme un enfant aurait tété par réflexe dans son sommeil. Enfin, elle prépara une décoction purifiante et détoxifiante, qui devait lui permettre d’éliminer plus vite et plus facilement les toxines du datura.
Lorsqu’elle eut terminé de la lui faire boire, elle alluma une chandelle puisque la nuit tombait déjà. Elle revint vers lui, lui toucha le visage, doucement, presque tendrement. Il avait l’air apaisé, presque doux lorsqu’il dormait. Alors qu’elle pensait ça, une grimace déforma son visage. Elle soupira, et se remit à chanter, tout en lui mettant sur le visage une compresse d’eau froide, profitant au passage pour le rafraîchir avec. Il se détendit peu à peu. Elle continua à chanter, en nettoyant ses instruments elle en profita pour passer un chiffon et ordonner l’appartement, ranger les nombreux feuillets. Emile écrivait toujours beaucoup, mais elle n’avait jamais osé le lire.

Cherchant dans les placards, elle finit par trouver quelques pommes de terre, et des herbes, qu’elle avait fait sécher, ainsi que des carottes et des navets. Ils n’étaient pas pourris ; Emile était passé par là pas si longtemps avant. Elle sourit, et lança une soupe. Au moins, il pourrait peut-être manger quelque chose au réveil.
Puis, fatiguée, elle rapprocha le vieux fauteuil sur lequel elle dormait lorsqu’Emile était là du lit sur lequel elle avait allongé le démon. Dos au poêle, elle replia contre elle ses jambes, et parcourut la pièce du regard.
A gauche, il y avait la vieille porte, suivie de la petite cuisine, dans laquelle cuisait une soupe. On trouvait une table e bois éraflée par des coups de couteau et tâché d’encre, recouverte de feuillets volants, surmontée d’un crucifix orné de branches de laurier des derniers Rameaux. Après la table et ses cinq chaises, il y avait contre le mur une bibliothèque fournie face à laquelle étaient placés un canapé et un fauteuil qu’elle avait bougé. Un peu plus loin, on trouvait le poêle et ses réserves de bois. A gauche de la pièce, il y avait une grande alcôve, séparée du reste par des rideaux. Au plus proche de la fenêtre, ou trouvait la salle d’eau, et à la suite, séparé par un rideau, on trouvait le lit sur lequel était Ryden, avec, au-dessus de la tête, un portait de la famille d’Emile, pris quelques années auparavant. Tout au bout de la pièce, il y avait la fenêtre.

Au loin, dix-sept heures sonnèrent.

Il dormait depuis près de quatre heures à présent. Elle ferma les yeux, et les ouvrit en l’entendant s’agiter. Elle lui mit une main sur le visage. Il était moins chaud, les effets du datura se dissipaient peu à peu. Elle changea la compresse, et le fit boire de nouveau, lentement et beaucoup. Il allait mieux, et se réveillerait sûrement avant qu’elle ne doive partir. Son chant, doux, rassurant, recommença, alors que les yeux de la jeune fille le couvaient du regard, et allaient parfois se perdre vers la fenêtre, à travers laquelle tombait la neige, dans nuit à présent.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMar 20 Oct - 3:39

Essayant toujours de se cacher, Ryden ne vit jamais arriver le coup qui le frappa. Sous le choc, il perdit presque conscience, mais au deuxième, tout devint noir. Le traumatisme crânien ainsi que la mixture de la dryade le plongea dans un sommeil si profond qu'il ne se rendit jamais compte de sa promenade sur le dos d'Eglantine, ni même la monter des 17 marches.  

Les heures passèrent quand finalement il émergea de son état presque comatique. Le premier de ses sens à revenir fut son odorat. L’arôme qui se dégageait de la soupe sur le feu lui mit l’eau à la bouche. Cherchant la provenance de cette odeur, il ouvrit lentement les yeux. Regardant vers la cuisine, il ne remarqua pas la femme près de lui. Il avait encore de la misère avec sa vision. Non seulement la moindre petite lumière lui était douloureux, mais en plus il avait l'impression d'avoir des raisins secs à la place des yeux. Malgré tout, il ne reconnaissait pas son vieux logis. Désorienté, le démon essaya férocement de se souvenir des dernières heures, en vain. Le peu qu’il se rappelait, était tellement étrange qu'il s’apparentait plus au rêve ou plutôt à un cauchemar qu’à la réalité. Il se souvenait être monté dans un ballon captif. Peu après cela, tout devenait incertain. Qu’est-ce qui s’était vraiment passé ? Comment s'était-il retrouvé dans ce logement ? C'était des questions qu'il n'arrivait pas à trouver de réponses. Mais aussi, une part de lui, craignait de savoir. Ce n’était certes pas la première fois qu’il se réveillait chez un inconnu avec pratiquement aucun souvenir, mais la dernière fois lui avait laissé un désagréable souvenir.


***  Un mois, 14 jours et 12 heures 45 secondes plus tôt dans une chaumière près de chez vous. ***

Le soleil commençait à apparaître quand Ryden se réveilla avec un affreux mal de tête. La veille avait encore été bien arrosé en spiritueux et il n’en gardait qu’un très vague souvenir. Il n’eut pas à faire un examen complet des lieux pour comprendre qu’il n’était pas chez lui. Les odeurs, le plafond même le matelas, tout était différent.

À peine avait-il fait cette constatation qu’un mouvement se fit sentir dans le lit. Quelque chose bougeait. À sa gauche se trouvait un vieil homme dont un coulis de bave menaçait dangereusement l’oreiller. D'après les rides qui ruisselaient sur tout son corps, l'homme endormit devait être dans sa huitième décennie. Ses cheveux l'avaient abandonné depuis belle lune, seuls quelques-uns survivaient difficilement sur le dessus de son crâne. De plus, il n’y avait pas que sa pilosité crâniale qui l’avait fui, c’était le cas aussi de sa dentition. À première vue, il ne lui restait que deux dents mandibulaires qui sortaient constamment à l’air libre. Plus le démon le regardait et plus il ne savait pas trop ce qui l’écœurait le plus chez l'homme. Entre ses immenses oreilles poilues, son gros nez aquilin et sa dentition manquante, le choix était difficile. Cependant, ce n’était pas tant son physique qui dérangeait Ryden que la sensation qu’il dégageait. Même endormi, le démon pouvait sentir que le vieillard avait quelque chose de louche sans pour autant être capable de l’expliquer.

Horrifié par la pensé qui s’insinua dans son esprit, il souleva lentement le drap qui les couvrait. Par cette action, il espérait sans trop d’espoir infirmer cette horrible pensée. Il regarda à contrecœur sous la couette, un frisson de dégoût le parcourut. Ce qu’il avait craint, c’était malheureuse produite. Il avait la preuve devant lui. Il n’osait même pas penser à tout ce qu’il avait pu faire avec. Mais de vilaines images s’insinuaient dans son esprit. Étaient-ce seulement son imagination pervertie qui lui jouait un très mauvais coup ou des brides de souvenirs ? Ryden ne voulait même pas le savoir. En moins de temps pour le dire, le démon avait pris ses jambes à son cou et était sorti de l’appartement en claquant la porte. C’est nu comme un ver qu’il se fit arrêter dans une des rues achalandées de Paris. Il avait dû inventer une histoire abracadabrante afin d’expliquer sa nudité auprès de ses collègues policiers, trop honteux pour dire la vérité.

********

A ce souvenir un frisson le parcourut à nouveau. Quel fut son soulagement quand il constata une forme féminine près de lui lorsqu’il vira sa tête dans l’autre sens. Le démon l’observa quelques secondes. Elle semblait s’être assoupie dans le vieux fauteuil, mais en se redressant, elle se réveilla aussitôt. Tous les deux se regardaient sans qu’aucun ne brise le silence qui régnait dans la pièce.

* N’est-ce pas la femme qui était dans le ballon captif ? Pourquoi semble-t-elle à la fois inquiète et soulagée ? *

Suspicieux, il laissa son regard parcourir la pièce. Au même moment, la compresse sur son front décida de tomber. Il ne l’avait pas senti jusqu’à présent. À dire vrai, il se sentait tout drôle. Il avait l’étrange impression d’avoir l’esprit pris dans un épais brouillard. C’est seulement en additionnant tout ce qui trainait non loin d’eux qu’il comprit qu’elle l’avait aidé. Elle n’aurait pas fait tout cela, si elle lui avait voulu du mal. À cette constatation, ses muscles se détendirent.

- Qui êtes-vous ? Que s’est-il passé ? Où suis-je ? J’ai dormi pendant combien de temps ?

N’en pouvant plus d’être dans ce lit, il décida de se lever. Cependant, il n’alla pas très loin avant de s’effondrer sur le plancher froid. Dans sa chute, il se cogna la tête sur l’accoudoir du fauteuil. C’est à ce moment qu’un déclic se fit dans son cerveau. Toujours à terre, il se mit à penser à voix haute.

- Faiblesse, déshydratation, de l’hypermétropie, sècheresse oculaire, sensibilité à la lumière,  perte de mémoire… Puis, il regarda dans les yeux de la femme. On m’a drogué, n’est-ce pas ? Une surdose ? Vous l’avez fait ?... Non, elle ne m’aurait pas prodigué des soins… à moins par mauvaise conscience. Impossible, le temps d’administration ne coïncide pas... .

Ce n’était pas évident de suivre sa pensée. Il parlait non seulement rapidement, mais quand il posait des questions, c’était difficile de savoir à qui il la posait. Finalement le silence revint et étrangement la pièce sembla se refroidir. Il se dégageait maintenant du démon une froideur et une fureur meurtrière.

- Les filles ? Oui.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeJeu 22 Oct - 18:26

Il frissonna assez violemment, ce qui sembla l’éveiller. Le démon la regarda un long moment. Aucun d’entre eux ne parla, puis, d’un coup, il prit la parole, après avoir parcouru des yeux la pièce. Eglantine voulut lui répondre, mais, trop tard, il se leva, très vite. Elle voulut le retenir. Trop tard, il tomba, s’effondrant sur le plancher, se cognant au fauteuil.
Inquiète, elle s’accroupit près de lui, avant de s’appuyer sur ses genoux. Il risquait de s’être assommé ! Elle fut vite rassurée. Il parlait, monologuait même presque. Il semblait pris dans ses pensées. Elle soupira discrètement de soulagement : il ne délirait plus. La dryade avait réussi son travail. Lorsqu’il se tut, elle lui sourit, malgré le froid de la pièce.

- Du calme … Je m’appelle Eglantine Jocor. Je suis connue sous le nom de la Rose Blanche au Cabaret du Lost Paradise. On s’est retrouvés ensemble dans un ballon captif il y a quelques heures. Je ne sais pas d’où vous arriviez, mais manifestement, vous aviez été drogué monsieur Haesmar. Pour moi, c’est du datura, et cela aurait pu être mortel. C’est votre composition qui vous a sauvé je pense. Dans le ballon, vous m’avez, comme vous venez de le faire, soupçonnée de vous l’avoir administré, parce que j’ai deviné ceci. Je peux vous assurer que ce n’est pas moi ; si j’ai pu deviner ce que c’était, c’est car je suis …

Elle hésita. Ce n’était pas une chose facile à dire, mais il était comme elle.

- … Je suis une dryade. Là d’où je viens, j’étais guérisseuse. J’ai tenté de vous calmer, mais vous avez tenté de me tuer. Vous avez commencé à délirer, et c’est là que j’ai compris que vous étiez un démon. J’ai juste, n’est-ce pas ? Un homme vous a assommé alors que vous vous cachiez sous les jupes de sa femme. Je vous ai fait boire des plantes qui font dormir, et je vous ai amené ici. Nous sommes à Montmartre, dans l’appartement de mon cousin Emile, qui n’est pas là actuellement. Je vous ai fait boire des tisanes, pour vous endormir, vous calmer, enlever la fièvre et la douleur, et les toxines de la plante. Vous avez également mangé une mixture de ma composition pour faire passer vos hallucinations. Manifestement, ça a marché. Je vous ai aussi lavé, à l’éponge, ce qui explique votre tenue. Il est dix-sept heures légèrement passées. Vous avez dormi trois grosses heures. Vous risquez d’avoir très soif, c’est normal.

Elle se tut, toujours souriante.

- Vous pouvez rester ici autant que vous le voulez. Par contre, vous seriez mieux sur le lit, ou le fauteuil. Vous avez besoin de reprendre des forces, et je ne suis pas sûre que le plancher soit des mieux adaptés. Si vous avez faim, il y a de la soupe. Elle est pour vous.

Appuyé sur ses genoux, elle se remit sur ses pointes, prête à se lever s’il le faisait aussi.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMar 27 Oct - 1:21

Se trouvant toujours sur le plancher froid, Ryden écouta les paroles de la belle sans l’interrompre une seule fois. À dire vrai, il espérait que les informations qu’elle lui disait feraient resurgir quelques souvenirs. Lorsqu’elle mentionna sa tentative de la tuer, il ne put réprimer un sourire. Il se reconnaissait bien dans ses dires. Le démon arriva même à se remémorer la scène en partie. Il revoyait son maître lui ordonner de pousser Églantine dans le vide. Fort heureusement pour tous les deux, quelqu'un l'en avait empêché juste à temps. S'il ne l'avait pas fait, l'histoire se serait terminé légèrement différemment. Mais la scène avec la jupe de la femme ne lui disait absolument rien. Il se connaissait suffisamment pour savoir qu’il aurait très bien pu faire cela, il avait même déjà fait pire. Cependant, sa mémoire lui donnait des fragments différents. Tout ce qu’il réussissait à se souvenir était l’hideux sourire de satisfaction de Lilith. Préférant oublier cette partie, il se focalisa sur autre chose.

- Le datura, vous dites ? Il fit une pause afin d’analyser ses symptômes. Vous avez bien raison de la soupçonner. Cette maudite plante aurait pu être la cause de mon délire. Vous êtes douée, ma chère, même si je suis convaincu qu’être une dryade vous a aidé.

Commençant à ne plus sentir son sublime fessier, il décida qu'il était temps de se relever. S’aidant du mobilier près de lui, il s’assit sur le lit tout en se couvrant d’une couverture. Non pas qu’il se sentait soudainement pudique (bien au contraire), mais il tentait plutôt de se réchauffer. Par la même occasion, il reprit un air plus chaleureux et honteux à la fois. Ce qui était tout à fait feinté.

- Quand j'y repense je peux me compter chanceux de vous avoir eu à bord de cette attraction. Et veuillez pardonner mon mauvais comportement sur le ballon captif. J’ai dû être la cause de beaucoup de frayeur. Pour cela, je m’en excuse profondément. Je fais rarement confiance aux gens et sous les effets de la drogue, j’ai une tendance à être légèrement paranoïaque. J'espère que je ne vous ai pas trop traumatisé, my lady.

Bien sûr, ce n’était que des paroles en l’air. Il n’excusait nullement son comportement, mais il devait se montrer sympathique envers la dryade. Elle ne le connaissait pas et il pouvait facilement tout mettre sur l’effet de la drogue. Et sachant très bien que peu de monde lui serait venu en aide surtout après l’avoir presque tué, il devait la garder de son côté. Elle pourrait lui être à nouveau utile. C'était aussi en partie pour cette raison qu'il n'avait pas parler de sa théorie du comment il avait été drogué. Le démon savait qu'il ne réussirait pas à cacher totalement la noirceur en lui s'il abordait le sujet. Et puis, ça ne la regardait pas après tout. C'était son problème. Un problème qu'il allait arranger dès qu'il en aurait la force.

- Je vous suis très reconnaissant pour tout ce que vous avez fait, surtout en sachant que je suis un démon. La mauvaise réputation qui nous précède fait qu'il n'y a pas beaucoup de légendaires qui nous viennent en aide. Je vous suis donc redevable pour votre gentillesse. Si jamais vous avez besoin d’aide, vous n’aurez qu’à me le faire savoir. Vous n’aurez aucun mal à me trouver à la morgue, sinon aller voir le Commissaire Voelsungen. Il saura me retrouver, il y arrive pratiquement toujours à mon grand malheur.

Sa dernière phrase laissa pointer un certain mécontentement. Puis, il préféra changer de sujet.

- Si cela ne vous dérange pas, je vous prendrai un bol de soupe. Le fumet me ferait saliver si je n’étais autant déshydraté.

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMer 25 Nov - 17:24

Elle l’écouta en souriant. Se rendait-il seulement compte que si elle l’avait sauvé, c’était aussi pour son propre intérêt ? Pas sûr … En effet, elle avait eu peur que le démon, se dévoilant, ne la mette avec lui dans l’embarras, et les fasse tous deux mener derrière les barreaux, ou pire. Non, évidemment, non, il ne devait pas y penser. Elle lui sourit. Il est vrai qu’il avait eu de la chance qu’elle soit là, car, même si elle l’avait fait pour elle peut-être plus que pour lui, le résultat était là, pareil : il était vivant et libre. Pour un démon drogué au datura ayant fait une crise devant des civils, c’était plutôt bien. Il s’était couché et recouvert. La vue des corps ne la dérangeait évidemment pas, tant que c’étaient des corps de malades. Il la remercia, et elle leva la main en souriant en remerciement.

- C’est normal, ne vous en faites pas. C’est … mon travail, après tout. Ce n’est pas la nature des malades qui doit y changer quoi que ce soit.

Il demanda de la soupe. Elle sourit.

- Ne vous en faites pas. Elle est pour vous. Je vais vous en chercher. Vous pouvez boire en attendant si vous voulez. Vous avez de l’eau près de vous. Il vous faut beaucoup boire. Le datura vous a complètement déshydraté. Boire, et vous reposer.

Tout en lui disant ceci, et s’était levée, et remplissait un bol en mail blanc et bleu de plusieurs louches de soupe fumante, qu’elle lui apporta, accompagnée d’une cuillère.

- Malheureusement, je n’ai pas de pain à vous proposer … J’espère qu’elle n’est pas trop fade.

Elle lui donna le bol.

- Bon appétit.

La dryade lui sourit, et se rassit non loin. Elle le laissa commencer, puis lui dit :

- Ainsi, vous travaillez à la morgue ?


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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeMar 22 Déc - 2:01

Assit en indien sur le lit, Ryden parlait à Eglantine alors qu’elle était partie lui servir de la soupe.

- J’ignore ce que vous m’avez administré, mais vos mixtures sont très efficaces. Ayant déjà expérimenté le datura auparavant, je connais les désagréments qu'elle procure. Je sais aussi que je devrais être encore en train d’halluciner. Même à plus faible dose, elle reste une plante hallucinogène puissante. J'en ai consommé une fois, il y a longtemps de cela, et j’avais espéré ne plus jamais subir ses effets. Et par expérience, je puis vous assurer qu’être dans une bibliothèque remplie de parchemins et de torches quand on est sous son emprise, cela ne fait pas un très bon ménage. Non seulement j’ai failli brûler vif, mais en plus, les historiens continuent encore de parler de cet événement. Impossible d’oublier cette erreur de jeunesse… Qui aurait pu croire qu'on continuerait encore aujourd'hui à parler de la bibliothèque d’Alexandrie ? Il s’arrêta un instant, le temps de vider le verre d’eau qui trônait sur la table de chevet. Par contre, j’ignore ce qui est le plus désagréable entre l’amnésie, la soif extrême et ce problème de vision. Je me souviens, la dernière fois, il m’avait fallu plusieurs jours pour ne plus ressentir ses effets secondaires.

Lorsque la dryade revint avec le bol fumant, le démon la remercia tout en lui retournant son sourire. Il ne se fit pas prier, il engloutit tout le contenu le temps de le dire. Il sentit la soupe chaude descendre et lui faire un grand bien.
Au moment où il déposa le récipient, sa vessie lui envoya l'ultime signal d’alerte. Tous les liquides qu’il avait ingérés menaçaient maintenant de la faire exploser. Évidemment, elle ne s’était pas remplie instantanée. Elle lui envoyait des messages depuis son réveil, mais il les avait tous ignorés. Ne pouvant plus faire la sourde oreille, Ryden se leva et se dirigea vers la salle d’eau d’une démarche chambranlante. Il ignorait si ses jambes allaient être capables de le supporter, mais il se doutait qu’Eglantine préférerait ne pas l’aider pour sa petite besogne. Une fois arrivé à destination, il fit ce qu’il avait à faire tout en parlant.


- En effet, je travaille principalement à la morgue, mais parfois les hôpitaux demandent mon expertise. Voyez-vous, je suis toxicologue. Tout ce qui est toxique est pour moi une passion. Certaines personnes doivent même dire que je suis moi-même une toxine… Un fait que j’aurais beaucoup de mal à contredire.

Il ne put réprimer un rire, mais celui-ci s’éteignit rapidement. Sentant ses jambes trembler de plus en plus, il savait ce que cela voulait dire.

- Je crois qu’un peu d’aide pour retourner au lit ne serait pas de refus.

De retour sous la couette, il s’installa confortablement. Tous les efforts qu’il avait faits lui avaient demandé beaucoup d’énergie, il se sentait vider à présent. Il regarda sa sauveuse, mais avant même de s’en rendre compte, il se rendormit. Lorsqu’il se réveilla quelques heures plus tard, il appela Eglantine deux fois, mais seul le silence lui répondit. Le démon ignorait où elle pouvait être, mais supposa qu'elle avait eu d'autres obligations ailleurs. Il décida que c’était le meilleur moment pour s’éclipser. Il savait qu’il n’était pas complètement rétabli, mais il n’en pouvait plus de cette inactivité. Et puis, il n’avait jamais fait un très bon patient. Se sentant suffisamment en forme, il partit ainsi en laissant un chaudron de soupe vide et une note illisible sur la table.  

HRP:

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MessageSujet: Re: S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889)   S'envoler [pv Ryden Haesmar] (1889) I_icon_minitimeVen 22 Jan - 10:44

Elle l’écouta tout en lui remplissant un bol de soupe fumant, qui l’aiderait à se revigorer. Elle rit même lorsqu’il mentionna la bibliothèque brûlée. Son humour un peu grinçant lui plaisait, même s’il lui paraissait être quelqu’un d’assez agaçant. Elle le regarda boire sa soupe, manifestement avec un certain plaisir, et sourit, assise sur le fauteuil, face à lui, en tailleur.
Lorsqu’il se leva, elle se leva avec lui, sans le suivre, mais inquiète de sa démarche. Il ne devait pas bien y voir, sa tête devait tourner, et ses jambes trembler. Elle se doutait qu’il allait aux toilettes, et ne comptait pas l’y suivre, mis comptait bien pouvoir l’assister si besoin était, s’il s’effondrait. Il continua à lui parler de là-bas. Toxicologue hein ? Elle sourit, et se sourire s’élargit lorsqu’il fit un petit trait d’autodérision, et secoua la tête légèrement, ce qui s’arrêta immédiatement lorsqu’il l’appela à l’aide. Elle alla le rejoindre, et passa son bras sur ses épaules, le soutenant. Il lui paraissait tout léger, bizarrement, par rapport à l’instant où elle avait dû le porter, seule, lorsqu’il était assommé par les effets conjugués du datura et du coup à la tête. Elle sourit. Lorsqu’il se retrouva au lit, elle l’aida à se couvrir, et lui parla un peu du datura, lui confirmant qu’il lui faudrait quelques jours. Puis, elle le regarda, et le vit endormi. Un sourire tendre parcourut son visage. Une personne endormie avait toujours quelque chose de jeune et d’un peu innocent sur le visage, ce qui était très certainement dû à la détente des muscles faciaux, qui ne laissaient plus transparaitre autre chose qu’un certain apaisement tant qu’on ne rêvait pas.
Eglantine se mit alors à fredonner doucement, tout en finissant de ranger l’appartement. Elle fit en sorte que la soupe puisse rester chaude, avant d’arranger autour de lui les couvertures, afin de s’assurer qu’il ne puisse attraper froid. Après cela elle se couvrit, et partit. Le Lost l’attendait : il fallait qu’elle assure son numéro ce soir.

La jeune fille se pressa dans les rues, sous les flocons, afin de ne pas être en retard. Évidemment, elle avait pensé à lui laisser un mot, mais elle s’était aussi dit qu’il n’en avait pas besoin. Il saurait très bien se débrouiller seul, et elle lui avait dit qu’il pouvait rester. Elle ne fut pourtant pas surprise lorsqu’elle trouva la pièce vide le lendemain. Elle sourit, refit le lit, lava la marmite, qu’elle rangea, et donna un dernier coup de plumeau. Au moins Emile trouverait l’appartement propre et rangé à son retour.

La dryade boutonna son manteau, resserra son écharpe, et retourna au cabaret, tout en se demanda si et quand elle recroiserait cet étrange numéro que semblait être Ryden Haesmar.

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